MARC PATAUT / HUMAINE

En invitant Marc Pataut, le CRP réalise un des objectifs de son projet artistique et culturel : concevoir et produire un travail de recherche dans le temps avec des habitants sur le territoire de Douchy-les-Mines et de la Communauté d’Agglomération de la Porte du Hainaut.

Ainsi, pendant une durée de six mois, en relation avec le projet de commande photographique et l’exposition, des rencontres régulières avec l’artiste, au CRP et hors les murs, ont permis à un groupe de travail de se constituer. Ce groupe était composé d’acteurs socioculturels intéressés par cette démarche, à titre personnel et dans le cadre de leurs pratiques professionnelles. L’exposition TERRE, présentée du 8 mai au 24 août 2008,a permis aux habitants de Douchy-les-Mines de prendre connaissance de l’œuvre de Marc Pataut. Conçue par l’artiste qui a invité Gérard Paris-Clavel, graphiste, elle a été présentée sur deux sites : la galerie de l’ancienne poste du CRP à Douchy-les-Mines, et La Fabrique des Arts à Denain. Elle montrait l’engagement social des deux artistes ainsi que leur collaboration depuis plus de vingt ans. Une centaine d’œuvres de Marc Pataut ont été associées à près de quarante œuvres graphiques de Gérard Paris-Clavel.

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LA résidence de recherche

C’est dans la dynamique de cette recherche débutée en 2008, et par la collaboration des participants à l’exposition TERRE, que se développe le projet photographique intitulé HUMAINE. Autour de questions précises, il prolonge et approfondit, selon de nouvelles orientations, le travail de recherche de Marc Pataut sur le territoire de la Communauté d’Agglomération de la Porte du Hainaut :

•  une zone géographique déterminée par une histoire industrielle longue de deux siècles qui s’est achevée il y a une trentaine d’années. À dix ans de distance, la première fois entre 1998 et 2000 à Sallaumines, la seconde depuis 2008, à Douchy-les-Mines, l’artiste a été confronté, sans l’avoir consciemment cherché, à ce même territoire de l’ancien bassin minier du nord de la France. Les changements qui se sont opérés au cours de cette période de dix ans à peine, l’obligent, comme l’institution, à poser des questions et à devoir proposer des réponses différentes à des situations territoriales et sociales qui, à un premier regard, paraissent être restées, en grande partie, semblables et comme immuables. La production de tracts qui accompagnait en 1999 le travail à Sallaumines est une forme qui n’est plus possible à l’artiste aujourd’hui, même si le panoramique sur lequel ils ont été exposés, conserve toute son actualité. Cette forme correspond à une période historique et à une époque où le travail et l’engagement (Ne Pas Plier, APEIS, débuts de l’altermondialisme, etc.) sont toutes deux achevées.

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•  Le portrait : le projet se trouve être l’occasion de conduire une réflexion sur le genre du portrait dans l’histoire de la photographie et dans l’œuvre de l’artiste. Le genre du portrait est une constante formelle qui permet à l’artiste de proposer aux sujets — devenus modèles — de dialoguer non pas avec leur identité, socialement et géographiquement assignée ou prédéterminée, mais avec leur portrait projeté dans l’histoire de la photographie.

•  Le récit : l’importance accordée au portrait est une première réponse donnée à la perception de ce changement d’époque. Nécessaire, elle n’est pas suffisante. Restent posées les questions de la parole et du langage et, notamment, celle de savoir comment, aujourd’hui, produire une forme de récit efficace et actif. Souvent évoquée mais plus difficilement concrétisée, l’articulation entre l’anthropologie, le politique et l’art est notre hypothèse pour parvenir à une forme actualisée du récit.

 

HUMAINE, une exposition et une édition

L’exposition HUMAINE est conçue pour être itinérante dans les lieux partenaires du projet et est accompagnée d’un ouvrage du même titre. Après avoir été montrée au Centre Régional de la Photographie Nord Pas-de-Calais du 12 mai au 30 septembre 2012, elle sera visible à Clermont-Ferrand de novembre à février 2013, à l’artothèque de Caen et au Point du Jour, centre d’art éditeur à Cherbourg en 2013. Composée de plusieurs ensembles de travaux réalisés entre 1999 et 2012 avec notamment les séries « Du paysage à la parole », Sallaumines, Pas-de-Calais, et HUMAINE, Douchy-les-Mines, Nord, cette exposition rendra compte de treize ans de travail de Marc Pataut, photographe.

