Exposition collective Fiat Lux. Et la lumière fut

“Fiat lux, est facta et lux” (Que la lumière soit, et la lumière fut), première parole de Dieu, est à l’origine de la création de la lumière dans la cosmogonie biblique occidentale. Partant de cette ouverture, le commissaire et les artistes développent un petit parcours constitué de différents niveaux de langage et de différentes postures sur la lumière, ses origines, et les symboles qui y sont associés.
La proposition, portée par Julien Taïb, est le fruit des échanges, amitiés, et confiances mutuellement accordées par 10 artistes issus des arts contemporains numériques et dont le viatique aurait été “vivons heureux, vivons cachés” tout ce temps.
L’exposition offre un point de vue par étapes sur le principe de la naissance de la lumière, sur le fantasme d’une lumière originelle, l’histoire d’une révélation, de mutations fortuites, craintes, ou souhaitées. Les artistes conviés proposent d’étudier la lumière dans ses nombreuses dimensions, comme medium et comme sujet, pour relayer des réflexions sur notre rapport au monde contemporain: avènement des technologies numériques, pouvoir coercitif, inégalités sociales, crise environnementale, crise idéologique... L’espace du centre Tignous d’art contemporain est ainsi scindé en autant de moments clés de (re)naissance de la lumière, comme idéal esthétique, muse philosophique, vanité assumée, ou mise en exergue de notre part sombre.
Le parcours s’ouvre sur l’oeuvre de Félicie Estienne d’Orves, une diapositive éclairée à la bougie rappelant la flamme originelle et le mythe de Prométhée. La suite est agrémentée de propositions aussi diversifiées que symboliques : mise en lumière de données sur les inégalités H/F par le collectif IAKERI, immersion dans le Caustic Ballet de Joan Giner, proposition de séances de luminothérapie aux climatosceptiques par Martin Le Chevallier, vidéo-mappings de caméras de surveillances par Marie-Julie Bourgeois, ou encore une éclipse continuelle conçue par Barthélémy Antoine-Loeff qui rappelle le mythe de Râ et évoque l’angoisse face à la disparition du jour. Le tout sous le haut patronage du Pégatif et Nositif de François Morellet, figure tutélaire des arts cinétiques et optiques, considéré comme l’un des acteurs majeurs de l’abstraction géométrique et du minimalisme.
A l’image de l’installation in-situ d’Olivier Ratsi (La Chute d’Icare), qui s’empare de la dernière salle d’exposition en donnant à voir un gigantesque spectre lumineux décomposé construit en néons, Fiat Lux propose une décomposition des symboliques de la lumière qui survient comme une fêlure permettant, in fine, de mieux la laisser arriver jusqu’à nous.