les temps satellites

Les peintures d’Edi Hila mêlent différents temps, le temps de l’histoire, le temps du sujet, le temps ou climat sur l’espace unique de la toile pour nous décrire des scènes du quotidien banal, familier à première vue, mais singulier et troublant dans ses détails. Edi Hila réalise de véritables études de terrain, en travaillant sur des images TV, des photographies, et choisit l’objet ou la situation qui deviendront un indice pour déchiffrer une réalité. Après les transformations politiques et sociales qui ont suivi la chute de la dictature en Albanie de nouvelles architectures à l’esthétique moderniste apparaissent dans le paysage. Ces constructions non finies, abandonnées par leurs propriétaires, sont les coquilles vides, icônes d’une architecture médiatique séduisant une population de nouveaux riches du pays. Edi Hila représentera ces bâtiments sans valeur d’usage et que la nature envahit, dans une série « portraits de maison «. En parallèle il nous montre les nouveaux échanges commerciaux urbains avec une série de toiles « dans la rue », loin du modèle globalisant des entreprises internationales. Les peintures isolent des objets dans la ville, tels qu’une robe de mariée, un aquarium, un manège qui sont les seules enseignes de leur commerce associé. Ces arrêts sur image, vanités contemporaines baignées par une atmosphère climatique variable mais commune, nous invitent à dépasser les apparences. Edi Hila est aujourd’hui une figure majeure en Albanie, reconnue par la jeune génération d’artistes internationaux (Anri Sala, Adrian Paci) dont il fut le professeur. Actuellement il est doyen de la faculté d’arts visuels de Tirana. Il connaîtra une période de mise à l’écart de la scène artistique de son pays, des années 70 au début des années 90 où il retrouve son statut d’artiste après la chute de la dictature. Son travail qui fut remarqué par Harald Szeemann, intéresse de plus en plus la communauté artistique internationale, cette reconnaissance étant validée en France par une acquisition récente du Mnam.