Frédéric Coché, Benjamin Nachtwey

La matière de la peinture
Exposition
Arts plastiques
Galerie La Ferronnerie Paris 11

 

Pour La matière de la peinture’, la galerie la Ferronnerie associe deux peintres dont le propos et la manière sont à la fois différents et complémentaires ; Frédéric Coché aborde à travers une série de portraits de ‘mères d’hommes de pouvoir et avec le tragique naufrage du Koursk un de ses thèmes de prédilection, l’épopée des humains, leur genèse et fin inéluctable, tandis que Benjamin Nachtwey documente les paysages de bords du Rhin, avec un traitement pictural fluide, léger, où les lueurs crépusculaires laissent deviner quelques traces de la civilisation urbaine et industrielle, à moins que le calme inquiétant de ses forêts noires ne soit troublé par l’irruption d’un pick-up, plus récemment, par l’ébauche de promeneurs immergés dans les feuillages..

 

Frederic Coché, Sept. 2011

 

‘Une biographie :

 X, fils d'un lieutenant général. X fut ministre de la guerre puis premier ministre jusqu'a la reddition de […].

Reconnu coupable dans l'organisation du massacre de 5 millions de civils en […] , il fut pendu le 23 décembre 194x. La généalogie se résume au métier du père et à un anonymat de la mère. Le portrait officiel est l’instrument d’affirmation du pouvoir contre l’oubli. Mais par là même entre l’idée de cette peur de l’oubli, de cette peur face au Moloch qu’est le temps. De l’impitoyable effacement de tout.  Le portrait est aussi un échange de regard. Portrait de l’absent face aux présents éternellement renouvelés.

 

Je me souviens du face à face entre des officiels en uniformes d’apparat, gênés par le regard de toutes ces mères,emplissant une salle de conférence, brandissant avec rage une photo de leurs fils disparus. Les caméras détaillent les photos : des visages de jeunes hommes en uniformes, presque des enfants. Des portraits rendus visibles mondialementpar l’effroyable disparition de ces marins, de leur terrible agonie au fond des noires profondeurs de l’arctique, dans leur sous-marin. Plus tard, ces photos: des photos qui viennent du monde des morts. Un appareil photographique d’un des marins

remonté avec les corps (un carnet de note sera également remonté). La pellicule ayant été partiellement endommagée par le séjour dans l’eau de mer, le développement révèlera de fantomatiques clichés, parfois rendus abstraits par les eaux abyssales.

De sombres visions revenues de l’au-delà.

Et parmi ces images de paysages, d’amis, de lieux, il y en a un presque intact, un portrait de mère’.

Adresse

Galerie La Ferronnerie 40 rue de la Folie Méricourt 75011 Paris 11 France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020