L’édition 2006
La première exposition en France de l’oeuvre de Jan Svoboda et la révélation des photos de Jacob Holdt sur les USA des années 70 - dévoilées ce printemps à la Filature de Mulhouse - sont les événements marquants d’un Été 2006 qui propose de nombreuses découvertes : auteurs et artistes jamais exposés en France, jeunes artistes français, ainsi que les dessins et vidéos du poète Charles Pennequin. Jamais élaborée sur une thématique unique, la programmation de l’Été photographique entrecroise plusieurs axes forts et autorise entre les oeuvres des liens de toutes sortes, plus ou moins apparents, plus ou moins explicites. Dans cette édition 2006, on repère ainsi un axe sur les rapports écriture-image, différemment décliné par Charles Pennequin, Yuri Kozyrev, Jacob Holdt, Renato Bezerra de Mello, Luzia Simons. Le passage du privé au public, du singulier au collectif, qu’il s’agisse de mémoire, d’identité, de relation au monde, sont explicitement au coeur des oeuvres de Renato Bezerra de Mello, Bouvy et Gillis, Élodie Lecat, Beatrice Minda, Charles Pennequin, Bertrand Segonzac, mais sous-tendent à des degrés divers les démarches de tous les artistes et auteurs présents dans cette édition. Sur la question du point de vue, au sens littéral ou figuré, les expositions développent toute une gamme de positions : absence physique de point de vue du scanner utilisé par Luzia Simons pour ses images de tulipes, juxtaposition des points de vue accumulés sans aucun choix par Bezerra de Mello, points de vue fortement affirmés de Svoboda, Minda ou Pennequin sur les réalités dont ils rendent compte, et de Kozyrev sur l’horreur de la guerre, sans oublier le grand écart de Jacob Holdt pour tenter de réunir des points de vue inconciliables. À l’instar des photos de Jan Svoboda, la plupart des oeuvres exposées traitent des relations entre les images et la réalité, les images et nous-mêmes, et des effets de la fréquentation des images sur notre rapport au réel et à nous-mêmes. D’une exposition à l’autre, posées chaque fois différemment, ces questions reviennent comme des leitmotivs. Réunies dans un même parcours, démarches plasticiennes et documentaires s’éclairent mutuellement, ouvrent le regard, incitant par exemple à ne pas réduire les photos de Kozyrev ou de Jacob Holdt à leur valeur de témoignage pas plus que les oeuvres de Luzia Simons ou d’Élodie Lecat à d’élégants jeux formels. Dans cet ensemble composite, c’est le poète, celui qui "dessine comme un nul", Charles Pennequin, qui fait le lien, avec ses mots : "saisi par la rage de redessiner pour soi le monde, le rendre caduque par sa seule écriture, aussi infime soit-elle, aussi démunis que puissent être la parole ou le trait. Il faut réintroduire le cri dans la parole, comme il faut réintroduire le geste dans l’action, et réintroduire la pensée dans la masse des informations qui nous submergent, ces informations qui nous disent comment nous pensons, comment nous agissons, dessinons, comment nous parlons". En 2006, l’Été photographique s’étend à de nouveaux lieux. La bibliothèque-médiathèque municipale, inaugurée il y a quelques mois, accueille des rencontres-apéros et présente les photographies de Frédéric Butel, étudiant à l’école des beaux-arts de Toulouse. Le café-brocante Cigale é Fourmi, propose durant tout l’Été toutes sortes de rendez-vous : des rencontres avec des artistes, des projections en plein air, des fêtes, et même une conférence sans paroles, toute en images. François Saint Pierre
Complément d'information
Autres artistes présentés
Renato Bezerra de Mello, Aline Bouvy et John Gillis, Jacob Holdt, Yuri Kozyrev, Élodie Lecat, Beatrice Minda, Charles Pennequin, Bertrand Segonzac, Luzia Simons, Jan Svoboda.