Jacob Kassay (you)

Jacob Kassay (you)
10 septembre - 22 octobre 2016

La galerie Art : Concept est heureuse d’annoncer la troisième exposition personnelle de l’artiste Jacob Kassay. Pour cette nouvelle série de travaux, l’artiste intègre à la surface et à l’échelle des toiles, le rôle de médiation joué par l’appareil photo, donnant ainsi une densité à l’objectif et aux formats auxquels elles ont été reproduites. Ajustées au ratio invariable du viseur de l’appareil, ces peintures sont des objets fondamentalement modelés par les dispositifs qui permettent de les documenter, calibrés pour rentrer dans les limites imposées par le cadrage. Mettant en évidence et de manière répétée le caractère standardisé du cadrage – sinon implicite – les toiles de Jacob Kassay soulignent à quel point les dimensions d’une oeuvre sont façonnées pour que celles-ci soient photogéniques et taillées pour la circulation sur écrans.

Alors que la transition de l’appareil photo à la toile est assurée en douceur par la mise à l’échelle des peintures, la surface de ces dernières vient bouleverser cet étalonnage. A une certaine distance ces peintures dégagent des couleurs faibles et uniformes qui, à l’approche, éclatent en un champ de pixels multicolores. Matérialisant ainsi l’effet de compression induit par la résolution, ce changement d’apparence, ce passage du compact à un effet diffus à la surface de la toile n’opère que dans l’expérience physique et réelle, et demeure latent dans la documentation photographique.

Cette opacité variable permet à ces toiles d’échapper à la fixité, et leur surface est déterminée par l’intervention de l’appareil photo qui vient doubler leur image. Les pixels les plus foncés de ce motif moucheté arbitrairement sont réintégrés sur la surface originelle, créant un décalage trouble entre la copie et le fichier source. Brouillant la surface des toiles et contrastant avec leur fond homogène, cette duplication du motif induit un sentiment de désorientation, un schisme rétinien qui contraint l’observateur dans la tentative d’isoler les différentes couches de pixels dispersés et superposés. Entre dispersion aléatoire et reproduction à l’identique des pigments qui produisent un mauvais alignement stéréoscopique, les peintures de Jacob Kassay résistent intrinsèquement au processus qui les constituerait en images. Ne subsiste dans cette multiplication qu’une vibration pixellisée.

Dans une réponse inverse à ces peintures étroitement liées au mécanisme de l’appareil photo qui projette ses dimensions – par l’intermédiaire des toiles – sur les murs de la galerie, l’exposition inclut une sculpture fonctionnant en négatif qui modélise un volume interne défini par l’échelle du corps humain. Réalisé grâce à une technique d’imagerie médicale assistée par ordinateur, cette sculpture est le résultat d’un moulage en plomb de sinus nasaux. Placée à l’intérieur d’un des murs de la galerie, elle matérialise les cavités crâniennes par une masse solide et toxique. De la même façon que les motifs des toiles entravent, depuis l’intérieur, la cohérence de l’image, cette sculpture de Jacob Kassay provoque comme une compression matérielle de l’espace prévu pour la respiration, un vide dont on ne prend conscience que lorsque l’action naturelle qui le gouverne est empêchée.

Conjointement à l’exposition, le film APPARENT MOTION (1975) de Paul Sharit sera projeté dans l’espace de la galerie lors de la soirée de finissage, le jeudi 20 octobre 2016. Le film constitue une analogie filmographique aux oeuvres exposées qui attachent une importance similaire à l’échelle de l’appareil photographique/vidéo, à la matérialité particulaire et aux bouleversements rétiniens.