(F)ESTIVALES

Cette année, les (F)estivales des Tanneries se consacrent à la restitution de la résidence d’auteur de Vincent Romagny, docteur en esthétique, éditeur et commissaire d’exposition, qui trouve, dans le contexte d’accueil et l’aide à l’écriture du centre d’art, les conditions pour prolonger ses recherches entamées depuis plusieurs années sur les playgrounds, et plus précisément les Aires de jeux d’artistes. Ce sera l’occasion de revenir avec lui sur le travail des Simonnet exposés aux Tanneries en automne 2022, mais également de présenter l’achèvement de l’œuvre de Joël Auxenfans, artiste aussi exposé en début de saison, et lauréat pour un aménagement paysager lié au développement du Lycée agricole Le Chesnoy dans le cadre du dispositif 1% artistique porté par la Région Centre-Val de Loire.

S’appuyant sur les caractéristiques fortes du centre d‘art à se déterminer comme une plateforme opérante – qu’elle soit de production et création, ou encore de mobilités (celles des œuvres, celles des artistes, et des publics) ou qu’elle soit plateforme de langages (artistiques ou curatoriaux ; liés à la médiation ou théoriques et scientifiques), le programme de résidence d’auteur, et d’aide à l’écriture vient incarner une fois encore l’identité artistique du projet des Tanneries qui le prédispose à être un espace de travail et de transformation tout orienté à saisir, à rendre intelligible, l’essence d’un contemporain en train de se faire, d’émerger et de se manifester, de se structurer et de s’établir, sous des formes plastiques et artistiques, mais aussi dans une approche de la pensée critique, esthétique ou historique de ces mêmes formes.

La volonté de se situer dans cette proximité forte avec ce temps du contemporain se traduit donc sous une forme double : celle d’associer l’approche du geste créateur à la pensée qui l’anime, le scrute et le discerne. Cette association se travaille alors dans une approche élargie allant du document de recherche à l’archive en passant par les écrits et les réflexions qui accompagnent l’artiste, le commissaire, le critique, l’historien, l’écrivain, l’auteur ou tout autre penseur de l’art.

Le centre d’art se détermine à l’aube de ce qui forme dispositif, un dispositif associé au processus de création (l’accompagnement des artistes en phase de conception, de faisabilité et de réalisation d’un « art-en-train-de-se-faire ») en étant le lieu d’une pensée de l’art à l’œuvre, au travail, via notamment cette résidence d’auteur, mais également à travers des temps de réflexion critique et esthétique ouverts au grand public (rencontres et conversations avec les artistes et les commissaires ; invitations faites à des critiques, des auteurs propices aux échanges et discussions). C’est dans ce contexte de fabrique des langages que s’inscrit la résidence d’auteur.

Le centre d’art met pour cela en place, depuis 5 années, des résidences d’écriture orientées sur des formes très ouvertes (romancée en 2018, chorégraphique en 2019, d’étude et de recherche (2021, 2022, et 2023). À travers cette résidence d’auteur, le centre d’art favorise donc les conditions d’émergence d’un intelligible de ce qui est, de ce qui fait contemporain, dans l’enjeu de la création, de son expression et de sa manifestation.

Les Tanneries se veulent ainsi plus que jamais lieu d’émergence d’une pensée plurielle de l’art à travers l’accompagnement des artistes et des auteurs et, dans ce cadre, elles vous proposent un après-midi rythmé par des rencontres et des conversations artistiques autour de la pensée construite de Vincent Romagny, dans l’univers des artistes-auteurs d’espaces de jeux qu’il invite dans plusieurs tables rondes. En écho à cette discussion, l’inauguration de l’exposition N.O.É : Nacelle Observant les Étoiles de Victor Cord’homme vous invite à embarquer dans « une arche », une ville flottante prête à lever l’ancre pour nous donner à explorer un nouveau monde. Cette dernière exposition de la saison artistique est, elle aussi, une sorte de playground traversé de machines exubérantes et colorées, inventives et autonomes, captant aussi bien les mouvements des visiteurs que les rayons du soleil pour s’activer, bourdonner et évoluer au fil du temps.