Jangal (...) mon dawa

Exposition
Arts plastiques
Galerie Dohyang Lee Paris 03

Julien, 

 

Je t'écris de ta terre natale, dans le 93, tu l'as vite quittée pour grandir dans les archipels et tu es revenu. Tu as passé plusieurs fois des océans, des bras de mer, des routes, des chemins, des rails, des branches, des tunnels. De ces traversées, tu gardes le rythme des mouvements intérieurs, une façon de relier les choses entre elles, de passer entre ici et là-bas, entre toi et l'île ou la ville que tu habites, entre ta main et les objets que tu saisis, entre toi et ceux à qui tu adresses une oeuvre avec cérémonie. Ici aussi tu ramasses des coquillages, des bois flottés, tu tailles des shorts, tu graves des poèmes dans le bois, tu filmes et montes sur ton téléphone, tu te couples avec des madones, tu dissous les images de l'univers auquel tu t'adresses de ta fenêtre, du train, du chemin.  

 

Ta marraine proche et lointaine. 

Attends je dois courir là, à toute…

 

Balata, en bas de la terre,

en dessous, 

près des racines, tenaces. 

Balata, en beau vertige, 

depuis le haut de la cime.

 

En bas, dans les sédiments, 

du grès sec, archive du temps;

 

poussière. 

 

Il a plu, sur la masse bossue, 

les seins pitons, étendue étouffante. 

 

Poussière, 

et si tout cela était après,

les coupures de presse rouges, 

âpre pression. 

 

Cette chaleur étouffante. 

Je ne parle pas de l'été qui arrive, 

il est déjà trop tard 

pour le navire qui chavire. 

 

Dans la houle, 

mon cœur a fait du tango.

 

Ils ont mis le feu au pavillon (Savare),

pour faire fuir les migrants, 

sur la presqu'île, 

paraît-il ?

 

Comment savoir, 

le pourquoi des braises chaudes ? 

 

Jangal (…) mon dawa. 

 

C'est mon problème, 

je serai toujours l'autre, 

dans la forêt. 

 

À l'égard, de ton langage. 

 

Tu veux vraiment savoir ? 

pourquoi ils croient, 

que je vais leur demander de l'argent ? 

Tu veux vraiment savoir pourquoi 

ces gens ne veulent plus s'asseoir, 

près de moi ? 

 

Je suis ce tas d'histoires, 

sans incidence. 

Puisque tu es encore là. 

 

Je suis ce vieux bout de bois, 

acajou de Cuba, 

et bien que je sois dans ton ici, 

je suis d'une densité rare. 

 

Bien avant le soleil de la guerre, 

avant ces masques salafistes, 

avant Castro, avant l'embargo. 

 

Je suis d'une densité rare, touffue.

Puisque j'ai appris à voir,

à travers l'épaisseur de la jungle.

 

À déceler, l'insecte posé sur la branche. 

 

Balata, en bas de la terre,

en dessous, 

près des racines, tenaces. 

Balata, en beau vertige, 

depuis le haut de la cime.

 

Fallait partir du ciel, 

du reste, étoiles clairsemées au lever du jour. 

Il fallait partir du centre, 

de la ceinture qui nous coupe en deux, 

en haut et en bas. 

Il fallait trouver le point le plus court, 

pour s'éjecter en dehors, 

au plus loin de cette ère inhumaine, 

 

que cache notre atmosphère.(…)

 

 

Emilie Renard et Julien Creuzet

 

Artistes

Horaires

Mardi – Samedi 11h – 13h // 14h – 19h

Adresse

Galerie Dohyang Lee 73-75 rue Quincampoix 75003 Paris 03 France

Comment s'y rendre

Métro 11 : Rambutteau

Métro 4 : Etienne Marcel

Dernière mise à jour le 13 octobre 2022