FRANZ ERHARD WALTHER

ARCHITEKTUR MIT WEICHEM KERN
Exposition
Arts plastiques
MUDAM Luxembourg

FRANZ ERHARD WALTHER

ARCHITEKTUR MIT WEICHEM KERN

Exposition du 7 mars au 31 mai 2015

Commissaire : Marie-Noëlle Farcy

 

Franz Erhard Walther développe sa conception de l'oeuvre à partir de la fin des années 1950,

période où de nombreux artistes commencent à questionner les conditions de la création

artistique. Les formes traditionnelles de l'art ne parviennent pas à traduire ses intérêts artistiques

d'alors ; en revanche, les processus d'utilisation du matériau, l'action ou encore la forme

d'exposition constituent pour lui de passionnants champs d'exploration permettant d'aborder

pleinement la définition de l'oeuvre.

 

Reconnaissant à l'art un caractère immatériel et performatif, Franz Erhard Walther identifie sa

manifestation dans le processus d'action individuel – tant corporel que mental –, singularisant

le rapport des participants aux travaux présentés. Ainsi, le rôle de l'artiste n'est plus celui d'un

créateur d'oeuvres porteuses de sens, mais bien celui d'un instrument rendant possible le vécu

personnel et conscient d'expériences esthétiques. Les travaux de jeunesse, parmi lesquels

Versuch, eine Plastik zu sein (Tentative d'être une sculpture, 1958), annonçaient déjà une telle

approche. Après plusieurs années d'expérimentation sur divers matériaux et avec la découverte de

la technique de la couture, cette réflexion aboutit en 1963 à la naissance d'une méthode de travail

répondant parfaitement aux exigences de Franz Erhard Walther en termes de forme. 1. Werksatz

(Série d'oeuvres n° 1) rassemble les résultats de cette pratique jusque 1969. Les 58 éléments

cousus en toile qui la composent sont appelés « pièces opératoires » ou « pièces d'action » par

l'artiste. À ses yeux, il s'agit là de simples « formes » définissant des modèles d'action concrets

et devant être physiquement manipulées par un ou plusieurs acteurs pour que se manifeste le

caractère d'oeuvre, lui-même constamment lié à l'action.

 

D'innombrables dessins, dont une sélection est présentée dans l'exposition, ont préparé et

accompagné 1. Werksatz. Ce travail est généralement présenté sous forme de « stockage », ou par

la mise à disposition de pièces opératoires individuelles nécessitant une activation concrète. En

1972, Franz Erhard Walther crée 45 Schreitbahnen (Pistes pédestres) – un motif qu'il explorera par

la suite à travers de nombreuses variantes. Que ce soit dans 20 Schreitbahnen (1975-77), Gesang der

Schreitsockel (Chant des socles pédestres, 1975-77) ou dans les différents travaux sur les formes

spatiales, dont les éléments sont eux aussi rassemblés en « stockage » ou séparés pour être

activés, c'est toujours la possibilité d'une utilisation, induisant des expériences spécifiques dans

l'espace, qui est au premier plan.

 

Dès les pièces d'action de 1962-63 et le radical 1. Werksatz, Franz Erhard Walther fait reposer le

caractère d'oeuvre d'une pièce tout autant sur l'action concrète que sur celle dont l'exécution

resterait uniquement potentielle ou dont le déroulement serait purement mental. Les

actions opératoires et le « dépôt » ont toujours eu la même importance. Toutefois, avec les

Wandformationen (Formations murales) créées à partir de 1978, son travail accorde une place

grandissante à des éléments de nature picturale et architecturale dont l'activation physique n'est

plus dictée par sa compréhension de l'oeuvre.

 

Les formations murales Statt einer Rede (Au lieu d'un discours, 1981), Neuere Geschichte erweitert

(Extension de l'Histoire moderne, 1981-82) et Die Erinnerung untersockelt (Drei Zitate) (La mémoire

sur socle [Trois citations], 1983) sont des travaux conçus à l'échelle humaine proposant au spectateur

trois stations distinctes : « devant, au seuil et dedans ». En fonction de la position occupée, la participation

active du spectateur varie pour s'intensifier jusqu'à pénétrer l'oeuvre, étape correspondant à une « lecture

corporelle » et à l'activation qui lui est associée.

 

À la suite des formations murales, Franz Erhard Walther réalise une série de travaux muraux

morcelés en éléments de petites dimensions. En réponse aux regrets fréquemment exprimés quant

à son retour vers une compréhension conventionnelle de l'oeuvre, Franz Erhard Walther réaffirme

son intérêt inépuisable pour une thématique qui, malgré son apparente banalité, fut au coeur des

débats artistiques pendant tout le 20e  siècle : la définition d'une oeuvre. Élaborés à partir de dessins

opératoires et de diagrammes issus des années 1960, ces travaux lui permettent d'explorer les

différents états d'une oeuvre d'art : si Ruf an den Modelleur  (Appel au modeleur, 1986) suggère

encore des possibilités participatives, Plastischer Text  (Texte plastique, 1987) et Formantwort 1 / 2 / 3

 (Réponse formelle 1 / 2 / 3, 1989-90) sondent les limites des disciplines (image, relief, sculpture).

Franz Erhard Walther observe la variation de leur signification en fonction de la forme : éléments

regroupés à l’horizontal ou disséminés sur les murs. Il étudie leur rapport à l'espace et leur

objectité et, en de maintes variations, décline l'attribution des formes et des couleurs.

 

L'artiste porte finalement une attention approfondie sur le caractère pictural de l'espace à travers

le projet Raumabnahme BLAU (Hamburger Raum)  (Moule de pièce BLEU [Pièce hambourgeoise],

1997-98), reconstitution en tissu indigo de son atelier de Hambourg. Toujours adaptée au lieu

d'exposition, l'installation invite à découvrir son propre processus de création, rendu ici directement

visible.

 

Bien qu'elle ait constamment évolué au cours d'une carrière de plus de cinq décennies, la

conception de l'oeuvre chez Franz Erhard Walther n'en est pas moins restée intimement liée au

potentiel des « formes » créées. Ainsi, Walther partage le rôle « d'artiste » avec le spectateur ou

l'utilisateur de ses travaux. La place centrale qu'il accorde au processus révèle la nature ouverte et

inachevée de l'art tel qu'il l'appréhende – une conception par ailleurs formulée dans le titre de son

exposition au Museum of Modern Art de New York en 1969 : « The work can never be finished ».

 

Franz Erhard Walther est né en 1939, à Fulda, où il vit et travaille.

 

Exposition organisée en collaboration avec

 

The Franz Erhard Walther Foundation

 

Tarifs :

Adultes : 7 € / Jeunes < 26, groupes : 5 €

Horaires

Heures d’ouverture Mercredi-vendredi : 11h-20h Samedi-lundi : 11h-18h Jours fériés : 11h-18h Fermé le mardi.

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

MUDAM Mudam Luxembourg 3, Park Dräi Eechelen Luxembourg Luxembourg
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022