Le mythe du Cargo

Exposition
Arts plastiques
le Crédac Ivry-sur-Seine
En invitant un commissaire étranger pour réaliser cette exposition, la galerie Fernand Léger poursuit un cycle et enrichit son approche sur le travail des artistes dans et avec la ville. Le mythe du cargo Gérard Fromanger, Tue Greenfort, Daniel Pflumm, Bernard Rancillac, Franck Scurti, Iren Stehli, Christine Würmell Commissaire invitée : Bettina Klein Le point de départ de l’exposition "Le mythe du cargo" prend appui sur le phénomène des mouvements antipub en France et réunit des positions artistiques abordant la question de l’omniprésence de la pub dans l’espace urbain. Mélant des générations d’artistes différentes, l’exposition présente une continuité du discours et des positions critiques.

Complément d'information

Gilberto Kassab, le maire de São Paulo, a annoncé en automne dernier la création d’une loi dont l’application devra prochainement faire disparaître tous les grands dispositifs publicitaires de sa ville, qu’il considère comme une véritable « pollution visuelle ».
Mesure radicale mais qui rencontre de plus en plus de soutien, non seulement dans les milieux militants de gauche mais aussi plus largement dans les instances politiques a priori assez éloignées de préoccupations écologiques. Cette décision n’étonne pas vraiment, si l’on considère l’énorme présence de l’affichage publicitaire consommant de plus en plus d’espace auparavant qualifié de « public ». L’emprise de la publicité dans le paysage urbain et rural est cependant un thème récurrent puisque, dès son apparition à la fin du 19ème siècle, elle fut l’objet d’hostilité, théorisé bien plus tard dans le contexte de la société de la consommation des années 1960.
Le point de départ de l’exposition "Le mythe du cargo"* prend appui sur le phénomène des mouvements antipub en France et réunit des positions artistiques abordant la question de l’omniprésence de la pub dans l’espace urbain. Mélant des générations d’artistes différentes, l’exposition présente une continuité du discours et des positions critiques.

Les peintres Gérard Fromanger ( avec notamment la série de toiles Boulevard des Italiens (1971) et Bernard Rancillac (avec Notre Sainte Mère la Vache , peinture de 1966/82), ont très tôt thématisé ce conflit entre le monde de la consommation et la réalité politique et sociale.

La photographe suisse Iren Stehli, vivant entre Prague et Zurich depuis les années 70, photographie toujours sous le même angle de vue les vitrines de magasin de la capitale tchèque, et fait apparaître à travers le microcosme des étalages, une histoire saisissante d’un système politique basculant vers un autre, du produit support de propagande socialiste au règne de la marque.
L’ensemble de la série Prager Schaufenster (Vitrines de Prague), 1978-1996, est visible dans l’exposition.

Sandwich de Franck Scurti, est la reproduction de la porte d’une boulangerie avec ses poignées en bois imitant une baguette de pain. Cet objet, sursignifié par redoublement jusqu’à l’absurde, fait partie des matériaux et formes liés à la consommation que Scurti nomme des « éléments déjà socialisés », qu’il prélève dans un ensemble de signes urbains et publicitaires.

C’est la relation entre trois systèmes de signes dans l’espace public, le langage de la publicité, la rhétorique de la politique et les codes de « sociétés parallèles » comme les graffitis et tags qui sont au centre du travail de l’artiste berlinoise Christine Würmell.
Les interactions sont multiples allant de l’absorption de l’art et de la contre-culture par la pub à celle de la publicité par la rhétorique politique. Au centre ville d’Ivry, Würmell lance une campagne d’affichage et propose au centre d’art une installation spécifique conçue in situ.

Tue Greenfort, artiste danois vivant à Berlin, présente dans l’exposition Coca Cola Condensation Cube, une sculpture en référence à Hans Haacke, ainsi que deux nouvelles productions. Dans ses travaux, il développe, par une approche artistique post-conceptuelle, des thèmes liés à des préoccupations écologiques (la commercialisation de l’eau, le monde agricole globalisé, ...)

Les vidéos de Daniel Pflumm, diffusent un condensé vertigineux issu d’un montage de publicités (spots télévisés ou logos épurés), d’images d’actualité, coupées parfois par des prises de vue réalisées par l’artiste, et rythmé par une bande son de musique électronique. Dans les deux vidéos présentées à la galerie Fernand Léger - Bild, 2005 et Paris, 2004- le track est conçu par The Costumers (Kotai/Pflumm) au label EMD (Electric Music Department).



*Le mythe ou culte du cargo fait référence à un phénomène signalé dès la fin du 19è siècle mais surtout observé pendant et après la seconde guerre mondiale dans certaines communautés mélanésiennes de nouvelle guinée.
Les populations indigènes voyaient les militaires américains construire des pistes d’atterrissage et des tours de contrôle permettant d’acheminer par avion cargo des vivres, vêtements et autres biens de consommation. Le mode de vie des insulaires fut complètement bouleversé par cette arrivée massive de produits qui en réalité ne leur étaient pas destinés, mais ayant nécessité, entre autres, la destruction d’étendues de forêt vierge et de zones habitées.
A la fin de la guerre, ce trafic aérien s’arrêta pour aussitôt être reconduit, cette fois sous la forme d’un mythe, par les populations indigènes qui se mirent à copier les dispositifs observés chez les militaires occupants : ils construisirent des pistes d’atterrissage et des tours de contrôle factices en bois ainsi que des avions grandeur nature en paille, allumèrent des feux de signal espérant cette fois bénéficier de cette manne.
Certains de leurs prophètes clamaient que les blancs possédaient ces biens à tort, car les dieux les leur avaient confiés seulement pour les redistribuer aux indigènes, qui en furent en réalité spoliés.
En anglais « cargo cult » désigne aussi le comportement d’un groupe social qui, en imitant de manière superficielle les activités de personnes fortunées, espère acquérir la même prospérité, voire le même bonheur.

Bettina Klein, janvier 2007

Autres artistes présentés

Gérard Fromanger, Tue Greenfort, Daniel Pflumm,
Bernard Rancillac, Franck Scurti, Iren Stehli, Christine Würmell

Horaires

mardi-vendredi de 14h à 18h, samedi et dimanche de 14h à 19h

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

le Crédac 1 place Pierre Gosnat La Manufacture des Œillets 94200 Ivry-sur-Seine France

Comment s'y rendre

Accès : Métro ligne 7, station Mairie d'Ivry / RER C, Ivry-sur-Seine

Dernière mise à jour le 2 mars 2020