Langue des oiseaux et coq à l'âne.

Autour de Raymond Hains
Exposition
Arts plastiques
Frac Bretagne, Fonds régional d'art contemporain Rennes

Vue de l'atelier de Raymond Hains à Nice, mars 2001
© George Dupin / Crédit photo : Droits réservés

 

Entièrement conçue dans une logique associative et sur le principe du coq à l’âne, Langue des oiseaux et coq à l’âne s’est construite autour de Raymond Hains (1926, Saint-Brieuc - 2005, Paris), figure majeure dans la collection du Frac Bretagne, dont le travail s’est progressivement dématérialisé pour devenir oeuvre de langage. En présentant des affiches, photographies, objets, sculptures, multiples ainsi que des documents inédits, archives et films, une grande salle monographique rend compte du flux de sa parole si singulière. Deux galeries d’exposition sont également consacrées à des artistes investissant pleinement le champ du langage et de ses écarts, incompréhensions, drôleries. Certains font partie de la collection du Frac Bretagne (François Dufrêne, Jean Dupuy, George Dupin, Harald Klingelhöller, Yann Sérandour, Jacques Villeglé, Gil J. Wolman) ; d’autres s’y associent, entre humour et non-sens (Erica Baum, Julien Bismuth, Éric Duyckaerts, Anabelle Hulaut, Éric Maillet, Christian Marclay, Anne Marie Rognon, Anne de Sterk, Catherine Sullivan).

Au XXe siècle, Raymond Roussel et Alfred Jarry renouent avec la Langue des oiseaux : une langue fictive et secrète qui consiste, à l’aide de jeux de langages et de différents codes, à communiquer ses pensées sans être compris. Dans leurs pas, Raymond Hains, grand amateur de littérature hermétique et de jeux de mots, a fait de cette langue secrète une véritable poétique. En forme d’hommage, le Fonds régional d’art contemporain Bretagne présente dans sa plus grande galerie une exposition monographique de son travail. Admirateur de Pasolini dans Uccellacci e Uccellini (« Des oiseaux, petits et gros »), il s’intéresse à ces langages autres et logiques de pensées parallèles : à travers des homonymies approximatives, il crée des généalogies inventées et des théories qui le mènent des palissades aux lapalissades, sur les pas d’un sculpteur lyonnais du nom de Lemot ou encore de la langue des oiseaux aux skis Rossignol. Raymond Hains refuse la logique cartésienne au profit d’une logique absurde qui joue à saute-mouton d’un mot et d’un concept à l’autre.

 

« Entendre la langue hors pouvoir, dans une révolution permanente du langage », comme le préconisait Roland

Barthes1, pourrait être une manière de décrire la démarche des dix-huit artistes rassemblés dans l’exposition. Cette dernière adopte une logique de pensée analogique, passant d’une oeuvre à une autre comme on glisse d’un mot et d’une idée à l’autre. Plusieurs thèmes et questionnements présents dans le travail de Raymond Hains parcourent cette exposition : les langues cryptées ou primales, les logiques génératives (Gil J. Wolman, Jean Dupuy, Christian Marclay, Éric Maillet) ; les logiques de hasard et de rencontre, les fictions absurdes (Anabelle Hulaut) ; la langue comme réservoir de signes (Erica Baum, Julien Bismuth, Harald Klingelhöller, Jacques Villeglé), le langage du corps (Catherine Sullivan) ; les paroles manquées, bégaiements, incompréhensions, les anomalies offertes par le langage (Anne de Sterk, François Dufrêne, Christian Marclay) ; la langue prise à son propre piège (Éric Duyckaerts, Anne Marie Rognon). Enfin, George Dupin propose deux photographies en forme d’hommage à Raymond Hains.

Dans sa leçon inaugurale au Collège de France, Roland Barthes parlait de « tricherie salutaire » et de « leurre magnifique » lorsque les écrivains s’emparent de la langue : code, classement régi par des règles, la langue, dit-il, est oppressive. Avec d’autres moyens, sonores, plastiques, filmiques, les artistes développent eux aussi une relation de non-soumission avec la langue, jusqu’à en faire éclater les règles et le sens.

Commissaire de l’exposition : Marion Daniel

 

1 Roland Barthes, Leçon inaugurale de la chaire de sémiologie littéraire au Collège de France, 7 janvier 1977.

Tarifs :

Entrée tarif plein : 3 € / réduit : 2 € Gratuit pour les moins de 26 ans et le 1er dimanche de chaque mois

Complément d'information

VISITE ACCOMPAGNÉE TOUT PUBLIC
Le samedi et le dimanche à 16h
et tous les jours pendant les vacances scolaires

VISITE ACCOMPAGNÉE POUR LES GROUPES SUR RENDEZ-VOUS
Réservation par mail service-educatif@fracbretagne.fr ou par téléphone le mercredi après-midi au 02 99 84 46 10

POUR ACCOMPAGNER VOTRE VISITE
Un journal d’exposition et un livret jeux pour les plus jeunes sont disponibles à l’accueil du Frac Bretagne.
Un dossier documentaire est à découvrir dans les salles.

Commissaires d'exposition

Autres artistes présentés

 

Erica Baum, Julien Bismuth, Éric Duyckaerts, François Dufrêne, George Dupin, Jean Dupuy, Raymond Hains, Anabelle Hulaut / David Michael Clarke, Harald Klingelhöller, Éric Maillet, Christian Marclay, Anne Marie Rognon, Yann Sérandour, Anne de Sterk, Catherine Sullivan, Jacques Villeglé, Gil J. Wolman

Horaires

Ouvert du mardi au dimanche de 12h à 19h

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Frac Bretagne, Fonds régional d'art contemporain 19 avenue André Mussat 35 000 Rennes France

Comment s'y rendre

Ligne de bus 4 : arrêt et direction Beauregard
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022