La couleur de la Grenade

Alexandre Bagdassarian
Exposition
Photographie
Le Bleu du ciel Lyon
La couleur de la Grenade, Alexandre Bagdassarian

« La couleur de la grenade », est un travail de photographie documentaire au long cours hanté par une question : y a-t-il un demain au demain ? Une dérive guidée par le regard vibrant d’une jeunesse née dans les décombres de l’Arménie, héritière d’une Histoire dont la complexité et la violence insondable continue de résonner aujourd’hui. Au coeur de ce rêve bien réel, vers où regarder ? l’Oc- cident, l’Orient, la Russie ? Au milieu des paysages fragmentés, des personnes séparées, vers où naviguer ? Vers une île sans côtes, où se créent toujours les liens qui unissent, les regards qui illuminent, les montagnes qui grandissent.

Complément d'information

À travers les cicatrices des territoires, j’ai aussi en- trevu un invisible : d’un conflit sans témoin, d’un pays face à ses voisins mais aussi face à lui-même et son propre regard.

L’indépendance et la fin de l’URSS 30 ans plus tôt ont laissé un grand vide économique et humain. Les amis sont devenus des ennemis, les Azerbaïdjanais furent chassés d’Arménie et les Arméniens chassés d’Azerbaïdjan. La pre- mière guerre pour l’enclave du Haut-Karabakh (1988- 1994) et le dessin approximatif des frontières n’ont jamais vraiment été surmontés et résolus. Pour les deux côtés, des plaies ouvertes. Le 27 septembre 2020 le conflit resurgit et la deuxième guerre pour le Haut-Karabakh commence. Depuis, la paix est officiellement revenue, mais elle est friable et toujours plus fragile. Les coups de feu, presque chaque nuit le long des frontières, laissent présager une iné- vitable confrontation future. Dans les campagnes le travail est rare, et pour beaucoup d’Arméniens la seule issue est le départ en Russie quelques mois par an pour des emplois dans l’industrie ou l’agriculture principalement.

Cette Russie, si présente par la langue, l’architecture et une omniprésence militaire dans le pays (Le long de la frontière avec l’Iran, avec la Turquie au nord-est et dernièrement, les « gardiens de la paix » Russe pour le Haut- Karabakh et les frontières Arméniennes avec l’Azerbaïdjan).

Inexorablement la démographie chute et beaucoup de jeunes essayent de partir vers l’ouest, idéalisant la dias- pora qui incarne un univers stable et le rêve d’un recom- mencement. Malgré quelques mouvements sociaux, culturels et féministes, ces dernières années (Révolution de velours, 2018), la contestation contre la mauvaise gestion sociale et économique du pays semble s’essouffler. D’un côté l’exhi- bition des richesses de la nouvelle élite, et de l’autre la difficulté à parler de la pauvreté, hantent les arméniens et produisent d’importantes atteintes psychologiques dans une société particulièrement attachée à la dignité humaine.

Plus personnellement, c’est aussi un éveil inconscient, somnambule, d’un sentiment d’appartenance à cette culture, pour laquelle, malgré mon nom, j’ignorai presque tout. Quelques souvenirs d’enfance comme un mélange d’odeurs, d’épices, de visages, et aujourd’hui l’envie de remonter la piste de mes ancêtres et de leurs histoire. De leurs Cilicie natale (province sud de l’ Anatolie), puis partis travailler dans le textile des quartiers arméniens de Bursa dans la province de Constan- tinople, jusqu’aux événements de 1915 qui les conduisirent d’abord vers le Liban avant de rejoindre la France. Aujourd’hui, j’ai seulement un nom et une adresse posée sur une enveloppe et destinés à mon grand-père. Cette rue, et ce numéro, d’Erevan ont été le point de départ de mon projet.

Le titre «la couleur de la grenade» est en partie un clin d’oeil au poète Sayat Nova qui de son temps écrivait dans toutes les langues du Caucase, Russe, Arménien, géorgien et Azerbaïdjannais, tel un pont entre les peuples et une ode à la singulière universelle.

La grenade, symbole doux et âpre, est un fruit très présent dans la société et la culture Arménienne. Ils l’appellent «Fruit du paradis» et leurs légendes disent que regorgent en son coeur 365 pépins,un pour chaque journée de l’année, comme symbole d’éternité.

Commissaires d'exposition

Partenaires

Le Bleu du Ciel bénéficie du soutien du Ministère de la Culture — Drac Auvergne–Rhône–Alpes, de la Région Auvergne–Rhône–Alpes et de la Ville de Lyon

Horaires

Ouverture

du mercredi au samedi de 14h30 à 19h Entrée libre

Adresse

Le Bleu du ciel 12, rue des Fantasques 69001 Lyon France
Dernière mise à jour le 11 septembre 2023