Irina Quinterne

Extinction sans distinction (Erlöschung ohne Erlösung)
Exposition
Arts plastiques
Galerie Pascal Gabert Paris 03

« Cette exposition est une célébration du feu et de la lumière à travers la polychromie comme on en voit rarement dans le paysage artistique. Certains dessins d’Irina Quinterne sont de pures jubilations extatiques de couleurs tel qu’en témoigne Van Gogh et la fleur, où l’on devine le peintre assis sur sa chaise faisant face à une effloraison de vert, de rouge, de bleu et de jaune renvoyant au tournesol, symbole solaire s’il en est. Il fait écho à L’île des morts-l’arrivée, inspiré de la fascinante série de tableaux d’Arnold Böcklin peinte dans les années 1880. Sauf qu’ici le trépas et l’au-delà sont évoqués à travers une explosion chromatique.

Ces dessins sont actifs car ils ont une vibration, une charge et une énergétique toute particulière due à leur fluidité. Une fluidité de la ligne et de la couleur qui devient un véritable flux. Dans ses fréquences les plus hautes, ce dessin-flux confine à une forme d’extase visuelle. Les ondes de ces dessins avec leurs agencements de lignes et de nappes colorées (voir aussi Vater Erde/Père terre ou La Reine du ciel exposée au Grand Palais pour Art Paris du 2 au 5 avril), peuvent opérer comme un véritable soin pour celui qui les regarde. Peut-être s’agit-il d’une sorte de panacée, résultant d’une véritable alchimie des formes, des lignes, des couleurs, du sens et du cœur, à laquelle procède l’artiste.

La dimension alchimique est présente dans l’art d’Irina Quinterne, bien que sous-jacente et cachée. Notamment dans la série Sigismund Freund : Pénus de Milo où l’artiste pratique une langue des oiseaux à la fois textuelle, symbolique et visuelle. Par exemple à travers la relation androgyne et fusionnelle qu’elle établit entre le féminin et le masculin. Ce qui peut nourrir un érotisme assez cru et parfois même torride. Pour ne pas dire brûlant comme avec Kuss-Baiser ou Pénétration bleue-chair ou Mécanisme de la vie. Brûlant comme le Dragon-éclosion que l’on peut relier à l’ouroboros de Midi-minuit qui renvoie au mariage de la lune et du soleil.

A travers le soleil, la lumière, la couleur, les spiritualités et les croyances, mais aussi les bites, les moules, et autres trous de cul, Irina Quinterne réveille les énergies du vivant et des cultures de l’invisible qu’une modernité rationaliste, analytique et matérialiste n’a eu de cesse de vilipender de réduire et d’assujettir à une certaine forme de raison. Cultures de l’Invisible que Freud nommait « la boue noire de l’humanité », en recommandant de ne pas les remuer au risque de remontées nauséabondes. A la fin de sa vie le père de la psychanalyse a regretté ce surplomb méprisant et cet interdit inquisitorial. S’est-il rendu compte qu’en barrant ces dimensions, l’Occident coupait l’humain de toute une mécanistique de la vie et de l’organicité même de sa propre culture ? Au risque de nourrir un processus d’extinction dans lequel nous sommes bel et bien engagés aujourd’hui.

A moins que cette extinction ne soit une libération probable dans la lumière par les feux de l’apocalypse. Le feu par le feu en quelque sorte. Ce que n’exclut pas l’artiste. Il est vrai que l’apocalypse, au sens de révélation, tient une place importante dans le dessin visionnaire d’Irina Quinterne. Comme pour conjurer une extinction du feu sacré qui en appellerait bien d’autres, de manière massive, sans distinction ni salut. »

Extraits du texte de Pascal Pique, Irina Quinterne, Le feu sacré du dessin, 2020

Artistes

Horaires

L'exposition est accessible jusqu'au 26 mai uniquement sur rendez-vous, puis du mardi au samedi de 14h30 à 19h.
N'hésitez pas à nous contacter par email: galerie.gabert@wanadoo.fr

Tarifs

Entrée libre

Adresse

Galerie Pascal Gabert 11 bis rue du Perche 75003 Paris 03 France

Comment s'y rendre

Métro

Ligne 8 arrêt Filles du Calvaire ou Saint-Sébastien Froissart
Ligne 1 arrêt Saint-Paul ou Hôtel de Ville

Dernière mise à jour le 13 octobre 2022