Les feux de l'amour

Exposition
Arts plastiques
FRAC Nouvelle Aquitaine Bordeaux

Serge Comte, Lilith, 1996, Coll. Frac Aquitaine, Photo : F. Delpech, © S. Comte

 

Dans le monde d’aujourd’hui, la conviction que l’individualisme, l’intérêt personnel et la défiance à l’égard de l’autre gagnent en puissance est largement commentée. Dans ce contexte, « l’amour est cette confiance faite au hasard. Une contre-épreuve. » écrit le philosophe Alain Badiou. Une expérience de l’altérité. Et si « tomber amoureux » revenait à s’inscrire à contre-courant de l’urgence, la vitesse et la satiété qui caractérisent le monde contemporain ? Et si « tomber amoureux » signifiait s’engager, prendre le temps de désirer, d’accepter le manque ? Le sous-titre des Feux de l’Amour pourrait être emprunté à Stéphane Mallarmé : « séparés, on est ensemble ». Non comme le chante Serge Gainsbourg (« je suis venu te dire que je m’en vais »), non comme quelque chose de réductible à une expérience négative ou douloureuse, mais comme un état primordial, le commencement de tout, qui permettrait de forger sa relation à soi, à autrui et de réunir. Les Feux de l’Amour est ainsi une exposition consacrée autant à l’amour, qu’à la notion de séparation.

 

Cette exposition réunit une sélection d’œuvres issues des collections du Frac Aquitaine et du CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux, complétée par des prêts auprès de galeries ou directement d’artistes.

 

La séparation comme condition sine qua non à l’amour est donc omniprésente dans l’exposition.  À commencer par la quête de celui ou de celle qui serait prédestiné(e) à quelqu’un, de Mr or Mrs Right comme disent les Anglais. Cette recherche sans fin est abordée à travers les nuits ouvertement sexuelles de Jean-François Texier et son installation Les Tricots de minuit où l’attente d’une rencontre masculine et le plaisir occupent une place souveraine. Le manque comme le moteur du désir de l’autre est au cœur del’œuvre de Juan Muñoz, un balcon installé sur un mur sans ouverture où personne, jamais, n’apparaîtra. La rencontre, le coup de foudre, la déclaration d’amour, l’éclat et l’incandescence de cet instant lié au sentiment amoureux, cette impuissance à se dérober à cette passion est suggérée par les cinq arbalètes de Daniel Dezeuze ou encore par le bouquet perpétuel de Joachim Mogarra. La jouissance, ce moment qui emporte très loin de l’autre, est évoquée avec Lilith deSerge Comte dont le visage aux yeux fermés et la bouche entrouverte semble vivre l’extase. Y font écho également les photographies de Larry Clark et de Dewar & Gicquel. Les Feux de l’Amour explore l’existence amoureuse perçue comme le rythme de la vitalité, une alternance de tension, de détente, de volupté et de relâchement. C’est la vague et le ressac de la Marée mauve de Martine Aballéa.  Ce sont aussi les effets du temps sur l’intensité du sentiment amoureux et son évolution, rendus visibles dans le processus de dessiccation de la peinture murale de Michel Blazy où le rouge initial, symbole de la passion et de l’absolu, se fissure et s’altère. Chez Louise Bourgeois, ces mains que rien ne viendra plus dénouer dans l’éternité du bronze expriment à la fois la tendresse et l’engagement  et ce qui est insupportable à l’amour, la distance dans le face-à-face. Le miroir fissuré de Heimo Zobernig renvoie notre propre image d’« être séparé » et pose la question : sommes-nous la somme de nos différences ?  La ligne de Monika Droste et Guy Rombouts qui traverse l’espace d’exposition évoque l’altérité sous la forme d’une frontière accidentée. Quel langage adopter dans ces conditions ? Tout au bout de cette ligne, Bas Jan Ader pleure en noir & blanc dans la vidéo I’m too sad to tell you. En silence, l’artiste semble chercher les larmes, comme pour expulser quelque chose de lui. Si les émotions mises en scène dans ce film traversent toute l’œuvre de Bas Jan Ader faisant de lui un artiste à la fois conceptuel et romantique, elles sont aussi en germe dans de nombreuses œuvres réunies dans Les Feux de l’Amour. Celles-ci questionnent la gamme des affects et des phénomènes tant physiques que psychologiques relatifs à l’aventure amoureuse posant l’ultime question : en amour, n’est-on pas toujours séparé ?

 

Commissariat Cécile Broqua et Cyril Vergès

Autres artistes présentés

Martine Aballéa, Bas Jan Ader, Michel Blazy, Louise Bourgeois, Larry Clark, Claude Closky, Serge Comte, Daniel Dezeuze, Dewar & Gicquel, Monika Droste et Guy Rombouts, Bernard Faucon, Anne-Marie Jugnet, On Kawara, Laurent Kropf, Karin Ludmann, Joachim Mogarra, Juan Muñoz, Geörgette Power, Florent Pugnaire, Boris Raux, Vittorio Santoro, Jean-François Texier, Deborah Turbeville, Thomas Schütte, Richard Serra, Edward Weston et Heimo Zobernig.

Partenaires

I.boat

Horaires

Du lundi au mercredi de 10h à 18h, jusqu'à 19h le jeudi et vendredi. Le samedi de 14h à 18h.

Adresse

FRAC Nouvelle Aquitaine 5, Parvis Corto Maltese 33 800 Bordeaux France

Comment s'y rendre

Parking gratuit et accessibilité des personnes à mobilité réduite. - Tramway B, arrêt Bassins à flot. De la Gare Saint Jean, Tramway C direction les Aubiers, jusqu'à l'arrêt Quinconces puis Tramway B direction Claveau, arrêt Bassins à flot. - Bus : Ligne 4, arrêt Lewis Brown - VCUB : Station #98 - Bassins a flot - 83 QUAI DE BACALAN
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022