Journées du Patrimoine 2009

La dernière grande avant-garde internationale a été créée à Aubervilliers. La naissance de l’Internationale lettriste, le 7 décembre 1952, a commencé par une conférence prononcée par Serge Berna, Jean-Louis Brau, Guy-Ernest Debord, Gill J. Wolman. Le texte a été écrit sur un papier quadrillé puis enroulé dans une bouteille et jeté dans le Canal Saint-Denis à proximité du quartier de la Petite Espagne. Le lendemain, Jean-Louis Brau, - fils de Louis-Emile Brau lequel, grand résistant, fut un adjoint de Charles Tillon à la Mairie -, est retourné sur le lieu et a plongé dans le canal pour récupérer la bouteille. Cinq ans plus tard Guy Debord fondait L’internationale situationniste.
Ce 7 décembre 1952 fut donc la date fondatrice d’un événement qui a ouvert sur un nombre incroyable de pistes : mai 68, les nouvelles utopies sociales et politiques, l’invention d’un nouvel urbanisme, le dépassement des arts, la « construction consciente de nouveaux états affectifs » (notamment la conscience de l’aliénation), la solidarité avec les classes laborieuses et les luttes anticoloniales.
Pendant 10 ans, les Lettristes puis les Situationnistes sont venus régulièrement à Aubervilliers faisant de cette commune l’une des capitales du Situationnisme au même titre que Paris, Hambourg, Amsterdam, Londres.

Au cours de la rencontre du 19 septembre Yan Ciret reviendra sur cette histoire encore peu étudiée du mouvement situationniste, présentera des documents visuels et sonores, des cartes de dérives psychogéographiques et nous permettra de découvrir ce qui a poussé ces jeunes intellectuels à venir à pied de Saint-Germain des Prés à Aubervilliers et en quoi ces « dérives psychogéographiques » ont marqué l’histoire du Situationnisme.

L’écrivain Didier Daeninckx qui vit à Aubervilliers et qui a inclus l’histoire de la ville et du département dans nombre de ses livres dressera une perspective plus large de l’histoire locale à cette époque convoquant et croisant les destins des réfugiés républicains espagnols, de Madeleine Vionnet et du sculpteur Patrice Cadiou avec celle des jeunes fondateurs de l’I.L.

La rencontre aura lieu au Hogar de los Espanoles un centre culturel ouvert dans des bâtiments de l’ancien patronage (église, théâtre, bar) érigé par des hommes et femmes venus d’Espagne pour travailler dans les usines de la Plaine-Saint-Denis. La situation de ce lieu, très proche du Stade de France dans le quartier de la Petite Espagne en pleine mutation, lui confère un caractère insulaire et une force poétique historique et humaine enrichie par les générations successives d’Espagnols et d’autres cultures du monde entier.

Yan Ciret est critique (Art Press), journaliste, producteur à France-Culture, commissaire d’exposition, essayiste. Il a été le commissaire de la grande exposition « Après la fin de l’art » au Musée d’art moderne de Saint-Etienne en 2003. Il est l’auteur de Chroniques de la scène-monde, La Passe du Vent, 2000

Didier Daeninckx est écrivain français, auteur de romans noirs, de nouvelles et d’essais en tout une centaine d’ouvrages basés sur la mémoire historique et un travail de documentation important. En 2009 il a publié Missak (Éditions Perrin), Jaurès : non à la guerre ! (Actes Sud) , L’enfant de l’Affiche rouge, dessins de Laurent Corvaisier, (Rue du Monde), Nos ancêtres les Pygmées, dessins de Jacques Ferrandez, (Rue du Monde)
La rumeur d’Aubervilliers, (Le Temps des Noyaux) et L’Affranchie du périphérique, (Éditions de l’Atelier).