Huitième biennale d’estampe contemporaine
Matière mystérieuse surgissant de la nuit des temps, l’eau déploie sur notre planète toutes ses nuances de transparences et de subtilités.Dans les gravures présentées pour la 8e biennale d’estampe contemporaine, ici les noirs de l’encre sont le pendant à la transparence de l’eau. Au coeur du vivant, diaphane, le noir et le blanc se jouent des jeux de miroirs, de reflet, de symétrie. Aléatoire, l’eau circule dans le format, calme, imprégnant le papier depuis l’encre du pinceau ou l’encre taille douce, elle figure sous forme d’ondulations noires émergeant ou enveloppant des formes mi-humaines ou végétales comme le mouvement d’une chevelure dans l’eau. L’eau participe, habite et envahit l’image. Quand l’eau disparaît, tout est pétrifié, fossilisé et le vivant se fige, les visages sont fantomatiques, les regards lointains et vidés de leur présence si puissante. Que reste t-il encore de la vie? les os? Pour combien de temps?Le flux de l’eau se fait fil conducteur et guide le choix de ces 4 artistes ici rassemblées au centre d’exposition Les Réservoirs. Il s’agit de l’ ancien réservoir d’eau de la ville de Limay datant de 1867. La gravure est un discours de l’empreinte à travers lequel chacune témoigne à sa manière du vivant qui façonne notre monde. Ainsi, Christine Bouvier développe un travail autour des notions de temps, de souvenir et d’image, Cécile Marical dédie sa création à la fragilité de la condition humaine et s’interroge sur la trace d’un «passé qui ne passe pas», Pascale Parrein explore des mondes invisibles à l’oeil nu, des «petites choses» microscopiques, et Ayda-Su Nuroğlu établit un dialogue entre l’Orient et l’Occident tout en vagabondant entre l’homme et l’animal.