No pasaran, 2016
Huile et fusain sur toile, 146 x 114 cm

Biographie

Née en 1986, vit et travaille à Tours (Indre-et-Loire)

« Parce qu’une foule d’histoires peuple son imaginaire, Marie-Anita Gaube a fait très tôt le choix de la peinture dans son versant le plus figuratif. Depuis ses débuts en 2012, l’artiste développe une œuvre picturale vivante et colorée, vibrant de mille détails qui se déploient sur les grands formats qu’elle privilégie pour mieux nous immerger dans son monde. Un monde édénique où tout semble n’être qu’un appel aux joies de l’existence : nature luxuriante, palmiers et oiseaux de paradis, cascades féériques, lacs transparents et bains de soleil, constituent le cadre récurrent de scènes idylliques.

Sous ces cieux sans nuage règne pourtant une profonde intranquilité. Les compositions mouvementées et les rythmes chromatiques ne laissent jamais le regard en repos. Ne craignant pas le trop plein, la peinture déborde d’événements ou de détails inattendus dans chaque recoin de la toile.

Comme l’artiste aime le souligner, chacun de ses tableaux en contient toujours plusieurs. Elle semble faire de cette hétérogénéité la matière même de ses compositions dynamiques qui relient les personnages, les objets, les motifs colorés ou les paysages dans un faisceau de narrations enchevêtrées. La surface de la toile devient le lieu de coexistence d’univers multiples. Il peut y faire simultanément jour et nuit. L’espace de la maison s’ouvre au paysage, comme si les frontières entre intérieur et extérieur n’existaient plus. Les points de fuite se démultiplient, les différents plans se juxtaposent tels des écrans et s’imbriquent dans de complexes constructions qui déplient l’espace de la représentation.

En reliant ces mondes épars, Marie-Anita Gaube en accueille les contradictions et les tensions. Animée d’une indéniable énergie vitale, son œuvre semble aussi traversée d’inquiétudes plus souterraines. Quelque chose d’étrange émane de ces personnages saisis dans des postures aux tonalités obscures, de ces corps un peu perdus dans le paysage qui parfois les absorbe jusqu’à les faire disparaître. La présence de natures mortes posées comme des Vanités, de masques ou de statuettes hiératiques, résonne avec les préoccupations les plus archaïques d’une humanité confrontée à sa finitude.

Dans la galerie noire du CCC OD, l’exposition Odyssées nous mène dans l’exploration du monde inventé par Marie-Anita Gaube, qui nous aide peut-être à aborder le nôtre différemment. Ses œuvres ne sont pas que des rêves lointains, elles empruntent aussi à une réalité partagée que nous reconnaissons par bribes. Pour l’artiste, ses peintures sont des hétérotopies, telles que les définissaient Michel Foucault : des « espaces autres » inscrits dans la réalité plus que dans un rêve utopique. Habiter son imaginaire n’est pas une stratégie de fuite ou de repli, mais bel et bien une réponse au monde qui nous entoure. »

Odyssées, texte de Delphine Masson
Pour l’exposition de Marie-Anita Gaube au CCC OD de Tours, 2020

 

Born in 1986, lives and works in Tours (Indre-et-Loire)
 

“Due to so many stories fuelling her imagination, at an early stage Marie-Anita Gaubechose painting in its most figurative dimension. Since the very outset in 2012, the artist has produced bright and colourful paintings, buzzing with a myriad of details that unfold on her favoured large formats, immersing viewers in her world to the maximum. An Edenic world where everything seems to serve as a reminder of the joys of being alive: lush environments, palm trees and birds of paradise, fairytale like waterfalls, transparent lakes and sun loungers form the recurring settings of idyllic scenes.

However, a sense of restlessness reigns beneath these cloudless skies. There is no respite for the eyes with the hectic compositions and chromatic rhythms. Braving excess, the painting is over owing with events and unexpected details covering every inch of the canvas.

As the artist likes to point out, each of her paintings always incorporates several of them. She appears to make this heterogeneity the very substance of her dynamic compositions linking people, objects, colourful patterns and landscapes in entwined stories that converge. The surface of the canvas is home to a multitude of co-existing universes simultaneously featuring day and night. The inside space of the house opens out into the landscape, as if the boundaries between inside and outside were non-existent. Vanishing points multiply, various planes are juxtaposed like screens and merge into complex constructions that extend the portrayal space.

By linking these disseminated worlds, Marie-Anita Gaube accommodates contradictions and tensions. Imbued with perceptible vital energy, more hidden concerns seem to pervade her work. Something strange emanates from these people captured in positions with obscure purposes, these bodies that are a little lost in the landscape absorbing them at times to the point of concealment. Still lifes laid out like vanitas, masks and hieratic statues resonate with the most archaic concerns of a humanity facing its finitude.

The exhibition Odysseys, in the black gallery at the CCC OD, takes us on an exploration of the world invented by Marie-Anita Gaube, perhaps encouraging us to address ours differently. Her works are not just distant dreams, they also draw upon a shared reality of which we recognise snippets. For the artist, her paintings are heterotopias, as Michel Foucault elaborated: ”spaces that are other“, enshrined in reality rather than a utopian dream. Living in her imagination is not a means for escape or withdrawal, but in fact a response to the world surrounding us.”

Odysseys, text by Delphine Masson
For the exhibition of Marie-Anita Gaube, CCC OD, Tours, 2020
Translated by Louise Jablonowksa

Site internet et réseaux sociaux

Site internet : https://www.ma-gaube.com
Source

Documents d'artistes Auvergne-Rhône-Alpes - Partenariat Centre national des arts plastiques / Réseau documents d'artistes et Galerie Françoise Besson

Dernière mise à jour le 15 novembre 2023