Gymnase nihiliste

Thibaud Croisy
Gymnase nihiliste

9 novembre - 14 décembre 2013

Séance publique inaugurale ouverte à tous
samedi 09 novembre
à 14h

Séances à huis clos
samedi 23 novembre
samedi 07 décembre
samedi 14 décembre
de 14h à 17h

Entrée libre
Participation au Gymnase gratuite et rémunérée,
soumise à inscription et tirage au sort

www.cacbretigny.com/gymnase



Le Gymnase nihiliste est une assemblée de spectateurs chargée d’examiner plusieurs projets d’art vivant destinés à voir le jour. Les membres de ce Gymnase, au nombre de dix, s’engagent dans un processus de travail collectif pour analyser les enjeux de chaque projet, la place qu’ils occupent dans le parcours de l’artiste et leur inscription dans le paysage culturel. Au terme de ses investigations et de ses débats, le Gymnase retient un projet dont il suspend définitivement la mise en œuvre et qui ne sera donc jamais réalisé.

Comme son nom l’indique, ce Gymnase est nihiliste : il cherche à empêcher tout passage à l’acte, toute exploitation commerciale et, par conséquent, à ne produire aucune dépense, aucun fait social (aucun succès, aucun échec, aucune tournée). Il vise avant tout à soustraire une production au marché et il le fait en maintenant un projet à l’état de pure potentialité.

Ce dispositif propose donc une réflexion sur les conditions et les formes d’existence d’une œuvre – notamment sur ce qui différencie sa forme conceptuelle de sa forme matérielle. Il s’intéresse ainsi à ce qui devait être vu, éprouvé, vécu mais qui ne le sera jamais ; il observe comment ce qui a été interrompu, compromis, inachevé, peut continuer à vivre dans les mémoires, dans un imaginaire – et peut-être acquérir une densité accrue au regard de ses ambitions initiales. Quoi qu‘il en soit, le spectacle prévu n’advient pas et laisse la place à la somme infinie des possibles qu’il aurait pu susciter dans la vie des artistes comme dans celle des spectateurs.


Quatre artistes ont accepté de soumettre un projet au Gymnase :
Patricia Allio & Éléonore Weber, Yan Duyvendak et Thomas Ferrand.

Depuis le mois de janvier 2013, date à laquelle le CAC Brétigny s‘est engagé comme producteur de ce projet, je rencontre différents artistes de la scène contemporaine qui remplissent des critères préalablement établis :
1. être l‘auteur de créations originales – et non exclusivement metteur en scène ou chorégraphe d’œuvres de répertoire. Ces artistes créent ce que l’on appelle des « formes contemporaines », c’est-à-dire pluridisciplinaires, hybrides et qui échappent volontiers à un genre donné.
2. produire des pièces depuis plusieurs années, de manière relativement régulière et dont les tournées sont plus ou moins importantes. Ces artistes sont donc fréquemment programmés par des établissements culturels et reconnus par des institutions et des publics.

Au cours des rendez-vous qu’ils m’accordent, je leur présente le fonctionnement du Gymnase nihiliste et leur propose de lui confier un de leurs projets.
Trois cas de figure se présentent à eux. Il peut s’agir :
1. d’un projet en cours de production et pour lequel des dates de représentation sont déjà prévues ;
2. d’un projet qui n’est pas encore produit mais qui a déjà été introduit sur le marché, c’est-à-dire pour lequel des contacts ont déjà été établis avec d’éventuels producteurs et/ou collaborateurs artistiques ;
3. d’un projet qui n’a pas encore été introduit sur le marché, qui n’existe peut-être que dans leur imaginaire mais qu’ils comptent réaliser prochainement.
Dans tous les cas, ce projet doit préexister à ma demande (l’artiste ne doit pas en inventer un pour l’occasion) et il est important que son auteur éprouve une forme de désir pour lui, même si ce projet n’est pas encore pris en charge par une institution.

