Hommage aux maîtres

Centenaire de Jesus Rafael Soto et Carlos Cruz-Diez
Exposition
Arts plastiques
Espace Meyer Zafra Paris 04
Jesus Rafael Soto, Vibration Coquilles, 1996, 162 x 162 x 17 cm (63,8 x 63,8 x 6,7 in), Paint on wood and metal, nylon. Courtesy Espace Meyer Zafra. Photo: David Bordes© Jesús Rafael Soto / ADAGP, Paris. 2023

Jesus Rafael Soto, Vibration Coquilles, 1996, 162 x 162 x 17 cm (63,8 x 63,8 x 6,7 in), Paint on wood and metal, nylon. Courtesy Espace Meyer Zafra. Photo: David Bordes© Jesús Rafael Soto / ADAGP, Paris. 2023

Le Vénézuéla commémore cette année le Centenaire de la naissance de deux grands maîtres de l’art cinétique, Jesus Rafael Soto et Carlos Cruz-Diez. À cette occasion, Espace Meyer Zafra, galerie défendant l’abstraction géométrique du Vénézuéla depuis plus de 20 ans, a le plaisir de présenter une exposition collective intitulée Hommage aux maîtres. Des oeuvres historiques de Carlos Cruz-Diez et de Jesus Rafael Soto seront accompagnées d’oeuvres d’artistes aux liens plastiques évidents tels que Yaacov Agam, Francisco Salazar, Manuel Mérida, Piotr Kowalski et Armando Reveron.

 

« Prendre un élément, une ligne, un peu de bois ou de métal, et le transformer en lumière pure » : par ces mots de Jesus Rafael Soto, nous pouvons appréhender sa conception artistique. Que cela soit dans l’oeuvre ici présentée Vibration Coquilles réalisée en 1996 ou dans les deux Ambivalences Carré Noir de 1991 et Verde y Tabacco de 1994, nous retrouvons ces éléments générant des illusions déroutantes. La première oeuvre citée est composée d’un rectangle rose dans la partie supérieure et d’une trame, dans la partie inférieure, par-dessus laquelle sont superposées des tiges métalliques suspendues. Au gré du mouvement du spectateur, ces tiges disparaissent et apparaissent donnant un aspect particulièrement vibratoire à l’oeuvre. Les deux autres oeuvres font partie de la série des Ambivalences. Influencée par Piet Mondrian, cette série génère une illusion de l’espace. Les carrés, placés en relief de l’oeuvre, avancent ou reculent selon le mouvement du spectateur.

 

Deux oeuvres de Carlos Cruz-Diez seront présentées au sein de cette exposition hommage. La première est une Physichromie. Inventé en 1959, le principe de cette série consiste à révéler certaines circonstances et conditions de la couleur. Comme l’indique le studio de Cruz-Diez, la Physichromie agit comme un « piège à lumière » dans un espace où une série de trames de couleur interagissent et se transforment au contact des unes et des autres, générant de nouvelles gammes chromatiques non présentes sur le support. La Physichromie 2567 que nous présentons est divisée verticalement en trois bandeaux recouverts de lamelles de PVC générant un rendu monochrome bleu d’un profil et orange de l’autre profil. La seconde oeuvre exposée est un multiple édité par la Galerie Denise René en 1968. Le multiple est novateur à cette époque où l’art cinétique est en plein essor. La Chromointerférence Série C est une oeuvre motorisée au sein de laquelle une première trame circulaire se meut en balancier devant une trame aux mêmes nuances chromatiques, provoquant un trouble de la vision du spectateur.

