Géographies

Passerelle Centre d’art contemporain propose la première exposition monographique de Sean Scully (1945, Irlande) en Bretagne. Artiste incontournable de l’abstraction depuis les années 1970, il a développé une peinture à contre-courant de l’art minimal et conceptuel qui était en vogue alors. Liberté et émotion sont ses maîtres-mots et infusent son art tout entier. La grande force de Scully est de réussir à projeter les regardeurs quelque part dans un monde de sentiments. Son œuvre est une plongée, une expérience marquante, une alternative à la réalité ; les êtres humains, même s’ils ne sont pas représentés, se trouvent au cœur de sa peinture,  constructions emblématiques de grilles et de bandes de couleurs.

Sean Scully n’est pas l’un de ces artistes voyageurs qui papillonne en permanence de ville en ville, de région en région, tout en consommant les environnements. Il est de ceux qui restent, qui prennent du temps, qui laissent les paysages et les ambiances se mêler peu à peu à sa peinture. L’exposition « Géographies », présentée à Passerelle Centre d’art contemporain, aborde l’immense œuvre de Sean Scully par un prisme inédit. Il s’agit d’envisager des lieux de vie et des affections qu’il a développé pour des endroits particuliers.

La Grande-Bretagne, où il a grandi et commencé à travailler comme typographe dès ses 15 ans puis où il entreprend des études d’art, est le théâtre de ses premières expérimentations sur le motif de la grille très influencé par un séjour formateur au Maroc. L’Irlande, sa terre natale, est évoquée à travers la littérature tandis que les Etats-Unis, où il s’est installé dans les années 1970, sont, pour Scully, l’occasion d’aborder une question de société, notamment avec la série de peintures Ghost. L’artiste y dénonce la prolifération des armes à feu et le recours permanent à la violence. La lumière du Mexique et ses sites archéologiques mayas, qu’il découvre dans les années 1980, infuse durablement sa peinture. La rigueur philosophique de l'Allemagne, où il a enseigné à l'Académie de Munich de 2002 à 2007, ainsi que la lumière et l'histoire de l'art de l'Espagne, où il a également eu un atelier pendant de nombreuses années, ont également eu une influence sur sa peinture. Un corpus plus récent, figuratif, raconte l’histoire familiale dont celle de son fils à travers l’île d’Eleuthera. Enfin, la France, pays que Scully chérit, est convoquée notamment à travers de son histoire de l’art et ses paysages.