Fabrice Hyber

Habiter la forêt
Exposition
Arts plastiques
Galerie Nathalie Obadia Paris 04
Rosée, 2020, Huile et fusain sur toile, 220 x 300 cm

La Galerie Nathalie Obadia est heureuse d’accueillir la troisième exposition de l’artiste Fabrice Hyber, Habiter la forêt, après hyberDUBUFFET en 2017 qui investissait les deux galeries parisiennes.

L’artiste, qui a entrepris de semer depuis vingt ans 70 hectares de forêt à proximité de son atelier en Vendée, revient sur le thème de ce biotope omniprésent dans son travail, à la fois comme sujet, paradigme, utopie et projet de vie. À travers un ensemble de peintures et de céramiques récentes, Fabrice Hyber s’intéresse aux rapports entre forêt et ville, nature et civilisation, aux mutations qui surviennent de l’une à l’autre et inversement, à l’heure où le « retour au vert » sonne plus actuel que jamais.

Lauréat du Lion d’Or de la Biennale de Venise en 1997, Fabrice Hyber développe depuis 30 ans une œuvre à l’image d’un gigantesque rhizome, véritable système où pensée, activité protéiforme et expérimentation plastique fonctionnent en réseau, selon un principe de transformation et de prolifération perpétuels. « Mes tableaux, la plupart du temps, deviennent des projets. Des projets de recherches, des projets d’objets, ou encore des projets de nouveaux comportements. » L’œuvre picturale de Fabrice Hyber ne peut ainsi être dissociée des expériences et initiatives qu’il entreprend à l’instar de cette semaison sur les terres vendéennes : conçues comme des tableaux de bord ou des story boards, ses peintures permettent de faire le point, de digérer et assimiler les données et informations issues de ses recherches, témoins visuels d’une pensée en action qui dépasse le strict cadre de la toile.

La forêt est d’autant plus centrale dans la pratique de Fabrice Hyber et dans ses engagements que le principe de germination lui a très souvent servi de modèle de création et d’analogie. Nombre d’espèces, « d’hommes arbres », de végétaux, de champignons et de racines tentaculaires peuplent ce grand écosystème qu’est l’univers plastique de l’artiste, où il est avant tout question de circulation, de flux, de cycles naturels – le tout matérialisé par une esthétique de l’observation griffonnée, du croquis rapide, de l’intuition scientifique, non dénuée d’humour. Fabrice Hyber définit en effet son œuvre comme « les graines de champignon qui peuvent attendre des milliers d’années avant de germer et de se répandre selon des processus de prolifération incontrôlable ». Glissements sémantiques et linguistiques, vases communicants, connexions souterraines, ajout et réutilisation continuelle d’objets extérieurs procèdent de ce foisonnement organique et viral à l’image du mouvement de la vie, où la résine, servant de liant, apparait comme une sève. Rien de surprenant à ce que le « vert Hyber » soit devenu une véritable signature, empruntée avec malice aux écologistes : dans la palette de l’artiste volontairement joyeux et artificiel, il agit comme une substance unifiante et un programme en soi.

Aussi Fabrice Hyber s’approprie les enjeux climatiques avec une fantaisie débordante et inspirée qui nourrit un projet utopique, celui « d’habiter la forêt ». De la transformation microcosmique de la molécule devenant atome, à la mutation d’une nature vierge en civilisation, Fabrice Hyber axe ses recherches récentes autour du point de bascule. Selon l’idée que la ville est peut-être construite sur le modèle de la forêt, il tisse un parallèle générant de multiples déclinaisons thématiques et inventions visuelles dont regorgent son travail : « Les règles de survie de la forêt ont été remplacées par des règlements qui se transforment en répression. (...) Les tuyauteries d’une maison connectée aux réseaux de la ville s’apparentent aux branches ou aux racines mais aussi aux ruisseaux ou aux sources. » Intuitions artistiques et actions concrètes s’instruisent dans ce projet qui entend inspirer de nouveaux comportements : « Les flaques peuvent devenir des contenants, les écorces des éléments de confort, la clairière un jardin, la frondaison un toit. (...) Ces derniers mois, je me suis concentré sur ce changement de point de vue que j’ai déjà engagé il y a plus de 20 ans en semant une forêt, retrouver des gestes ou les réinventer. »

Contre un rapport conflictuel au monde et à l’image de son œuvre construite selon l’assimilation heureuse de mutations diverses, Fabrice Hyber défend une écologie positive et féconde, ouverte et propice au changement. Un enthousiasme qui transpire de chacune de ses œuvres et qu’il érige en règle de conduite : « Je pense qu’une réelle écologie est véritablement généreuse et non pas nostalgique et asséchée, pourquoi pas l’artifice d’une construction très sophistiquée, raffinée ? »

Adresse

Galerie Nathalie Obadia 18 rue du Bourg Tibourg 75004 Paris 04 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022