L'enfant sage : Johann Ollivier

Du 7 juin au 7juillet 2002, le Site Expérimental de Pratiques Artistiques accueille l'artiste rennais Johannn Ollivier qui présente, pour la première fois, un travail composite alliant peinture et vidéo à l'intérieur duquel les caractéristiques spécifiques aux deux médias sont questionnées au regard de notions toujours croisées : fiction et représentation, figuration et projection.

A partir d'une réflexion permanente sur la place - inconstante, jamais figée, toujours insituable - de la figure dans l'espace du tableau, le travail pictural de Johann Ollivier a connu un premier renversement : l'abandon progressif du principe de l'abstraction pour la reprise de la figure humaine dans un premier ensemble de portraits/effigies initiés durant l'hiver 2001.
Pour se ressaisir de cette tradition occidentale de la portraiture, l'humour en abondance, le sens de la parodie et du grotesque, le recours affirmé à l'anecdote personnelle ont été les armes les plus fines et les plus efficaces pour déjouer toute tentation de retour à l'ordre et tout citationnisme béat.

L'exposition l'enfant sage apparaît comme une expérience décomplexée offrant au spectateur "un univers en soi" à l'image des rêves autonomes et des fantasmagories les plus insoupçonnés qui germent dans l'esprit des enfants tranquilles et graves.
L'enfant sage peut se décrypter tel une sorte de portrait-charge ou un autoportrait dérisoire dans lequel seraient ébranlées toutes les mythologies devenues exsangues d'affirmation de soi et de toute puissance.

L'exposition se dévoile peu à peu comme un drame muet littéralement scénographié et en cela rattaché à un autre modèle que celui de la feuille blanche et neutre du modernisme, favorisant le glissement incessant entre les Portraits bruts, parfois criards, qui capturent le regard du spectateur et les deux écrans vidéo à la surface desquels se déposent deux images et deux durées conjointes et parallèles.
Spectacle intime des pleurs et vue marine composent alors une sorte de fiction minimale à partir des motifs du Vaisseau fantôme et du Hollandais Volant : damnation et rédemption, errance infinie et éternel féminin.

Régisseur de cet univers, Johann Ollivier, à travers cette expérience, destitue nos habitudes d'amateurs d'arts visuels, éprouve l'artificialité des limites entre les registres d'images, se joue des reflets par l'usage même du leurre.

Pour l'équipe du Bon Accueil, cette carte blanche donnée à Johann Ollivier est aussi l'occasion d'inaugurer une première expérience de publication : la micro-édition d'un livret 8x6 en quadrichromie, livre d'images complémentaire à l'exposition qui permet la recollection des
différents "modèles" qui peuplent l'univers mental du peintre.