Gérard Traquandi

Réjouis-toi ...
Exposition
Arts plastiques
Galerie Catherine Putman Paris 04
"Réjouis-toi", 2020 - xylographie, série de 5 planches en 5 couleurs, 21 x 15 cm

La galerie Catherine Putman est heureuse de présenter « Réjouis-toi ! » de Gérard Traquandi. 
Cette exposition fait la part belle au travail sur papier de l’artiste et s’inscrit dans l’histoire de la collaboration singulière entre Gérard Traquandi et la galerie.

A l’occasion de l’édition en 2020 d’un portfolio de xylographies, la galerie présente une part importante des gravures de l’artiste qu’elle a éditées depuis vingt ans, accompagnée d’une sélection de dessins et monotypes.

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« Gérard Traquandi s’est toujours passionné pour les zones obscures de l’art, entre l’unique et le multiple, entre l’original et la reproduction. Ses simili-gravures, ses phototypies, ses 
résinopigmentypes, ses gommes bichromatées, se tiennent à mi-chemin entre la photographie et l’estampe, entre le dessin et l’image imprimée » écrivait en 1997 Jean-Pierre Angremy dans 
l’introduction du livret publié à l’occasion de l’exposition que la Bibliothèque Nationale consacrait aux impressions de l’artiste marseillais. Bien que n’ayant plus de rapport avec la photographie, les gravures, monotypes, transferts et dessins préparatoires que l’artiste expose aujourd’hui à la galerie Catherine Putman bousculent toujours les limites des genres et des catégories. Ces oeuvres sur papier, érudites et sensuelles, subtiles sous leur apparente simplicité, témoignent de l’art confirmé de l’estampe de Gérard Traquandi.

« Réjouis-toi »

Ces premières paroles adressées par l’archange Gabriel à la Vierge dans le récit de l’Annonciation, «représentation du mystère de l’Incarnation, de l’irruption de l’incommensurable dans le monde réel» , forment le titre, repris pour l’exposition, du  portfolio de xylographies en clair-obscur sur le thème des cinq sens que Gérard Traquandi a récemment réalisé pour la galerie Catherine Putman. Inspirées de l’esthétique précieuse des estampes imprimées en « chiaroscuro » de la Renaissance et du maniérisme italien, chaque planche est composée dans une gamme tonale limitée à deux couleurs, délicates demi-teintes, dont la superposition (planche de trait et planche de teinte) produit ombres et lumières, volume et mouvement. Dans un mélange inédit de sacré et de profane, Traquandi convoque l’iconographie religieuse pour suggérer chacun des sens :  la silhouette tout juste esquissée de la Vierge de l’Annonciation tendant l’oreille pour l’ouïe, ou celle de l’apôtre Thomas se penchant sur le corps du Christ pour le toucher. Les motifs, légers, ramenés à l’essentiel, cadrés serrés, mouvement, geste, semblent produits au pinceau, à la manière du dessin au lavis avec lequel la gravure en clair-obscur a toujours flirté. Ces xylographies sont le fruit d’un lent processus de composition-décomposition de l’image que laissent deviner les dessins préparatoires présentés avec les planches du portfolio. Le dessin est au coeur du travail de Traquandi. Partant de croquis saisis sur le motif, dans la nature ou au musée, ici des scènes peintes ou sculptées dont le trait ininterrompu du stylo enregistre les rapports de masse et les rythmiques, l’artiste construit ses images en jouant des décalages et contretemps propres aux techniques d’impression. Issus de ces procédés indirects, les gravures, les aquatintes ou les transferts semblent porter le souvenir des sensations saisies dans le croquis.

La lumière et le rythme

Un triptyque d’aquatintes en noir, vert et orange, sans titre, restitue la magie des vibrations de la lumière sur les grandes fenêtres du Louvre. Bruns tourmentés ou roses transparents, des lavis d’aquatinte composent de merveilleux paysages abstraits, ciels d’orage ou de soleil couchant, sur lesquels, parfois, s’inscrivent les arabesques d’une ligne d’eau forte.
On retrouve dans les estampes de Gérard Traquandi les subtiles harmonies chromatiques de ses peintures. On y voit aussi l’attention extrême portée au choix des papiers, mats ou nacrés comme dans la série imprimée sur Chine collé sur laquelle le délicat trait de pointe sèche suggère le frémissement d’une branche de pin.  Dans les monotypes, le procédé de transfert des motifs sur la feuille depuis un fond monochrome (à la façon du papier carbone) confère une délicate fragilité aux motifs de feuillage, fruits et fleurs qui enchantent par leur grâce et leur musicalité. 
 

Cécile Pocheau Lesteven
(Juillet 2020) 
Conservateur en chef 
des estampes contemporaines et livres d’artistes
à la BnF

 

Horaires

du mardi au samedi de 14 à 19 heures

Adresse

Galerie Catherine Putman 40 rue Quincampoix 75004 Paris 04 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022