Mac Adams: Gone from my sight

Exposition
Photographie
gb agency Paris 03

Gone from my sight est un hommage à la photographie: une photographie qui témoigne de la complexité et de la fragilité de la nature humaine; une photographie qui décode et rend intelligible la réalité mais aussi qui a le pouvoir de créer de la ction et susciter du désir ; une photographie vivante et subjective, spectatrice du passage du temps vers l’oubli, mais aussi objective, indice précieux d'une énigme; une photographie qui dénonce les injustices sociales, rend compte et éveille les consciences mais aussi qui, malgré elle, produit un système d’exclusion et de phobies.

Gone from my sight rend compte de la richesse du travail de Mac Adams: de ses premières recherches avec la série des Mysteries, diptyques noir et blanc des années 70, oeuvre centrale de l’histoire de la photographie narrative, à son installation Cartography of a Crime dans laquelle l'association de plus de 2000 images d’archives recrée un paysage cognitif et social; des premières expérimentations entre sculpture et photographie avec les Fragments de 1981, récits ctionnels ou éléments de preuve, jusqu’à la dernière série d’images intitulée Liminal Body qui dessine les contours d'un état entre deux, où l’image s’efface avant de renaitre. En n la dernière installation, conçue en 1981 et réalisée pour la première fois aujourd’hui, The Last Waltz, crée par l'association d'un texte et de musique, offre une expérience à la fois temporelle, sensorielle et spatiale.

L’exposition témoigne d’une oeuvre qui ne se ge jamais mais au contraire invente et questionne continûment les différents seuils, entre mediums, moments et réalités. Gone from my sight est un hommage plus existentiel à la photographie parce qu’elle révèle la fulgurance de la vie; en saisissant le moment elle atteste que son sujet a été vivant et suggère qu’il est déjà mort.

Extrait d'un entretien avec Mac Adams réalisée par le conservateur Luiz Gustavo Carvalho:

LGC: A travers vos oeuvres nous sommes tentés de tirer un récit à partir de ce que l’on voit. Cependant dans vos dernières pièces, la narration atteint une dimension poétique singulière. Quelle est la place du vide narratif dans la série The Liminal Body?

MA: Intéressant, quelle est la relation entre les oeuvres relatives au vide narratif et celles de la série The Liminal Body? Comme mentionné précédemment le vide narratif vient du cinéma et de l’effet de collage. Quand au concept de Liminal Body il vient du mot latin limin, signi ant le seuil et se rapporte à un état d'entre deux, qui peut être un endroit, un temps, une situation, un état. C’est une position au milieu où des transformations se produisent, des transformations qui peuvent être alimentées par des contradictions et des ambiguités. Nous expérimentons ces états liminaux de façon continue sans les reconnaitre conceptuellement, transitions entre se souvenir et oublier. Dans les oeuvres Black Leather et The Red Dress on peut voir des images de belles femmes se transformer en criminelles parce que la société refuse de reconnaitre les transgenres. La couleur grise qui est au centre de la transition conceptuellement contient les deux images. Dans Gone from my sight on retrouve le point de vue d’une personne dans un lit d’hopital regarder un paysage magni que qui se transforme en un monochrome vert, la couleur de la renaissance. Nous expérimentons ces états liminaux de façon continue sans les reconnaitre intellectuellement, les passages entre le souvenir et l’oubli. La colère et l’amour, la main et le corps, comme dans Touch.

LGC: Par la densité de vos travaux récents, The Liminal Body, la construction du récit donne place à une re exion philosophique sur la nature éphémère de la mémoire. Le corps chrystalise la possibilité de transcender un temps et espace spéci que...

MA: Je dirais que l’oeuvre Mutilation parle de cela. Cette photographie montre un jeune garçon, debout sur une pierre regardant un homme plus agé, sans doute son père. La tête de l’homme a été découpée de façon assez brutale. C’est une photo d’époque des années 30/40’s. Cette image résonne dans mon histoire de façon personnelle car je n’ai jamais pu voir le visage de mon grand- père car ma grand-mère a effacé tous ses visages des images existantes. C’est une image sur laquelle on pourrait écrire des thèses. Juste en la montrant à quelques personnes autour de moi j’ai déjà reçu un vaste spectre de motifs spéculatifs et de responsables potentiels. Je pense que l’on peut la lire comme l’amour qui se transforme en haine. L’enfant n’a pas été altéré et je pense que ce geste vient d’une femme, possiblement la mère de l’enfant et la femme de l’homme. C’est le pouvoir de la photographie d’être un témoin silencieux pour se diriger vers les seuils liminaux de l’oubli.

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Dernière mise à jour le 28 janvier 2020