Le paysage est une méthode

Exposition
Photographie
Domaine départemental de Chamarande Chamarande

Exposition au château, photographies et installations.

Complément d'information

Journées d'étude 26 - 27 avril 2002

« Le paysage est une méthode, entre photographie, art et science » avec Yves Abrioux, Christophe Domino, Emmanuel Hermange, Jacinto Lageira, Daniel Quesney, Riwan Tromeur, Holger Trülzsch et Philippe Veitl à l’orangerie du Domaine de Chamarande - Inscription gratuite par fax : 01 60 82 96 91
Le paysage est une méthode

méthode [...] du lat. methodus [...], du gr. methodos, « poursuite », d’où « recherche », de hodos, chemin.


Tantôt synonyme de nature ou d’environnement, tantôt compris comme un genre de représentations, à l’image de l’art, le paysage est un objet ouvert, sans définition. Il est un prisme au travers duquel il est possible d’observer toutes les formes de relation que l’homme entretient avec son milieu de vie. En ce sens, si les 13 artistes réunis au Domaine de Chamarande s’attachent au paysage, ils souscrivent tous à l’idée que l’on trouve moins en lui que par lui.

Le paysage est fiction et artifice. Si spontané qu’il semble être à notre regard dès que s’offre à nous l’étendue d’un territoire, le paysage n’en est pas moins une construction collective, « un objet culturel déposé » dont la fonction est de « réassurer en permanence les cadres de la perception du temps et de l’espace » (Anne Cauquelin).

Les artistes de cette exposition s’immiscent dans l’écheveau de cette construction, jouent de l’intrication entre action, description, narration, mémoire et lieux qui fonde l’appréhension de notre environnement. À partir de la photographie, de la vidéo, et de leur dispositif respectif, ils s’emploient à disséquer la machine de vision qu’est le paysage, d’autant plus puissante qu’elle s’impose sous l’apparat de l’évidence. C’est pourquoi l’un des traits communs des oeuvres de cette exposition est de tenir à distance les vertus mimétiques autant que la valeur de l’image, en traitant celles-ci de manière ludique (Barthélémy/Sultra) ironique (Lucariello, Mogarra) ou pseudo scientifique (Kuppel, Tromeur, Schuster).

Pour ce faire, certains artistes s’appuient sur le paysage déjà mis en image sous forme de cartes postales (Kuppel, Schuster) de motifs imprimés sur des supports d’emballage (Pouvreau), ou de stéréotypes diffusés par les banques d’images (Coindet), tandis que, littéralement, les nourritures paysagères de Martine Aballéa procèdent à une « mise en boîte » du paysage et de ses éléments. Ainsi mêlée à l’industrie de l’agrément, la mimésis porte la marque des usages culturels, vernaculaires parfois, et recèle l’épaisseur de la fiction, des relations psycho-affectives, filtres incontournables de notre accès au paysage.
Dans la continuité de ses juxtapositions de photographies de « non-lieux » et de textes extraits de protocoles d’aménageurs, Dominique Auerbacher travaille pour sa part à partir du déjà-dit, du déjà-pensé, en proposant un enchevêtrement de phrases portant sur quelques éléments premiers du paysage (arbre, chemin, horizon, etc.) et empruntées à des registres lexicaux très divers. Ces entrelacs de phrases, tendant à mimer graphiquement une forme-paysage, viendront ponctuer l’exposition.

L’autre trait récurrent des oeuvres réunies ici est la mise en scène d’une tension. Entre deux images de factures différentes, l’une réalisée d’après l’autre qui lui préexistait (Pouvreau), ou l’une entée sur l’autre selon une dynamique d’élargissement du champ de vision (Schuster) sans cesse renouvelée par le mouvement d’une machine (Kuppel); entre deux dimensions de la condition humaine, le ludique et le tragique chez Holger Trülzsch, qui rappelle ainsi que « le paysage commence en art avec les premières angoisses de la conscience métaphysique, celle qui s’inquiète soudain de l’ombre qui bouge sous les choses » (Yves Bonnefoy); entre deux échelles, deux volumes, celui de la goutte d’eau et celui du lac, que Luc Léotoing a glissés, in situ, dans les surfaces peintes d’une structure de bois appropriée au contexte topographique de la ville de Bienne, en Suisse — première étape de cette exposition — et dont il déploie les éléments à Chamarande, selon un nouvel « épandage »; entre deux systèmes de connaissance, le texte et la photographie (Aballéa).

L’élaboration d’une fluidité entre des éléments hétérogènes, comme peuvent le faire Jean-Pascal Princiaux grâce au tissu de la matière numérique, Riwan Tromeur avec la trame d’une expédition scientifique dans les Grands Nords, ou Martine Aballéa en tenant les mots sérigraphiés sur ses photographies à la limite du visible semblent affirmer que la fusion de notre être-au-monde s’opère moins avec le paysage qu’avec l’idée que l’on s’en fait, avec les représentations que l’on s’en forge.

Retrouvant ainsi le chemin de quelques expériences marquantes face au paysage, que l’on songe à l’ascension du mont Ventoux par Pétrarque, au voyage en Italie de Goethe ou à la description du paysage français par Vidal de la Blache, ces oeuvres n’accèdent pas au paysage sans mettre à l’épreuve, et bouleverser parfois, une attente perceptive.

D’abord présentée sous le titre « Paysages, précis de décomposition » au Centre Pasquart, à Bienne (Suisse), puis à la chapelle du Rham et au Centre culturel français, à Luxembourg, cette exposition voit son parcours s’achever dans le site paysagé de Chamarande. La rencontre des oeuvres avec un espace déjà chargé de son décor a conduit à la production d’oeuvres nouvelles ajoutant une dimension expérimentale à l’ensemble du projet.




Emmanuel Hermange.

Autres artistes présentés

Maria Barthélémy et René Sultra
Luc Léotoing
Jean-Pascal Princiaux
Michael Schuster

Horaires

du mercredi au dimanche de 11h à 19h

Adresse

Domaine départemental de Chamarande 38 rue du Commandant Arnoux 91730 Chamarande France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020