La série HUMAINE est issue d’un projet de création de Marc Pataut dans le territoire de la Communauté d’Agglomération de la Porte du Hainaut (CAPH). À la suite d’une série de rencontres entre l’artiste, les habitants et des acteurs socioculturels du territoire en 2008, il mène un travail de recherche en collaboration avec des femmes : trois habitantes de Douchy-les-Mines et un groupe d’une douzaine de femmes, algériennes et marocaines, du centre socioculturel AGATE d’Escautpont, qui se consacrent à l’apprentissage de l’écriture et à l’alphabétisation. Des portraits photographiques ont été faits. Ils sont accompagnés de la transcription d’entretiens sonores individuels réalisés par l’artiste avec les femmes : ce sont des histoires de vie.

•  Le portrait : le projet se trouve être l’occasion de conduire une réflexion sur le genre du portrait dans l’histoire de la photographie et dans l’œuvre de l’artiste. Le genre du portrait est une constante formelle qui permet à l’artiste de proposer aux sujets — devenus modèles — de dialoguer non pas avec leur identité, socialement et géographiquement assignée ou prédéterminée, mais avec leur portrait projeté dans l’histoire de la photographie.

•  Le récit : l’importance accordée au portrait est une première réponse donnée à la perception de ce changement d’époque. Nécessaire, elle n’est pas suffisante. Restent posées les questions de la parole et du langage et, notamment, celle de savoir comment, aujourd’hui, produire une forme de récit efficace et actif. Souvent évoquée mais plus difficilement concrétisée, l’articulation entre l’anthropologie, le politique et l’art est notre hypothèse pour parvenir à une forme actualisée du récit.

 

HUMAINE, L'édition

Parution de l’ouvrage HUMAINE, de Marc Pataut, à l’occasion de l’exposition éponyme au CRP. Ouvrage co-édité par Le Point du Jour éditeur, Cherbourg-Octeville, et le CRP, Douchy-les-Mines. Avec le partenariat de la Ville de Clermont-Ferrand, de l’Artothèque de Caen et du Centre national des arts plastiques, Paris.

Les deux ensembles de travaux documentaires autour desquels le livre doit se construire ont été produits sur des terrains et à des époques différents. Dix ans ont passé entre le premier et le dernier d’entre eux.  L’un des objectifs du livre est de montrer la parenté qui les unit. L’ouvrage cherche à dégager la cohérence des logiques artistiques et d’enquête ainsi que les procédures mises en place pour les réaliser.

Descriptif du livre : 26 x 29 cm, 160 pages, 124 pages de photographies en bichromie (photographies issues du projet HUMAINE - des portraits de femmes de Douchy-les-Mines et d’autres personnes sur le territoire de la CAPH suivies par des photographies du projet « Du paysage à la parole », Sallaumines, 1999), 28 pages de textes, broché avec rabats.

L’ouvrage comporte :

•  Un long entretien de Marc Pataut avec Philippe Roussin sur le sens de chacun des deux projets, sur leur mise en rapport et leur articulation à dix ans de distance, l’évolution qu’elle traduit, leurs proximités et leurs différences : par exemple, l’importance du choix du paysage à Sallaumines, le primat cette fois accordé au portrait et aux personnages féminins à Douchy-les-Mines. Le genre du portrait travaille, en effet, l’ensemble de l’œuvre depuis les premières images de l’Hôpital de jour (1981) et l’entretien doit permettre de faire venir au jour cette dimension, rarement évoquée. Il doit également porter sur le détail des procédures du travail documentaire mises en place et inventées dans chaque cas, dans chaque situation nouvelle, par l’artiste.

•  Un article sur le travail et l’anthropologie du féminin, liant les expériences de Sallaumines et celles de Douchy-les-Mines par l’anthropologue Véronique Nahoum-Grappe qui avait accompagné Marc Pataut lors de son premier travail il y a dix ans. Véronique Nahoum-Grappe travaille sur les formes contemporaines et sociales de la culture : l’esthétique du corps, les conduites d’excès et de dépendance, la violence et la cruauté, les rapports entre les sexes. 

•  Un texte de Jean-François Chevrier, historien et critique d’art, professeur à l’ENSBA, familier du travail de Marc Pataut depuis ses débuts.

•  Un texte de Pia Viewing, directrice du CRP.