Le Paradoxe de l’iceberg

Exposition
Arts plastiques
Frac Île de France - Le Plateau Paris Paris 19

Vernissage le dimanche 11 mars 2018, à partir de 15h

Commissaire de l’exposition : Keren Detton

 

Avec : Carl Andre, John Armleder, Micol Assaël, Robert Barry, Joseph Beuys, Jean-Sylvain Bieth, Pier Paolo Calzolari, Nina Canell, Julien Creuzet, Christine Deknuydt, Nicolas Deshayes, Matias Faldbakken, Robert Filliou, Gloria Friedmann, Hans Haacke, Peter Joseph, Jannis Kounellis, Dennis Oppenheim, Lisa Oppenheim, Emmanuel Pereire, Evariste Richer, Jean-Luc Verna, Jacques Villeglé, Franz West, Gilberto Zorio

 

L’exposition Le Paradoxe de l’iceberg, présentée au château du Parc culturel de Rentilly – Michel Chartier, réunit des œuvres de la collection du Frac Grand Large – Hauts-de-France qui utilisent des matières brutes soumises à des altérations chimiques ou physiques. Ces matières sont choisies pour leurs propriétés plastiques mais aussi leurs charges énergétiques ou symboliques. Dans l’exposition, les signes et les traces se conjuguent. Celles de la recherche d’un langage plastique en quête de ses propres limites, physique et métaphysique. Les artistes partagent leurs doutes sur ce qui est et ce qui pourrait advenir. De la chimie des éléments aux représentations cosmiques, nombreuses sont les œuvres de la collection du Frac Grand Large à mêler des tentatives littérales et poétiques pour trouver un envers, creuser la surface et saisir l’insaisissable. La matière n’est jamais celle que l’on croit.

L’exposition s’inspire du travail de Christine Deknuydt (1967-2000). Alors qu’en 2018 le Frac Grand Large reçoit une donation de ses œuvres, nous choisissons de porter un éclairage spécifique sur sa pratique. Durant sa brève carrière, cette artiste originaire du Nord a posé les jalons d’une recherche graphique et picturale particulièrement ramifiée, ouverte aux effets inattendus des mots et des matières. Comme dans un laboratoire de chimie, l’artiste mélange des composants dont elle teste les effets sur des supports récupérés. Parallèlement, elle met en place un vocabulaire de figures ambiguës parfois accompagnées de commentaires lapidaires. Souvent diluées et brouillées par le traitement qui leur est réservé, les formes se répètent inlassablement mais de manière toujours différente. Christine Deknuydt accentue ainsi la porosité entre les sujets, les textes et les textures.

L’une de ses aquarelles en lavis bleu éclatant a donné son titre à l’exposition : « Le paradoxe de l’iceberg ». Elle est constituée de deux lignes de crêtes inversées en miroir. La forme de l’iceberg, qui revient souvent dans son travail, reporte l’attention sur ce qui est caché. En effet, sa partie émergée ne constitue qu’une petite portion, à peine 10% du volume total. Cette forme invite ainsi à considérer d’autres dimensions de l’espace, par-delà le visible. Par ailleurs, l’iceberg évoque aussi le phénomène du réchauffement climatique et la disparition progressive de la banquise. Représenter l’iceberg, ne serait-ce pas alors saisir le temps et les aléas de la transformation ?

Réunissant vingt-cinq artistes internationaux, l’exposition se précise en projetant un compagnonnage imaginaire de Christine Deknuydt avec différents explorateurs du monde sensible. Un choix des œuvres proches du minimalisme (Carl Andre, Peter Joseph, Hans Haacke) s’est porté sur celles où la rigueur formelle s’offre à la merci des éléments : bois, pigments, souffle. Elles font écho aux expérimentations initiées par l’Arte povera sur les états de la matière (Pier Paolo Calzolari, Gilberto Zorio, Nina Canell) et les matériaux conducteurs d’énergie (Micol Assaël).