 

Yaacov Agam était déjà une figure sur la place de Paris lorsqu’il rencontra Jesus Soto qu’il l’introduisit à la Galerie Denise René et c’est ainsi que se nouent des liens forts entre eux. Comme tout mouvement artistique du XXème siècle, les artistes cohabitent ensemble et s’inspirent mutuellement du travail les uns des autres. Les deux oeuvres présentées au sein de cette exposition montrent cette préoccupation pour la participation du spectateur. Comme dans l’oeuvre de Carlos Cruz-Diez, le visiteur se déplace devant l’oeuvre afin d’en découvrir une autre. Si dans le travail de son contemporain vénézuélien, c’est uniquement la couleur qui change, chez Yaacov Agam, la forme se transforme en atteignant une quatrième dimension. Que cela soit dans l’oeuvre intitulée Metzulot (Fond marin), une peinture à l’huile sur aluminium, ou dans l’oeuvre Espoir, une huile sur soie, l’image que nous voyons au premier regard se transforme totalement au-gré de notre déplacement.

 

L’oeuvre de Francisco Salazar rejoint cet hommage dans la recherche sur la lumière. Dans l’oeuvre Dématérialisation réalisée en 1975, chaque espace est constitué d’infimes variations de valeurs lumineuses, d’espaces où la lumière change constamment. Son travail est rythmé d’atmosphères positives et négatives activant l’aspérité du support même qui est le carton ondulé. De plus, par un travail exercé sur ce carton, Salazar ajoute des reliefs contribuant ainsi à générer davantage de phénomènes lumineux grâce à l’interaction entre les ombres.

 

Né en 1937 au Vénézuéla, Manuel Mérida est l’un des artistes cinétiques de la deuxième génération. Par son travail au sein de l’atelier parisien de Carlos Cruz-Diez, Mérida y apprendra les principes élémentaires du cinétisme. Moins strict que ses maîtres, Mérida ajoute un aspect mattériste à ce mouvement artistique. Par l’utilisation de matières diverses (pigments, sable, cendre, débris, particules métalliques, bois peint) au sein de ses cercles mobiles, Mérida place le hasard au centre de son travail. Il utilise cette potentialité pour créer une oeuvre en perpétuelle transformation.

 

Tout comme Yaacov Agam, Piotr Kowalski vient d’une autre partie du monde, mais il s’inscrit bien dans cette mouvance. Proche des vénézuéliens et notamment de Manuel Merida, il participe aux côtés de Cruz-Diez, Soto et Agam aux plus grandes présentations cinétiques (Lumière et Mouvement, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, 1967 / Dynamo, Grand Palais, Paris, 2013). À l’image des travaux des artistes cités précédemment, sans participation du spectateur, l’oeuvre de Piotr Kowalski n’a pas raison d’être. Le néon Perspective a en commun avec l’art cinétique l’abandon de la notion de peinture et de sculpture traditionnelle. En 1973, alors qu’il travaille sur les mots de lumière, Kowalski représente ici le mot Perspective, inscrit dans un tracé perspectif - les lettres grossissant à mesure que s’écrit le mot. L’oeuvre vise à critiquer cette perception classique, centrale dans la pensée occidentale.

 

Exceptionnellement, à l’occasion de cette exposition, nous avons choisi de présenter une oeuvre historique d’Armando Reveron, artiste latino-américain considéré comme l’un des plus importants du 20ème siècle. La période blanche de l’artiste aura sans aucun doute marqué les artistes cinétiques dans leurs réflexions sur la lumière et la vibration (plus particulièrement Francisco Salazar comme le démontre Sebastian Sarmiento). Le paysage intitulé El Tamarindo, appartenant à sa période sépia, relate une lumière donnant un aspect particulièrement abstrait à l’oeuvre.

 

Dans cet hommage rendu aux maîtres à l’occasion de leur Centenaire, l’exposition tend à montrer l’importance du phénomène lumineux dans l’art cinétique, car n’importe quelle modification de la lumière altère de manière si subtile les rapports établis, qu’un seul tableau se convertit en une chaîne d’évènements visuels.

 

Horaires

Du mardi au samedi

De 11h à 19h

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Espace Meyer Zafra 4 rue Malher 75004 Paris 04 France

Comment s'y rendre

Ligne 1: Saint Paul

Dernière mise à jour le 19 septembre 2023