Luciano Figuereido peintures et Susana Dobal photographies Déplacement

Deux brésiliens à Nice
Exposition
Arts plastiques
Galerie Depardieu - 06300 Nice

Susana Dobal

LE MONDE SECRET DE LUCIANO FIGUEREIDO Luciano Figueiredo crée patiemment, tel un logicien construisant un argument, un univers pictural clos et cohérent constitué de formes, de surfaces, et de couleurs dans leurs rapports réciproques. L’observateur attentionné ne manquera pas de percevoir l’activité effrénée dans ce monde de plans, de pleins, de vides qui vivent leurs palpitantes relations tantôt commensales, tantôt symbiotiques ou co-dépendantes. Seuls les rapports hiérarchiques sont absents, peut-être proscrits par la réglementation interne. L’entreprise picturale de Luciano Figueiredo se base sur une réflexion rigoureuse. Chaque tableau démontre sa volonté de faire de la peinture sans liens avec le monde des apparences extérieures, et n’ayant rien de commun avec celle qui découle de la conception figurative. Ce parti pris insère Luciano Figueiredo dans une tradition moderniste de peinture non objective. Si l’art concret a nourri sa réflexion, il n’est pas néanmoins un suiveur intégriste de ce mouvement qui affirmait que l’œuvre d’art « doit être entièrement conçue et formée par l’esprit avant son exécution » car il raconte volontiers le processus qui l’amène à composer son tableau avec des formes redéployées par tâtonnements successifs. Pas intégriste, Luciano Figueiredo est un pratiquant très intègre de cet art qu’on étiquette d'abstrait, non figuratif ou non objectif. Les signataires du manifeste Base de La Peinture Concrète prétendaient que le tableau « n’a pas d’autre signification que lui-même. » Cette définition pourrait aussi bien s’appliquer à l’oeuvre de Luciano Figueiredo si l’intégrité de son système de peinture n’était pas le garant d’une excitation visuelle qui semble d’emblée niée par cette description presque tautologique. La prémisse régulatrice de ce système structuré par des règles qu’on devine au fil du regard se résume: pas d’illusionnisme. Bannies les techniques de re-représentation du monde. Que se passe-t-il dans ce cosmos constitué exclusivement de toile et de couleur ? Autant d’événements qu’on prendra la peine d’observer. Certains sont purement optiques : les juxtapositions de couleurs qui confondent la rétine et nous démontrent la réalité des théories de Johannes Itten. D’autres sont physiques : l’absorption du pigment par la toile va influencer la matière et faire en sorte qu’elle se rebiffe plus ou moins du plan pictural. Soumises à la lumière, ces projections créent des ombres. À force de faire le va-et-vient entre les données d’apparence si simples et les expériences sensibles multiples, on est vite dépassé par les événements, et voilà tout le secret d’un art discret et pudiquement ambitieux. Rachel Stella Saorge, Avril 2009 Susana Dobal : « Déplacement » La photographie, art admiré de tous, se caractérise par la captation de moments, de tendances et d'identités. Au cours de sa courte histoire, (seulement 160 ans !) la photographie a connu plusieurs changements technologiques. Avec l'informatisation et la digitalisation, l'altération et le traitement photographique sont devenus accessible aussi bien au professionnel qu'au public. Cela offre au spécialiste une plus grande possibilité d'options pour réaliser ses œuvres. Cette évolution a influencé le travail de Susana Dobal, artiste brésilienne, qui n'employait initialement que le processus argentique. A partir de «Déplacement», sa dernière création, présentée à la galerie Depardieu dans le cadre de l'exposition « deux artistes brésiliens à Nice », elle utilise un logiciel pour insérer des textes dans ses images. Professeur depuis 1989 au département «Audiovisuel et Publicité», à l'Université de Brasilia, boursière du Ministère de L'éducation (CAPES- Brésil), l'artiste, à travers son travail de photographe, présente non seulement les comptes rendus de ses voyages mais un agrandissement de la vision de l'espace observé. L'insertion de textes dans les images, permet de comprendre ce processus avec plus précision. Leur rédaction ajoute à la captation de l'image, la perspective de l'artiste qui évite ainsi une possible ambiguïté d'interprétation que la photo pourrait donner. Son précédent travail « Outre Mer » avait été traité par l'artiste de la même façon non pas comme un instantané, mais comme un montage, une interprétation d'un moment capté. Cette précédente exposition se focalisait sur les divers regards étrangers portés sur le Brésil à travers des œuvres réalisées au Portugal. Après la période coloniale et suivant la modification actuelle d'une vision trop « eurocentrique », Susana Dobal nous propose une inversion du regard des pays d'Amérique Latine, une reconstruction de cette vision. Cette même démarche se retrouve dans « Déplacement », série réalisée pendant l'année de son séjour en France, objet de la présente exposition. Elle a choisi des scènes diverses, telles qu'une sélection de bavardages entendus dans la rue, d'annonces lues sur des affiches publicitaires ou dans des revues. La liaison des textes et des images se fait à travers des phrases qui paraissent d'abord aléatoires. La présence résurgente du ruban bleu d'une photo à l'autre, représente une tentative d'unité entres voix, lieux et personnages, liant l'image au texte. Les photos intercalées de déplacements proprement dits, de voyages en train, contrastent avec l'immobilité des autres photos, la légèreté du ruban et les textes figés dans la pierre. Parfois, pour le montage avec le ruban bleu, parfois pour l'utilisation des images, les photographies évoquent une énigme faite d'une combinaison entre l'informatique et la vision d'artiste sur un point déterminé. Le résultat de cette analyse est affaire de mélange entre texte et image, dans laquelle il n'y a pas seulement constat, mais aussi une interaction au delà de la photographie, où a l'insertion de références culturelles, de coutumes, en exigeant un peu plus du spectateur pour une meilleure interprétation. Marcella Ruiz Lopez

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Galerie Depardieu - 06300 6, rue du docteur Jacques Guidoni 06000 Nice France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020