Implants - Exposition de Christine Maigne

Communiqué de presse

Christine Maigne questionne les rapports paradoxaux que peuvent entretenir le naturel et l’artificiel. Pendant sa résidence, elle s’est consacrée à l’élaboration de différentes cultures susceptibles d’être implantées dans la galerie de L’H du Siège. Le projet, de type expérimental, porte sur un principe d’introduction d’éléments organiques dans un lieu inerte. L’objectif est donc de faire pousser des implants dans un lieu non dévolu à la pousse et à priori stérile pour qu'il devienne milieu. Dans la galerie, les murs blancs ont été désignés comme support pour le développement des différents organismes mis au point par l'artiste.

Partant de l'analyse d'un ensemble de jardins ouvriers comme corpus de références, elle en a tiré une série de règles et de principes pour élaborer son système d'implants et dégager les notions de macro et de micro structures. Soit :
- une structure organisée géométriquement et partition d'un terrain en zones égales, à partir desquelles l'artiste constitue une trame générale.
- un système en évolution constante par l'organicité des éléments et ses débordements.
- la définition des besoins et comportements des implants pour la pousse.

Pour Christine Maigne, l'occupation d'un territoire tel que l'appliquent les jardins ouvriers fait directement écho à la situation dans laquelle se trouve l'artiste en résidence : attribution d'un espace délimité dans lequel le jardinier/l'artiste peut "résider" et qui nécessite un apprivoisement quotidien. Comme le souligne le philosophe et sociologue Daniel Cérézuelle "Il faut qu'un jardin soit un lieu de production de beauté, mais tout humain a besoin de maîtrise de son espace, même si c'est un micro espace qui lui est concédé"1. Pour apprivoiser cet espace, Christine Maigne introduit un rapport de plus en plus ténu entre la réalité et la fiction :
"Différents spécimens sont à l'étude : les tubulés (les touffes, les épis, les raies), les tubercules (les longs, les ronds), les implants plats [...] On commence à cerner leur besoins. Par exemple, ils semblent apprécier particulièrement la lumière artificielle qu'ils transforment en chaleur. C'est pourquoi dans les différentes implantations, on tente de ménager les conditions les plus favorables en stimulant la pousse par l'apport de néons."(Christine Maigne)

Elle invente ainsi un système de classification dont la résonance relative à des espèces connues, végétales ou animales, n'est que partiellement applicable. De nature ambigüe, ces implants sont exclusivement réalisés à partir de matières synthétiques de couleur noire (nylon, caoutchouc, impressions photographiques). Placés sur la surface blanche rythmée par l'installation de néons, leur présence tend à rappeller l'univers des laboratoires de recherche et les manipulations du vivant par l'être humain, et les incertitudes qu'ils engendrent dans notre perception de la nature.


Une série de pages web accompagnant le projet de Christine Maigne sera accessible à partir du site www.hdusiege.org à partir du 15 décembre 2004. On pourra y trouver en particulier des photographies des différents spécimens (Implants, Gros plans), les premiers projets d'implantations (Plans d'implants), l'évolution d'une implantation ou encore un accéléré de la pousse sous l'effet de la lumière.

1 Daniel Cérézuelle et l'association Les jardins d'aujourd'hui, "Jardinage et développement social", Edition Charles-Léopold Mayer, Document n°10, novembre 1999