Certains artistes cherchent à capturer l’intensité de l’instant (Dennis Oppenheim, Lisa Oppenheim, Evariste Richer). D’autres privilégient le mouvement et la fluidité. Leurs œuvres semblent alors contenir l’annonce d’un devenir (Nicolas Deshayes, Emmanuel Pereire). Joseph Beuys, Jean-Sylvain Bieth, Jannis Kounellis et Gloria Friedmann mettent en rapport la présentation des matériaux et la représentation symbolique.

Proche de Robert Filliou qui promeut l’équivalence entre le bien fait, mal fait, pas fait, Christine Deknuydt se retrouve « dans le temps étendu de la Création » et expérimente le dépassement des contradictions. Ainsi, les huiles et les matières toxiques qui enrichissent sa palette sont également celles qui attaquent leurs supports et les mettent en péril. Les artistes John Armleder, Matias Faldbakken, Jacques Villeglé, Franz West questionnent la valeur des œuvres elles-mêmes en utilisant également des restes ou des matériaux vulgaires. Robert Barry fait du langage sa matière première. Quant à Jean-Luc Verna et Julien Creuzet, ils évoquent au cœur des matières des histoires du corps et de sa condition sociale et politique.

Beaucoup d’artistes contemporains revendiquent aujourd’hui leur filiation avec des mouvements artistiques des années 1960-70 : Arte povera, Land art, Art minimal, Nouveau Réalisme ou encore Fluxus, chacun concerné différemment par la matérialité de l’art. L’exposition Le Paradoxe de l’iceberg entend mêler les générations et montrer différentes relations à la matière nourries d’approches historiques, scientifiques, littéraires ou spirituelles. Sollicité dans un rapport direct, visuel et sensible, le visiteur est invité à exercer son regard, entre détachement et spéculation, et à faire varier son interprétation.

 

Le Frac Grand Large – Hauts-de-France
Les Fonds régionaux d’art contemporain (Frac) sont des collections publiques d’art contemporain. Ils forment un réseau de 23 structures réparties sur le territoire national, dont deux dans les Hauts-de-France. Ils ont pour mission la constitution et la diffusion de leur collection, la programmation et la réalisation d’expositions temporaires, de rencontres et d’éditions, ainsi que l’organisation d’actions de sensibilisation et de formation dans toute la région.
Le Frac Grand Large — Hauts-de-France a développé sa collection autour d’un noyau initial consacré à l’Arte povera, l’art minimal, l’art conceptuel, et à des médiums aussi variés que la peinture, la photographie et l’installation. Il possède, par ailleurs, une collection consacrée au design, révélant son ouverture au monde des objets et témoignant d’un véritable brassage international des sources et créations. Cette collection exceptionnelle, allant des années 1960 à aujourd’hui, constitue le pivot de sa programmation dans les murs et en région.
Situé sur le port de Dunkerque, son bâtiment conçu par les architectes Lacaton & Vassal, est en soi un ouvrage remarquable, lieu de conservation et d’exposition ouvert sur l’horizon, il est conçu comme la réplique en transparence de l’ancienne halle AP2: « Atelier de préfabrication n°2 », témoin historique de l’industrie navale dunkerquoise.

 

 

frac île-de-france, le château
Parc culturel de Rentilly – Michel Chartier

Domaine de Rentilly
1 rue de l’Etang
77600 Bussy-Saint-Martin
fraciledefrance.com / parcculturelrentilly.fr

Entrée libre
Mer. & Sam. 14h30- 17h30
Dim. 10h30 – 13h, 14h30 – 17h30

Navette gratuite pour le vernissage à partir de la place du Châtelet, départ 14h
Réservation obligatoire : reservation@fraciledefrance.com

Commissaires d'exposition

Horaires

Mer & Sam 14h30-17h30 Dim 10h30-13h / 14h30-17h30

Adresse

Frac Île de France - Le Plateau Paris 22 rue des Alouettes 75019 Paris 19 France

Comment s'y rendre

RER A - Torcy puis Bus PEP'S ligne 21 - Rentilly Bus 46/25/13 - Cèdre
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022