À l’entrée de chaque galerie, se mettre à pleurer et visiter l’exposition ainsi, le regard troublé. Matthieu Saladin
Ce jeu avec le contexte institutionnel de l’art, Matthieu Saladin l’étend à l’ensemble des conditions de l’exposition, en s’infiltrant dans le moindre de ses interstices – jusqu’aux horaires d’ouverture de la galerie (Flash Crash) ou aux prix des œuvres à acquérir (Les dépenses). Il déplace même son travail pour investir l’espace public : en réponse à Regard troublé, la performance Un·e passant·e est réalisée chaque jour par un·e acteur·rice chargé·e de passer devant les vitrines de la galerie en pleurant. L’espace public est également transformé en arrière-plan de l’exposition quand Matthieu Saladin choisit de positionner stratégiquement l’écran du Débat entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, pour les présidentielles de 2022, contre les vitrines de la galerie – une manière de rappeler que c’est un « domaine politique ». L’ensemble de l’exposition fonctionne sur ces jeux d’attention, faits d’échos entre et au-delà des œuvres présentées. Il se concentre, aussi et surtout, sur l’histoire et les conséquences des crises économiques, que Matthieu Saladin observe scrupuleusement en s’appropriant données, valeurs et statistiques.
Émeline Jaret – 07.2023 / extrait
Émeline Jaret est Maîtresse de conférences en Histoire de l’art contemporain à l’université Rennes 2 et membre de PTAC (Pratiques et Théories de l’Art Contemporain).
Horaires
mercredi - samedi | 14h - 19h
et sur rendez-vous