Exposition Good days quiet photographies de Robert Frank

En 1958, à Paris, les Éditions Robert Delpire publient, dans la collection « Encyclopédie essentielle », le livre de Robert Frank Les Américains. Un an plus tard, les Éditions GrovePress, à New York, publient The Americans avec une préface de Jack Kerouac. Ce livre marquera profondément l’histoire de l’art et sera l’un des ouvrages fondateurs de la modernité en photographie. D’origine suisse, Robert Frank est né en 1924 à Zurich ; il arrive à New York en 1947. C’est sur les conseils de Walker Evans que Frank conçoit son projet et obtient une bourse de la Guggenheim Foundation pour effectuer un long périple à travers les États-Unis durant les années 1955 et 1956.
» Je désire réaliser un document contemporain authentique, dont l’impact visuel soit tel qu’il se passe d’un quelconque commentaire « , écrivait Frank dans sa lettre de candidature.
Il sillonna le pays en voiture avec sa femme Mary et leurs deux enfants, Pablo et Andrea, traversant les grandes métropoles (Detroit, Chicago, Los Angeles, New York), ainsi que les endroits les plus reculés.
L’impact de ces photographies fut très contrasté : incompris, voire rejeté par la critique et le grand public, il reçut cependant dès leur parution l’hommage de ses pairs. La démarche de Frank était totalement novatrice, bouleversait les données du style photographique telles qu’elles étaient communément admises à cette époque. La subjectivité radicale de son regard et l’implication personnelle de l’artiste influencèrent bon nombre de photographes de ces quarante dernières années.

« Que Frank ait réagi à l’Amérique dans l’amertume souvent, l’espoir parfois et une intime fascination, cela se vérifie au simple vu des images qu’il a pris des gens, des bords de route, des enfers urbains et surtout des enfants, anges et démons. Frank fait preuve d’une ironie intense à l’égard d’une nation qui en manque absolument, montre un détachement d’adulte pour les couches de population plus ou moins infantiles qu’il rencontre. Rarement, dans un ensemble cohérent de photographies, se loge un art aussi vigoureux, aussi provocateur. » Walker Evans.

Texte paru dans le numéro de 1958 de US Camera Annual et destiné à présenter des photographies de Robert Frank.