Le Cnap à Paris Photo
Extrait de "El brujo" par Louidgi Beltrame, 2016, 17'
La programmation de films et vidéos de cette édition 2019 de Paris Photo met en lumière la relation entre les images fixes et animées dans la création artistique.
La sélection définie par Matthieu Orléan (collaborateur artistique à La Cinémathèque française) et Pascale Cassagnau (Responsable de la collection audiovisuel, vidéo et nouveaux médias du Centre national des arts plastiques) explore les pratiques de la manipulation de l’image à travers une série d’œuvres documentaires et de fiction parmi les propositions des exposants de la foire ainsi que des films provenant des collections du Centre national des arts plastiques et des projets qu’il a soutenu au titre du dispositif Image/Mouvement.
Seront présents sur le stand de la Galerie Maubert, les travaux d’Eric Guglielmi qui ont bénéficié du soutien à la photographie documentaire contemporaine en 2015 et sur le stand de la galerie Dominique Fiat, les travaux de Nicola Lo Calzo qui ont bénéficié du soutien à la photographie documentaire contemporaine en 2018.
La sélection du Cnap
Inquiétances des temps
« Le terrain où opère l'inquiétance du temps est celui des cours de vie. Quand les vies sont déchirées par le cours de l'histoire, la poétique ne saurait les raccommoder, les recoller, ou les recoudre. En revanche, s'il s'agit de comprendre ce que le monde nous réserve, elle a la capacité de créer des relations. (..) Un monde fonctionnalisé, globalisé, donne naissance à des phantasmes. La seule façon d'y remédier, c'est de produire des contre-récits. »
Dans Chronique des sentiments, Livre II- Inquiétance du temps, l'écrivain et cinéaste allemand Alexander Kluge expose des formes de résistance. Dans toute l'œuvre de Kluge, l’instabilité, l’étrangeté, et l’inquiétude « ressortent » comme les motifs principaux.
Les œuvres de Marcos Avila Forero, Louidgi Beltrame, Shirley Bruno, Jean Christophe, Salomé Lamas, Dania Reymond, Marie Voignier, font des formes d’attention à ce qui devient la matière même de leurs films. L’histoire, l’écriture des images et le langage en question constituent autant des contre-récits que des hypothèses adressées au réel et au présent.
Marcos Avila Forero, Atrato, 2014, 13’52‘’
Dans Atrato, la population colombienne du Choco – région particulièrement meurtrie par des conflits endémiques – renoue avec des traditions musicales. Le film constitue une sorte de partition musicale ainsi que la restitution d’un moment de mémoire. La tradition musicale savante des percussionnistes est réactivée à travers la performance filmée qui donne à voir un concert où il s’agit littéralement de taper sur l’eau pour produire la musique.
Louidgi Beltrame, El Brujo, 2016,11’27’’ (soutien Image/mouvement)
Avec El Brujo (Le Sorcier), l’artiste réactive dans un paysage archéologique du littoral péruvien le motif de la fuite, celle du jeune Antoine Doinel vers la mer dans la scène finale du film de François Truffaut, Les Quatre cents coups (1959). À la course vers le rivage de José Levis Picon, le guérisseur (El Curandero) qui incarne Antoine, répond la dérive dans les rues de Paris de Jean- Pierre Léaud, son interprète original.
Shirley Bruno, An Excavation of Us, 2017, 11'
Shirley Bruno est une réalisatrice américano-haïtienne vivant et travaillant entre Paris, New York et Haïti. Ses films traitent de l'espace des mythes et de l'Histoire, entre documentaire et fiction, en s'inspirant très précisément des cultures des Caraïbes.
