La Nature du temps qui reste d'Anne Laval

“La Nature du temps qui reste” d’Anne Laval est une exposition mêlant sculptures, installations et dessins inspirées par ses sensations sur le rapport de l’artiste au paysage et à la nature, ce qui lui donne l’occasion de développer sa réflexion sur nos manières d’être au monde et comment respecter notre environnement. Son regard sur la nature, le fleuve et sa campagne environnante, permet de nous penser en tant qu’êtres humains.
Avec des matières de sculpteur (métal, porcelaine, tissus….) sous des formes étranges (fil, fibre, gaze ….) elle redessine les contours d’un monde évocateur, d’une nature oubliée, voire fantomatique.

Sur une carte, la Loire délivre les cours d’eau qui la rejoignent en arborescence.
La configuration de l’arbre est très présente dans le travail de l’artiste car elle rejoint d’autres tracés vivants, ceux de la végétation et des cours d’eau mais aussi ceux de l’intérieur de notre corps (système sanguin, lymphatique…). Ces formes sont comme l’inscription d’un ADN universel, quelque chose qui nous rappelle que nous sommes tous du même monde.

Dans cette exposition, l’artiste donne à voir son travail sur « Les Cartes fantômes », résultat d’une pensée intime qui convoque les jeux de lumière que nous offrent la nature.
La Loire joue avec les ombres qui se déploient dans des reflets plus subtils. Pour les matérialiser, Anne Laval sculpte une gaze d’acier inoxydable, brillante et sombre, qui, une fois chauffée au chalumeau offrent à voir des irisations aux couleurs métalliques de cuivre ou d’or, proches de celles des coléoptères. Les sculptures, positionnées au mur, dessinent l’espace qui nous entoure. On perçoit alors sur leurs surfaces, le mouvement en arborescence d’un fleuve sur une carte.
« Les paysages perdus », suspendus, quant à eux, nous rappellent les courants et les monticules de sable qui parcourent le long chemin du fleuve emblématique qu’est la Loire.
Ils survolent l’espace comme elle le parcoure.
Dans ce cadre, les dessins exposés jouent comme un va-et-vient avec les volumes, les uns se nourrissant des autres dans un dialogue fécond.
Enfin, l’installation « Forêt d’ossements » évoque les arbres enneigés positionnés sur les berges de l’eau et plonge le spectateur dans un monde imaginaire, presque évanescent, nourri des ressentis de l’artiste face à la nature. Anne Laval aime tout particulièrement la période de l’hiver où la nature est en plein sommeil, comme laissée pour morte, avant sa renaissance. Les ciels sont brumeux et nuageux. Les corps des arbres nus viennent se refléter dans l’eau, les halos de sables apparaissent et la neige se dépose sur les branches. Celles-ci se déguisent, devenant des ossements délicats et dansants dans l’espace.
Sans littéralité, le travail de l’artiste dessine le portrait d’une nature sans pour autant évoquer une forme figée et, pour permettre à celui qui la regarde, de redécouvrir les sensations qu’il aurait perdues. On croit alors reconnaître ce que l’on a déjà vu.
Pour rester humble face à cette nature qui a encore tout à nous apprendre, il faudrait écouter et voir plutôt que prendre.