Biographie

Lothar Hempel puise son inspiration dans l’histoire allemande, dans la New Wave californienne, dans la tragédie grecque, dans la culture païenne, dans la musique, le cinéma. Ce qui lui importe n’est pas tant la référence en tant que telle et prise pour ce qu’elle est ou ce qu’elle véhicule dans la société occidentale contemporaine mais plutôt une sorte de réappropriation de ces images, de ce réel afin de le faire circuler dans son univers et de se l’approprier. Ses œuvres sont chargées émotionnellement et plutôt que de nous livrer tel quel un concept de départ, elles nous placent face à un souvenir qu’on aurait oublié ou perdu et que nous sommes sur le point de retrouver,  engendrant ainsi tout un possible d’interprétations propres à chacun dans une sorte de cheminement entre réalité et rêve. Lothar Hempel crée une cosmogonie complète avec ses figures, ses objets et son environnement dans lequel il confond le verbal et le visuel et combine presque violemment des médiums auparavant distincts.

Car les peintures de Lothar sont comme maltraitées et deviennent une réminiscence du vandalisme urbain. Elles font à la fois référence aux panneaux publicitaires et en même temps elles ont leur propre histoire, leur propre récurrence. Les personnages crées par Lothar Hempel n'appartiennent à aucune narration ponctuelle. C'est un peu comme s'ils avaient toujours été là, depuis le début, mais qu'ils vivent et survivent dans une sorte de réapparition constante. Ils sont,  dit il, «comme les oiseaux qui migrent du nord au sud dans un mouvement perpétuel à la fois nostalgique et symbole de renouveau ». Confirmant l’idée de Lili Reynaud Dewar selon laquelle «le travail de l’artiste met en scène des forces vives qui échappent à la normalisation», on peut voir dans ces Old New Girls non pas des personnages mais plutôt des représentations de principes voire même des objets ou des accessoires nécessaires à la compréhension de cet ensemble métaphorique. Des peintures objets ? Des femmes accessoires ? Des personnages qui deviennent une sorte de toile de fond, de décorum d’un autre spectacle : le nôtre.

Le travail de Lothar Hempel se situe entre Surréalisme et primitivisme, entre narration et formalisme, entre rêve et folie, ethnologie et psychanalyse. Et dans cet imbroglio conceptuel relié à une ambiguïté géographique qui nous laisse sans repères, difficile de situer ces personnages. Ce qui est certain, c’est qu’ils ne sont pas figées; ils sont faits de vérités inéluctables, de souvenirs, de projets, d’expériences intimes, d’hallucinations et ont pour cause l’affinité naturelle de nos idées, nous permettant de créer notre propre histoire.


Aurélia Bourquard

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Dernière mise à jour le 30 août 2013