Avec Ombres (An excavation of us) réalisé en 2017, c'est l'Histoire d'Haïti qu'elle explore à nouveau, à travers un voyage en barque au fond d'une grotte, en élaborant un dispositif cinématographique puissant d'ombres portées qui évoque les exactions et tueries des soldats napoléoniens. Tourné dans la grotte de Port - Piment en Haïti, le film célèbre la mémoire de Marie Jeanne Lamartinière, qui prit part en 1804 aux combats contre l'esclavagisme et pour l'indépendance. Le film explore littéralement cette histoire et nos propres souvenirs ou nos non- souvenirs, comme le fit aussi le cinéaste Sharuna Bartas avec la mémoire de l'histoire lithuanienne dans Few of us.
Jean Christophe, Generatia de sacrificiu, 2011, 20’
Le film Génération du sacrifice évoque les années noires du régime de Ceausescu et les activités de la police politique la Securitate et de ses agents infiltrés. En 2008-2009, l’Etat roumain ouvre les portes des 19 km d’archives de la Securitate au public. À travers un montage complexe de documents, le film retrace les cas d’espionnage interne où les espions avaient entre 12 et 16 ans.
Salomé Lamas, A Torre, 2015, 8'
Salomé Lamas envisage le cinéma documentaire dans son contexte élargi de l'ethnographie, de l'histoire, de l'œuvre de mémoire et de la fiction.
Dans son essai Parafiction (Selected Works), composé d’images et de synopsis de ses films, Salomé Lamas place son cinéma dans la perspective d’un infra-mince généralisé qu’elle nomme parafiction à l’œuvre dans son travail. Citant Glenn Gould déclarant que « The no man’s land is the natural land of the imagination », Salomé Lamas précise que la notion de parafiction « est un non-lieu où l’on se rassemble pour résister au silence de l’univers, afin de ne pas succomber à la panique et à la menace d’une destruction ». L’entre est un non-lieu et une non-temporalité que le film peut habiter pour fixer le moment suspendu, comme dans A Torre (2015), The Burial of The Dead (2016), Extinction (2017) ou Coup de grâce (2017). Eldorado XXL porte à son incandescence la temporalité propre à la parafiction, qui est la recherche d’un point de bascule perpétuel, entre objectivité et subjectivité, entre fait et fiction et non-fiction. Les longs plans séquences du film A Torre, filmés à l’entrée d’une forêt d’Europe centrale, mettent en scène l’énigme d’un promeneur solitaire qui a choisi de se déplacer d’une cime d’un arbre à un autre.
Dania Reymond, Paysage emprunté #1, 2011, 20'
Paysage emprunté fait se croiser deux exercices de lectures d’images concomitantes : celle d’un groupe de spectateurs placés en hors-champ du film qui décrivent un tableau de Breughel, Le massacre des innocents, et les potentiels spectateurs du film invités à écouter les différentes descriptions du tableau tout en regardant des plans-séquences filmées dans la ville bosniaque de Srebrenica , sur les lieux mêmes des massacres commis en 1995 pendant le conflit yougoslave.
