Laure Wauters, Time is on my side

Le temps est de son côté, Laure Wauters veut s’en persuader. « Time is on my side, yes it is »… La rengaine résonne dans une chambre noire, incessante, entêtante. Rendue célèbre par la version qu’en ont donnée Irma Thomas puis les Rolling Stones, et reprise ici par Lauriane Petit (Claire Dance), elle palpite en boucle au cœur de l’exposition. Une camera oscura, où le temps joue pour Laure. Bien sûr, il se joue d’elle, comme de nous tous. Mais vice-versa : chacune de ses œuvres ne se livre-t-elle pas comme un stratagème pour dompter son écoulement ? « Entre les enjeux écologiques, la course au temps qu’impose nos modes de vie, le rapport au temps est à mes yeux fondamental, reconnaît l’artiste. Avec cette grande question : combien de temps nous reste-t-il ? En même temps, cette chanson, c’est une façon légère de dire : allez, ça va aller ! » Une poignée de confetti jetés au sol cherche elle aussi à nous en convaincre. 

Et pourtant Laure, du temps, fait œuvre. Le flux de l’eau, la dévoration de la lave, notre devenir-fantôme, oui elle s’en joue, from time to time. Archéologue de nos terreurs intimes, il n’est pas indifférent qu’elle se passionne pour les civilisations antiques, leur empruntant inventions et motifs : son œuvre se construit d’un temps l’autre, riche de ses palimpsestes, s’arrachant au passé qui souvent l’inspire. « Je cherche l’or du temps », a fait écrire André Breton sur sa tombe.

Emmanuelle Lequeux, extrait du texte « Laure du temps» à paraître dans le catalogue d'exposition Laure Wauters, Time is on my side, 2021