Fleurs de rocaille

Le GENEPI,

Groupement Étudiant National d’Enseignement aux Personnes Incarcérées, est une association de loi 1901 à but non lucratif, sans affiliation politique ou religieuse. Son objet est de « collaborer à l’effort public en faveur de la réinsertion sociale des personnes incarcérées par le développement de contacts entre les étudiants de l’enseignement supérieur et le monde pénitentiaire » (art. 3 des Statuts).

L'association Genepi a organisé de juin à novembre 2011 une exposition itinérante à Rennes, Poitiers, Montpellier, Marseille, Toulon, Bordeaux et à Clermont, échange pictural entre des artistes emprisonnés et des artistes libres. Ce projet a pour objectif de favoriser le droit à l'expression des personnes incarcérées, et notamment à l'expression artistique.
En effet, l’expression d’un prisonnier ou d'une prisonnière, quelle que soit sa forme, rencontre une foule d'obstacles : peu d’endroits, peu de temps, peu d’interlocuteurs, peu de considération, peu de moyens techniques. Les paroles ne s'envolent pas par-dessus les murs des prisons, elles restent bien souvent prisonnières. Le courrier est contrôlé, l'accès au téléphone est restreint, la connexion au web, interdite.
La création artistique est un espace d’expression privilégiée. Si elle est accompagnée et non dirigée, une oeuvre artistique, plastique ou littéraire, est toujours un puissant message. Des bénévoles du GENEPI, sans compétences artistiques reconnues, s’efforcent de participer à la création d’espaces de rencontre au sein duquel une parole pourra s’exprimer librement.
De ces échanges naissent des oeuvres. En ce sens, la création, l’objet fini, est déjà signe d’une parole qui s’est libérée. L’exposition Fleurs de rocaille est d’abord une prise au sérieux de la valeur de l’expression artistique en détention. Il n’y a pas un art « carcéral », il y a en prison, comme partout, un désir extrême de s’évader à travers la création artistique.
Pour initier une conversation de part et d’autre des murs, des artistes ont accepté de participer à un appel à création sur le thème « Déconstruction de la prison ». Déconstruire la prison, c’est interroger les fondements de l’institution carcérale, c’est remettre en question les idées, les images, les représentations habituelles d’un monde méconnu. Une prison ne se réduit pas à des barbelés, des barreaux et des murs vétustes. C’est un lieu de vie, un lieu d’où viennent des cris de désespoir et, parfois, quelques lueurs inattendues…
Loin des grands et beaux projets médiatisés, loin des prétentions académiques d’une culture institutionnelle, des hommes et des femmes à l’intérieur et l’extérieur des murs entament un dialogue, par l'intermédiaire de leurs productions artistiques.