Pascale Cassagnau
Toute la programmation
Jeudi 7 novembre
14h
Programme A (54 minutes)
Deep gold, Julian Rosefeldt, 2013-2014, 18’
Courtesy : Galerie Dirimart
Invasion, Gypsies, Chaos, Josef Koudelka, 2002, 36’
Courtesy : Magnum Photos
15h
Programme C (80 minutes)
Steven Arnold: Heavenly Bodies, Vishnu Dass, 2019, 80’
Courtesy : The Steven Arnold Archive, Galerie Fahey/Klein
17h
Programme H (87 minutes)
Exils Intérieurs
Oh Tannenbaum, Jeppe Søgaard, 2018, 22’
Courtesy : V1 GALLERY et Jeppe Søgaard
La vida, Asghar Farhadi, 5’
Roja, Shirin Neshat, 2016, 17’
Courtesy : Galerie Dirimart
Atrato, Marcos Avila Forero, 2014, 14’
El brujo, Louidgi Beltrame, 2016, 17’
An excavation of us, Shirley Bruno, 2017, 11'
A torre, Salomé Lamas, 2015, 8'
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Vendredi 8 novembre
14h
Programme E (98 minutes)
Un voyage américain : sur les traces de robert Franck, Philippe Séclier, 2009, 58’, Français sous-titré Anglais
Courtesy: Silex Films / Selenium Films / Muse Film and Television Inc, avec le soutien de Galerie Les Douches
Generatia de sacrificiu, Jean Christophe, 2011, 20’
Paysage emprunté #1, Dania Reymond, 2011, 20'
16h
Programme G (76 minutes)
Portraits intimes
The wonderful journey of Stanley & Dorothy 1919-2019, Leandro Feal, 2019, 11’15''
Video Full HD, B&W, Silent Film
Courtesy: Artist and Galerie Cibrián
Acot 001 (from A Couple of Them), Elsa & Johanna, 2015, 30’
Courtesy: Galerie La Forest Divonne
Dérive, Maté Bartha, 2019, 36’
Courtesy: Tobe Gallery & Maté Bartha
17h30
Programme D (110 minutes)
The past is always new, the future is always nostalgic photographer Daido Moriyama, Gen Iwama, 2019, 110’
Japonais sous-titré Anglais
Courtesy:documentary of Daido Moriyama production committee – Société de production:TV MAN UNION, INC.
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Samedi 9 novembre
14h
Programme F (82 minutes)
Finland World : des travaux et des jours, Heikki Aho et Björn Soldan
Courtesy : Aho & Soldan Photo et Film Foundation, Helsinki, Finland / Copyright: JB
Filmmaker on summer holiday, 1936, 8’
When Mercury falls, 1933, 6’
Arabia, 1932, 6’
Our beautiful capital, 1937, 6’
Finland calling, 1938, 20’ – Musique de Jean Sibelius.
Diffusé à la foire de New York en 1939
Tempo, 1934, 22’
Atlas, 1933, 14’
15h30
Programme A (54 minutes)
Deep gold, Julian Rosefeldt, 2013-2014, 18’
Courtesy : Galerie Dirimart
Invasion, Gypsies, Chaos, Josef Koudelka, 2002, 36’
Courtesy : MAGNUM PHOTOS
17h
Programme C (80 minutes)
Steven Arnold: Heavenly Bodies, Vishnu Dass, 2019, 80’
Courtesy : The Steven Arnold Archive, Galerie Fahey/Klein
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Dimanche 10 novembre
13h30
Programme E (98 minutes)
Un voyage américain : sur les traces de robert Franck, Philippe Séclier, 2009, 58’, Français sous-titré Anglais
Courtesy: Silex Films / Selenium Films / Muse Film and Television Inc
avec le soutien de Galerie Les Douches
Generatia de sacrificiu, Jean Christophe, 2011, 20’
Paysage emprunté #1, Dania Reymond, 2011, 20'
15h30
Programme H (94 minutes)
Exils Intérieurs
Oh Tannenbaum, Jeppe Søgaard, 2018, 22’
Courtesy : V1 GALLERY et Jeppe Søgaard
La vida, Asghar Farhadi, 5’
Roja, Shirin Neshat, 2016, 17’
Courtesy : Galerie Dirimart
Atrato, Marcos Avila Forero, 2014, 14’
El brujo, Louidgi Beltrame, 2016, 17’
An excavation of us, Shirley Bruno, 2017, 11'
A torre, Salomé Lamas, 2015, 8'
17h30
Programme G (76 minutes)
Portraits intimes
The wonderful journey of Stanley & Dorothy 1919-2019, Leandro Feal, 2019, 11’15''
Video Full HD, B&W, Silent Film
Courtesy: Artist and Galerie Cibrián
Acot 001 (from A Couple of Them), Elsa & Johanna, 2015, 30’
Courtesy: Galerie La Forest Divonne
Dérive, Maté Bartha, 2019, 36’
Courtesy: Tobe Gallery & Maté Bartha
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Adresse
Grand Palais - 3, avenue du Général Eisenhower
75008 Paris 08
France