Je me souviens
« Pour soutenir la commémoration du centenaire du génocide arménien, j’ai ressenti la nécessité de mettre en place un projet à la croisée de l’histoire de ce peuple et de l’art contemporain, tant pour défendre des convictions qui me sont personnelles, que pour oeuvrer à la construction d’une mémoire collective.
Frappée par les discours négationnistes et indignée par le révisionnisme encore associé à des faits historiques pourtant avérés, j’ai compris combien la somme d’initiatives individuelles agit comme un garde-fou à l’encontre des dérives mémorielles.
Le soutien spontané témoigné par les artistes a achevé de consolider le projet en le formalisant rapidement en une exposition collective dédiée et c’est d’ailleurs non sans une certaine émotion que j’ai recueilli leur confirmation de participation. S’appuyant sur la prégnance du lien entre image et mémoire, les artistes ont tenté de renouveler les représentations visuelles de ce génocide par les angles de traitement que sont l’identité, le négationnisme, le monument, la transmission, l’éducation... Ce travail, que je qualifierais ici d’engagement, je le salue grandement.
En premier lieu, Lawrence Weiner et son indéfectible soutien. Je l’ai contacté pour l’inviter, spontanément il a accepté et m’a demandé de définir en quelques mots l’esprit de cette exposition. A partir de ces éléments, Lawrence Weiner a tissé une réflexion qui l’a ramené à une oeuvre historique de 1972 intitulée As if it had not.
Connaissant mon implication personnelle dans ce projet, Jonathan Monk et Mounir Fatmi, avec lesquels j’ai eu le plaisir de collaborer auparavant, n’ont pas hésité à m’accompagner, tout comme Esther Shalev-Gerz et Özlem Günyol & Mustafa Kunt. A l’instar des artistes précédemment cités, Triny Prada, Dejan Kaludjerovic, Sophie Bouvier Ausländer, Viet Bang Pham, Lorenzo Puglisi, Aikaterini Gegisian, Pierre Petit et Georgios Xenos ont favorablement répondu à cette invitation, proposant respectivement une oeuvre inédite.
La sous-représentation de l’héritage historique du peuple arménien conjuguée à l’effacement par les bourreaux des traces matérielles du génocide obligent à une quête de la mémoire. C’est pourquoi la somme des actions individuelles ou collectives, nationales ou internationales, contribue à sa reconnaissance publique : les défendre revient à préserver et perpétuer la
mémoire d’un peuple.
Eveiller, informer et éduquer sont les pions incontournables à disposer sur l’échiquier mémoriel pour arrimer la mémoire des paquebots de la diaspora arménienne et nouer les cordages de la sagacité. »
Patricia Kishishian
Commissaires d'exposition
Autres artistes présentés
Sophie Bouvier Ausländer
Aikaterini Gegisian
Özlem Günyol & Mustafa Kunt
Dejan Kaludjerovic
Viet Bang Pham
Triny Prada
Lorenzo Puglisi
Esther Shalev-Gerz
Georgios Xenos