Marc Hamandjian

"Figure Imposée 8"
Exposition
Arts plastiques
Centre d'art La Chapelle Jeanne d'Arc Thouars

Né en 1966, Marc Hamandjian a été confronté à une certaine idée du transport et à l’imagerie qui en a découlé. Comme beaucoup de quarantenaires, il a grandi avec ce qui apparaissait comme une conquête de la mobilité qu’on imaginait sans fin. Qui plus est, fils d’ingénieur aéronautique, Marc Hamandjian ne pouvait rester insensible à cette domination du temps et de l’espace, où la technologie se mettait au service du bien être et de la liberté.
Mais s’il s’est manifestement nourri de cette iconographie, il est loin de souscrire à l’idéologie dont elle est issue.
Car lorsque Marc Hamandjian conçoit et réalise, souvent par lui-même, des véhicules et des dispositifs de transport, ou plus exactement de « transportation », en référence à la télétransportation startrékienne, c’est pour mieux douter de cette idée progressiste d’un bien-être obtenu par une mobilité facile et immédiate. Ses voyages sont d’un autre ordre.
Ses véhicules sont la plupart du temps immobiles et utopiques. Non pas utopiques dans leurs intentions, mais dans leur forme et dans leur nature même. Et c’est sur l’absurde qu’ils se fondent plus que sur la performance.

En choisissant de diffuser les images de son expérience dans le Pays Thouarsais d’après une tour de projection dont l’esthétique se réfère clairement au monde ferroviaire, Marc Hamandjian se rappelle à la réalité d’un territoire où le chemin de fer n’est pas rien. Il pose dans la chapelle néo gothique une architecture issue du monde industriel, une architecture immobile, mais dont la fonction est de susciter et de contrôler le mouvement.
L’emplacement de la tour de diffusion, la projection étant dirigée vers l’entrée, ce qui fait que le visiteur lui fait face lorsqu’il pénètre dans la Chapelle, rappelle le motif du cyclope : un gros œil projetant de la lumière. Un gros œil pour nous permettre de mieux voir, mais aussi pour être aveuglé, ainsi que le fut Polyphère le Cyclope par Ulysse.
Car Marc Hamandjian ne vient pas faire tel ou tel constat d’un état des paysages du Thouarsais. On trouve ici comme ailleurs en France et en Europe, de belles et de moins belles campagnes, des zones urbaines et périurbaines, des zones commerciales et industrielles, autant d’espaces qui, « de l’Atlantique à l’Oural », pour rester dans le registre des 30 glorieuses, tendent à se standardiser.
Tout n’est qu’affaire d’échelle et de perception. Ce qui différencie un paysage aujourd’hui, c’est peut-être son échelle, la nature du regard que tel ou tel lui porte, bien plus que sa spécificité géographique.
Autrement dit, Marc Hamandjian ne vient asséner aucune vérité sociale, documentaire ou anthropologique. Tout au plus son dispositif contribue t-il à aiguiser notre regard et peut-être, par le truchement des images, notre sensation et notre degré de conscience.

Jean-Luc Dorchies
(texte extrait de la publication liée à l'exposition)

Artistes

Adresse

Centre d'art La Chapelle Jeanne d'Arc 2 Rue du jeu de Paume 79100 Thouars France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022