Laurence Cathala, « Mémoires de papier », crayon de couleur et gouache, 61 x 46 cm, 2013

Biographie

Laurence Cathala - Née en 1981, vit et travaille à Lyon

« De diverses manières, livres, revues et imprimés traversent la majeure partie des œuvres de Laurence Cathala : ils y apparaissent au sein des bibliothèques qui meublent divers intérieurs dessinés par l'artiste, s'y manifestent comme images, comme objets factices, y sont convoqués sous des formes génériques, à l'état d'objets fantômes médiatisant l'absence du texte, au travers d'extraits empruntés ou inventés, ou sont enfin le lieu même de production et de diffusion du travail, la plupart de ces possibilités pouvant se combiner.

(…) Objets à lire et à voir à la fois, même lorsqu'ils ne contiennent que du texte, les livres renvoient de façon quasi auto-réflexive à la pratique artistique de Laurence Cathala, qui tend à faire se confondre le dessin et l'écriture, ces deux termes ayant une origine étymologique commune dans le graphein grec. Un graphe, c'est en effet une trace, qu'elle soit écrite ou dessinée, la langue grecque antique ne conférant pas à ce terme le pouvoir de dissocier catégoriquement les régimes du dicible et du visible. On peut alors considérer que l'essentiel du travail de Laurence Cathala résulte d'une pratique qui consiste à créer des graphies, c'est-à-dire des écritures au sens le plus large du terme. (…)

L’artiste travaille dans une forme de grand écart entre deux figures d'adoption : celle de l'écrivain d'une part, et celle de l'historien, ou du moins de l'archiviste, d'autre part. L'hybridation des deux postures est le processus qui donne forme à son travail. Plus précisément, la mise en relation des éléments qui apparaissent dans ses œuvres, les correspondances qu’elle crée entre eux, la temporalité incertaine à laquelle ils nous exposent et les appropriations dont ils peuvent faire l'objet tant de sa part que de la nôtre, font émerger une sorte d'écrivain fantôme. Ce n'est donc pas un hasard si le terme ghost-writer apparaît dans le titre de plusieurs pièces réalisées par Laurence Cathala.
Cet écrivain n'est pas tout à fait l'artiste elle-même, mais une figure fictive qui émerge à la croisée de ses travaux. Un ghost-writer, en langue anglaise, est un nègre littéraire, celui qui écrit dans l'ombre d'un autre. Mais point de nègre derrière le travail d'écriture de l'artiste. À vrai dire, c'est peut-être l'inverse qui se produit : Laurence Cathala serait l'écrivaine de l'ombre derrière l'écrivain fictif que ses œuvres mettent en scène. » (…)

Extrait de Laurence Cathala, La vie des livres, Jérôme Dupeyrat, 2016

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Laurence Cathala - Born in 1981, lives and works in Lyon.
 

“Books, magazines, and printouts can be found in many different forms throughout most of Laurence Cathala’s work: they appear in the bookcases that line the various interiors that the artist designs, manifest themselves as pictures or as fake objects, are used as generic forms, as phantom objects highlighted by the absence of text, through borrowed or invented quotations, or even become grounds for the production and showing of the work – with most of these possibilities likely to combine.
(…) As objects that can be both read and looked at, even when they only contain text, the books refer in an almost self-reflexive way to Laurence Cathala’s artistic work, in which she tends to merge together drawing and writing, which both share a common etymology with the Greek graphein. A graph is a trace, either written or drawn, in that the ancient Greek term does not categorically dissociate the fields of what is describable and visible. One could therefore consider that most of Laurence Cathala’s work results from an approach that consists in creating graphs; that is to say, written forms in their widest acceptation. (…)
The artist works within a form of great divide between two adopted figures: on the one hand the writer, and on the other the historian, or at least the archivist. The hybridisation of these two postures is the process that gives form to her work. More precisely, the linking together of the elements that appear in her work, the connections that she creates between them, the uncertain temporality with which they face us, and the appropriations they can be subjected to by the artist or the viewer, all contribute to producing a sort of ghost writer. Therefore, it is not surprising that the term ghost-writer should appear in the title of several of Laurence Cathala’s pieces.
The writer in question is not quite the artist herself, but rather a fictional figure that emerges at the crossroads of her works. A ghost writer is someone who writes in someone else’s shadow. Yet there is no ghost behind the artist’s writing. It might even be the other way round: Laurence Cathala might well be the ghost behind the fictional writer that her work presents.” (…)

Excerpt from Laurence Cathala, La vie des livres, Jérôme Dupeyrat, 2016
Translated by Lucy Pons

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Source

Documents d'artistes Auvergne-Rhône-Alpes - Partenariat Centre national des arts plastiques / Réseau documents d'artistes.

Dernière mise à jour le 15 novembre 2023