LA COULEUR DE L’EAU DE NICOLAS FLOC’H

Exposition
Photographie
Frac Grand Large — Hauts-de-France Dunkerque
Nicolas Floc’h, Baie de somme, Manche, de la série « La couleur de l’eau », 2021 © Nicolas Floc’h / Adagp, Paris, 2022 / Collection Frac Grand Large —  Hauts-de-France

Le Frac Grand Large présente la première exposition de Nicolas Floc’h consacrée à sa recherche La couleur de leau. Photographe des paysages sous-marins, il essaie de « rendre visible l’invisible » — capturer la couleur de l’eau en Baie de Somme mais aussi dans les océans, les mers, le long des fleuves — et aider ainsi à étudier des écosystèmes menacés. « La dimension picturale immersive du milieu marin, son apparente abstraction, en fait un espace complexe d’exploration de la couleur, de la lumière et du vivant qui la compose »[1].

Photographe, sculpteur, mais aussi chercheur, enseignant et plongeur, Nicolas Floc’h s’intéresse aux rouages de notre économie productive et aux transformations sociales et environnementales qui en découlent. Par une pratique de l’art nourrie de recherche scientifique et de collaborations, il met à l’épreuve les formes canoniques du monochrome et du ready-made pour observer les angles morts de nos représentations.

Le milieu sous-marin constitue pour lui un terrain privilégié d’exploration, de création mais aussi de médiation révélant l’impact du réchauffement climatique et de l’activité humaine sur les écosystèmes. L’artiste s’est d’abord intéressé aux modules d’architecture artificiels qui permettent de restaurer des biotopes dégradés ou d’optimiser des pêcheries sans les surexploiter. Entre 2010 et 2015, il a montré la bétonisation des fonds sous-marins à travers un travail photographique qui renouvelait le genre du paysage, et exposé des sculptures en modèle réduit de ces habitats, comme des « ruines inversées » appelant la colonisation de la faune et de la flore[2].

Nicolas Floc’h appréhende la masse d’eau comme un espace pictural, sensible et immersif, mais aussi en tant que fabuleux régulateur écologique, peuplé de phytoplancton qui participe aux échanges gazeux entre l’air et la mer[1]. « La science permet d’affiner cette compréhension de la couleur qui n’est pas que picturale, formelle ou plastique. C’est une image visuellement abstraite mais fondamentalement concrète, une synthèse et, quelque part, une illustration figurant de grands enjeux de notre société et l’histoire du vivant. »

Les soixante relevés photographiques du littoral du Nord, présentés en grille, passent du brun au vert en adoptant des teintes ambrées, orangées, kaki, absinthe ou encore émeraude. Des variations étonnantes qui doivent beaucoup aux courants de l’estuaire, quand l’eau douce du fleuve devient saumâtre. Nous sommes loin des dégradés des bleus méditerranéens explorés dans une autre série accrochée en ligne[2]. L’imaginaire commun des couleurs de l’eau s’enrichit ainsi des différents monochromes issus des mers, des fleuves et des océans du monde et qui dialoguent dans l’exposition. Un univers visuel étonnant et bigarré, dont l’artiste s’attache à saisir les nuances : des couleurs chaudes liées aux sédiments, matières organiques et inorganiques dissoutes, matières détritiques (résidus de matières), et des teintes allant du bleu au vert déterminées par la densité du phytoplancton.

Le phytoplancton est constitué de l’ensemble des organismes unicellulaires présents dans les eaux de surface (bactéries photosynthétiques et microalgues). Leur sédimentation sur des millions d’années a contribué à la formation du pétrole mais aussi à celle des roches calcaires dont les célèbres pierres bleues du Hainaut. À partir des technologies de modélisation 3D, Nicolas Floc’h a fait réaliser dans cette pierre bleue des agrandissements de diatomées, permettant d’apprécier la variété de leurs formes. L’exposition au Frac Grand Large réunit ainsi, pour la première fois, différents aspects d’une recherche toujours en cours et qui relie la terre et la mer pour mieux traduire les flux invisibles qui nous traversent.

L’exposition « La couleur de l’eau » est réalisée avec le soutien de la galerie Florent Maubert (Paris) et en collaboration avec artconnexion (Lille) qui accompagne Nicolas Floc’h dans ses productions avec la Station marine de Wimereux depuis 2014. Cette exposition s’inscrit en lien avec Lille 3000, dans le cadre du projet « Cette mer qui nous entoure » avec une exposition à l’Espace Le Carré (Lille – 12 mai au 17 juillet 2022) et à artconnexion.

BIOGRAPHIE

Nicolas Floc’h est né en 1970 à Rennes. Il vit à Paris et enseigne à l’EESAB-Site de Rennes.
Ses installations, photographies, films, sculptures ou encore performances questionnent une époque de transition où les flux, la disparition et la régénération tiennent une place essentielle. À partir de projets au long cours, nourris d’expériences, de recherches scientifiques et de rencontres, naissent des œuvres ouvertes, ancrées dans le réel, où les processus évolutifs tiennent la première place. En 2022, Nicolas Floc’h sera résident de la Villa Albertine aux États-Unis afin de poursuivre et compléter son projet La couleur de leau.
Les œuvres de Nicolas Floc’h font partie de la collection du Frac Grand Large — Hauts-de-France depuis 2002 et ont été régulièrement exposées en France et à l’étranger, notamment au SMAK, Gand ; Centre Pompidou, Paris ; MAC/VAL, Vitry-sur-Seine, Palais de Tokyo, Paris ; Fondation Carmignac, Porquerolles ; MAMM, Moscou ; Triennale de Setouchi, Japon ; Musée Kyocera, Kyoto, Japon ; MALI, Lima, Pérou ; Matucana 100, Santiago, Chili.

[1] Toutes les citations sont de Nicolas Floc’h.

[2] Cette œuvre a été exposée au Frac Grand Large dans le cadre de l’exposition « UN AUTRE MONDE///DANS NOTRE MONDE » (cur. Jean-François Sanz, du 9 septembre 2020 au 14 mars 2021).

Artistes

Adresse

Frac Grand Large — Hauts-de-France 503 avenue des Bancs de Flandres 59140 Dunkerque France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022