ICI SONT LES DRAGONS 2/3 : VENEZ COMME VOUS ÊTES
Emprunté au groupe Nirvana, Come As You Are, le slogan français du champion mondial de la restauration rapide standardisée semble inviter à la diversité. S’il enjoint à venir, il semble laisser libre d’être. En se focalisant sur ceux qui « viennent », ou plutôt qui « doivent venir », on en oublie d’où « vient » ce qu’on y mange.
Si la mondialisation se définit académiquement par la libéralisation de la circulation des marchandises, des capitaux et des personnes, on observe que les deux premiers circulent (et donc « vont ») bien plus librement que les troisièmes, à l’exception notable des voyageurs d’agrément – donc consommateurs. À l’opposé, les circuits empruntés par les personnes sont étonnamment bien mieux connus que ceux pris par les deux autres, comme l’ont montré de récents scandales agroalimentaires, autant que financiers.
Pourtant, c’est bien la promesse d’ubiquité qu’on nous vend. Tout le monde doit aller, ou venir, partout, et partout retrouver le même environnement rassurant fait des mêmes productions humaines, à commencer, donc, par la même nourriture. Une ubiquité promise qui entretient l’impression que l’humain partout a posé sa marque, que la nature elle-même n’est plus qu’un produit humain, y compris celle que l’on daigne alors encore « préserver ».
La seconde exposition du cycle propose les travaux d’artistes qui se font mythologues, en une tentative de cartographie des circuits mondiaux de distribution des biens et des capitaux, de démêler l’écheveau compliqué qu’ils constituent, par terre, par mer et par clouds.