Transmettre un projet au Gymnase nihiliste revient à lui léguer un certain nombre de matériaux et, ce faisant, à envisager la possibilité que le projet auquel ces matériaux se rapportent ne voie jamais le jour. En les transmettant, l‘artiste accepte de collaborer avec les membres du Gymnase et de prendre acte de leur future décision.
Ces matériaux, qui attestent aussi de l‘existence du projet, doivent être au moins au nombre de deux. Le premier, écrit, doit fournir des renseignements sur le projet en question (le format et la longueur de ce texte restent libres). Le second est un document à caractère visuel dont le lien avec le premier est librement déterminé par l’artiste. Cette transmission est rémunérée par le producteur de chaque occurrence du Gymnase nihiliste (ici, le CAC Brétigny).

Les artistes lèguent donc au moins deux matériaux au Gymnase. Néanmoins, ils peuvent ajouter d’autres pièces, brutes ou légendées. Par exemple, il leur est possible de livrer des matériaux dont ils ne sont pas les auteurs mais qui ont contribué à les inspirer, à nourrir leur imaginaire, leur réflexion, à faire naître en eux une projection, une représentation, l’idée d’une pièce (ce peut être un livre, une photographie, une exposition, un film, un morceau de musique, un événement politique, un souvenir, etc.). Il est aussi envisageable de remettre au Gymnase une ou plusieurs composantes susceptibles d’être directement utilisées dans la création à venir : un texte, une partition, les coordonnées d’un espace, un enregistrement sonore, le nom d’un interprète ou d’un collaborateur, etc.

Enfin, pour que la collaboration puisse se faire de manière vivante, chaque artiste est invité au CAC Brétigny pour un échange avec les membres du Gymnase.

Dès que trois artistes ont accepté de s’impliquer dans ce dispositif, un appel à participation est publié par le CAC Brétigny afin de pourvoir les sièges du Gymnase.
Pour répondre à cet appel, il est demandé d’avoir une pratique régulière de spectateur – au sens large du terme – et de porter une attention particulière aux arts vivants (théâtre, danse, performance, etc.). Tout le monde peut y répondre, à l’exception des personnes exerçant des responsabilités dans la programmation de spectacles.

Pour que le Gymnase reste à taille humaine et afin de garantir une bonne circulation de la parole entre ses membres, les sièges sont limités au nombre de dix. Dans le cas où plus de dix personnes répondent à l’appel, les membres du Gymnase sont désignés par tirage au sort, en leur présence, au CAC Brétigny.

Une fois constitué, le Gymnase se réunit pour quatre à cinq séances au cours desquelles ses membres travaillent sur les trois projets transmis par les artistes mais aussi sur l’ensemble de leur œuvre. Ce travail passe par la prise en compte d’un certain nombre de documents (textes, interviews, photographies, vidéos, etc.) mais aussi par des conversations, des débats et un entretien avec chaque artiste. Dès le début du processus, les membres du Gymnase en connaissent le terme : ils savent qu’ils devront retenir l’un des trois projets dont ils suspendront définitivement la mise en œuvre mais il leur revient, pendant les séances, d’en déterminer les causes, les raisons, et de les discuter entre eux, de s’en expliquer.

Pour ma part, je n‘interviens pas de manière partisane dans les débats mais le son de chaque séance du Gymnase est enregistré de sorte que je puisse procéder aux comptes rendus des discussions et les soumettre aux dix membres du Gymnase pour validation ou rectification. C’est à partir de ces comptes rendus que s’élabore le rapport qui sera remis personnellement aux artistes et porté à la connaissance du public. Les membres du Gymnase, eux, perçoivent une gratification pour leur travail et leur investissement.

Avant de se dissoudre, le Gymnase désigne le projet qu‘il suspend définitivement.
Les deux autres, en revanche, sont remis à leurs auteurs et peuvent continuer leur déroulement propre.

Thibaud Croisy

Tarifs :