MANZWI AKAZVITAKURA / PREGNANT WORDS (Space for breeding and expanding commonalities of things to become)

Wallen Mapondera
Exposition
Arts plastiques
Galerie Mitterrand Paris 03
Vue de l'exposition "Manzwi Akazvitakura/Pregnant Words"

« Que la lumière soit », telles seraient les premières paroles de Dieu selon les Écritures. Cette déclaration est emplie d’une puissance artistique. Dieu a imaginé ce que serait la lumière. Il l’a prononcé, et la lumière est apparue. Puis, il a créé d’autres éléments tels que la terre, les végétaux, les animaux, en mentionnant simplement Son souhait, et il a pris vie. Dans mon cas, mes paroles prennent plus de temps pour se réaliser telles que je les aie imaginées, tout comme la grossesse prend du temps à parvenir à son terme. J’utilise fréquemment des boîtes d’oeufs dans mon travail, ce qui rappelle nécessairement son contenu, les oeufs. Pour moi, les oeufs fécondés ne sont qu’une autre forme parfaite de grossesse. Dans les bonnes conditions, ils finiront par éclore, et la grossesse s’achèvera par une naissance. Les mots sont puissants, que ce soit sous la forme de pensées, souhaits, rêves, objectifs ou imaginations. Ils servent de motivation dans la vie des gens. 

L'exposition Manzwi Akazvitakura/Pregnant Words a pour thème le retour d’idées ayant émergé de conversations, au sein d’un groupe ou individuellement. En réfléchissant à la façon dont nous avons été élevés dans ma famille, je dois reconnaître que j’ai bénéficié de ces idées. Ma mère et deux de ses amies avaient l’habitude de faire des napperons et d’aller les vendre dans les pays frontaliers, tels que le Mozambique, le Botswana mais surtout l’Afrique du Sud. J’étais jeune quand j’ai remarqué qu’en ce qui concernait la production, le trio faisait quasiment tout ensemble. Elles allaient acheter de la ficelle pour les napperons puis les crochetaient ensemble. Quand j’ai commencé à travailler sur la série « Madhoiri », j’étais plus intéressé par les histoires et l’incertitude que traversait ce trio lors des voyages. Le pire qui aurait pu leur arriver dans un pays étranger était de perdre leur vie ou l’argent pour lequel elles avaient beaucoup travaillé. Rien ne s’est passé pendant la période de sept années qu’a duré leur commerce de napperons. J’ai alors réalisé que leurs aventures ne commençaient pas dans le bus ou dans le train, mais au moment où elles choisissaient la date de départ. Elles fixaient des objectifs et des échéances durant les moments où elles prenaient le thé (Svutu-gadzike), lors de leurs marathons de crochet. Mais surtout, elles priaient pour être guidées et protégées (Shield). 

Je me souviens très bien du sentiment de l’attente du retour de ma mère, car je savais qu’elle nous ramènerait de nombreux petits cadeaux. Mais leur voyage ne se terminait pas quand elles étaient de retour à la maison. Elles devaient ici faire davantage d’aller-retours en raison de leurs responsabilités parentales. Grâce au travail acharné de mes deux parents, mes frères, mes soeurs et moi-même avons pu être correctement vêtus, nourris et scolarisés. Cela était certainement moins que ce qu’ils souhaitaient pour nous, mais c’était la norme. Je m’intéresse aux espaces de reproduction et projection d’idées et à la façon dont les gens sont proactifs vis-à-vis de leurs pensées par le biais d’affirmations verbales et d’actions. « Collar & Chakafukidza Dzimba Matenga » est une réflexion sur le secret et le choix de partager, avec qui et comment, les interrogations de l'esprit, que ce soit autour d’une bière, d’un thé, ou 

lorsqu’on est coincé dans une longue file d’attente. En somme, l’exposition se concentre sur ce qui permet aux idéologies de se développer, ainsi que sur les espaces qui les accueillent organiquement. 

— Wallen Mapondera 

Complément d'information

Vernissage le jeudi 9 novembre 2023

Artistes

Horaires

Ouvert du mardi au samedi 11h - 19h
Lundi sur rendez-vous

Adresse

Galerie Mitterrand 79 rue du Temple 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 2 janvier 2024