Exposition FEITO

Imaginaire ardent
Exposition
Arts plastiques
Galerie Bertrand Trocmez Clermont-Ferrand
Titre 955 Acrylique sur toile format 162 x 130

Il fréquente l'École des beaux-arts de Madrid, où, en 1954, il est professeur de dessin et réalise sa première exposition particulière (gal. Bucholz), la seconde ayant lieu en 1955 (gal. Fernando Re). Muni d'une bourse, il vient à Paris en 1954 et expose en 1955 à la galerie Arnaud, qui, a montré régulièrement ses œuvres. Ses premières toiles font une place importante au graphisme, qui dessine en lignes claires sur des fonds plus sombres des sortes de plans évoquant architectures ou jardins. Très vite, cependant, Feito découvre la matière à laquelle il restera fidèle pendant de longues années, cette pâte épaisse, granuleuse, évoquant les terres calcinées de son pays ; elle est encore striée, incisée de minces graphismes, de lignes qui s'entrecroisent, mais qui disparaîtront peu à peu pour donner passage à la lumière en des contrastes accentués de zones claires et sombres. Peu à peu, les couleurs " naturelles " s'effaceront pour faire place presque uniquement au rouge et au noir. À partir de 1964-65, la couleur domine (Diptyque n° 563, 1966, Marseille, musée Cantini), notamment dans les grandes toiles présentées à la Biennale de Venise en 1968 : d'épaisses masses de teintes vives s'organisent en rythmes simples avec une sorte de force élémentaire et s'opposent souvent à de vastes aplats unis en des diptyques d'un caractère monumental (exposés galerie Arnaud, 1968). Le M. E. A. C. de Madrid a consacré une rétrospective à Feito en 1988. Ses œuvres des années 1980 confirment son intérêt pour la clarté géométrique des grandes touches colorées. Il est nommé en 1985 officier des Arts et des Lettres de France. Ses œuvres figurent dans les musées de Bilbao, de Cuenca, de Madrid (collection Juan March), de Marseille, d'Alexandrie, de Rome, de Montréal, de New York (Guggenheim Museum), de Houston, de Rio de Janeiro, de Paris (M. N. A. M. et M. A. M. de la Ville)

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Extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Complément d'information

La puissance lyrique de Luis Feito

Dans l’actualité dramatique toute récente, on apprend que Luis Feito  vient de mourir en février 2021 à Madrid du Covid 19. Cela renforce l’importance toute particulière de son exposition à la Galerie Bertrand Trocmez. Ce très bel accrochage d’œuvres d’un des maîtres de la peinture abstraite espagnole s’échelonne de 1956 à 1974. Il illustre sa découverte de l’automatisme et du matiérisme, sa conquête d’une grande clarté géométrique et sa mise en place d’une plénitude de la couleur.

Après ses études à Madrid à l’école supérieure des Beaux-Arts de San Fernando, Luis Feito fait un voyage initiatique à Paris en 1956 et découvre l’abstraction et la Nouvelle école de Paris. Il s’enthousiasme pour la matière des corps de Jean Fautrier, le lyrisme du dessin de Hans Hartung, la couleur des formes de Serge Poliakoff. Il reste en cela fidèle à ses amis du groupe madrilène El Paso : Antonio Saura, Raphael Canogar, Manuel Millares, Pablo Serrano... Dès 1957, à l’étroit sous la dictature franquiste, ces artistes revendiquent leur appartenance à un art informel espagnol en réponse à l’école de l’Expressionnisme Abstrait de New York.

Dans cette précieuse exposition, l’œil est tout de suite attiré par une série de gouaches en noir et blanc de 1961 et une grandiose huile sur toile rouge et noire où le peintre revendique pleinement l’autonomie et la matérialité du fait plastique. Feito n’est pas un peintre « à sujet » et pour rester fidèle à ce principe, ses œuvres n’ont pas de titres mais une simple numérotation. Pas de légende, pas d’aide à l’interprétation, seule la peinture a droit à l’existence. Il se dégage de ces gouaches malgré leur format réduit une puissance physique exceptionnelle qui rappelle celle de Franz Kline ou de Clifford Still. Le geste brutal s’incarne en une large marque anthracite qui, de manière horizontale, balaie violemment toute la surface. Les traces structurent la feuille en un réseau de vides et de pleins que la monochromie exaltée accentue. Devant la splendide toile aux dominantes rouges et noires, couverte d’une couche de peinture dense, on imagine un volcan flamboyant où terre et feu semblent fusionner. Si l’enduit est épais et gras, la couleur demeure délicate. L’insistance porte autant sur la rugosité et la franchise brute de la pâte que sur la subtilité des accords chromatiques. Comme chez Mark Rothko, on se laisse prendre par les qualités plastiques, on s’interroge sur le lyrisme tragique que ces noirs martèlent, on respire devant la lumière soudaine du rouge réconfortant. L’aspect primitif, la violence du mouvement, la matière palpable, l’éclatement écarlate, tout renforce la volonté d’évocation du sublime.

La texture même de la peinture avec son épiderme et son épaisseur est véritablement le facteur qui domine et entraine toutes les compositions. Ce traitement avantageux de la surface colorée semble conduit tour à tour par le plaisir de la spontanéité, par la fièvre créatrice autant que par une certaine sévérité dans les agencements. Cette riche utilisation du matériau donne une présence réelle à chacune des formes, de telle sorte que l’espace construit devient un espace existant dans le monde en trois dimensions. On pense à Nicolas de Staël quand il s’interrogeait : «  Est-ce qu’un tableau peut être taches et rien d’autres ? » Ici aussi les compressions des formes sont directes, les bordures ardentes, les crevasses et les jaillissements délectables, les accumulations, les assemblages heureux dans une apparence de facilité. Des plages unies s’étalent à côté de cette matière généreuse, pâte exubérante que la gestualité du dessin maitrise allégrement. Ce graphisme sensible se traduit dans d’épaisses lignes géométriques qui enserrent la couleur. Parfois une émulsion de sable se mélange à l’huile de lin pour donner encore plus de relief à certaines parties de la toile. La peau de la peinture, merveilleusement lisse ou accidentée, est pleine de richesse et de saveur.

Extrait de la préface du catalogue,Renaud Faroux

Horaires

Du mardi au samedi de 10 h à 12 h et de 15 h à 19 h

Tarifs

Entrée libre

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Galerie Bertrand Trocmez 11 rue Philippe Marcombes Clermont-Ferrand France

Comment s'y rendre

Parking Cathédrale, rue Saint Herem

Dernière mise à jour le 20 octobre 2021