Kid Nation

Exposition
Arts plastiques
Galerie Frank Elbaz Paris 03

Communiqué de presse, texte de Jill Gasparina Kid Nation est un programme de télé-réalité américain, lancé en 2007, dans lequel des enfants rejouent la vie des pionniers, dans les ruines de la ville de Bonanza au Nouveau Mexique. L’émission a fait scandale, parce que les enfants se blessent, avalent du chlore par erreur, et qu’ils doivent travailler : il n’est pas facile de créer une société autonome de toutes pièces. Si Hugo Pernet et Hugo Schüwer-Boss ont choisi Kid Nation comme titre pour leur exposition, c’est parce qu’ils rejouent eux aussi une histoire – celle de l’abstraction – qu’ils s’approprient avec une extrême facilité et selon des modalités toujours changeantes, qu’il s’agisse de la pure inversion (Négatif), du détournement élégant, de la simple allusion (Souvenir, Ellsworth Kelly, « yellow red curve », 1972), ou de la blague, avec Plan B qui reprend les A d’Olivier Mosset. Ils sont à l’aise : ils ont assimilé toutes les conclusions que les générations successives de peintres abstraits ont tirées de leurs pratiques. La peinture est morte. Elle est injustifiable. Elle est décorative. Et l’abstraction pure n’existe pas, parce qu’elle est toujours en situation, parfaitement intégrée désormais à la vie quotidienne : elle a basculé dans l’imagerie. Ainsi la peinture Blue Crush tire-t-elle sa forme des affiches publicitaires présentes dans les rampes d'escalier de métro. Détail est issu du graphisme des mannequins de crash test. Adidas (OM) reprend les célèbres trois bandes et la couleur de l’ancien maillot de l’Olympique de Marseille. Et les peintures colorées de HIGH SCHOOL (Lockers) sont plus proches de l’univers d’Elephant de Gus Van Sant que de celui de Frank Stella. Et après ? Comment faire une abstraction de kids alors que le modernisme a été revisité jusqu’à l’overdose et que l’histoire est écrasante ? Ne peut-on que jouer à être des pionniers ? Comment peindre sans déférence ni nostalgie ? Yve-Alain Bois proposa une réponse possible – un mélange de drôlerie et d’austérité – lorsqu’il écrivit qu’il faudrait être capable de regarder Full Fathom Five de Jackson Pollock comme un oeuf au plat, tout en déclarant sérieusement vouloir « faire en sorte que l’unité du modernisme telle qu’elle a été constituée par l’opposition du formalisme et de l’iconologie soit criblée de part en part » . Les oeuvres d’Hugo Pernet et Hugo Schüwer-Boss ont aujourd’hui moins à voir avec l’esprit de sérieux, ce corrolaire habituel de toutes les réécritures pieuses du modernisme, qu’avec un mélange de ce type, une gaieté extraordinaire et colorée (des jouets) et une radicalité qui n’est pas sans violence. Une image hantait d’ailleurs les deux artistes lorsqu’ils ont pensé à ce titre, Kid Nation, un récit fictif, un fantasme ballardien et destructeur, des enfants qui jouent dans les ruines du MOMA et qui s’emparent sans gêne des formes qu’ils ont sous les yeux, des sales gosses. Hugo Pernet est né en 1983 à Paris ; il vit et travaille à Lyon. Hugo Schüwer-Boss est né en 1981 à Poitiers ; il vit et travaille à Besançon.

Horaires

Mardi - Samedi, 11h-19h

Adresse

Galerie Frank Elbaz 66 rue de Turenne 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022