Exposition Betty BUI

En juin 2010, Betty Bui écrivait : «En perdant les valeurs d’usage de la nature, le paysage est devenu, pour la plupart d’entre nous, objet de consommation au même titre que le voyage»1. Cette remarque peut-elle s’appliquer à un monument historique, à un château médiéval par exemple ? Le château des Adhémar a bel et bien perdu ses fonctions de place forte et de logis. Que visitons-nous alors ? L’exposition de Betty Bui, artiste qui s’intéresse beaucoup au contexte, permet quelques éléments de réponses. Depuis la cour jusqu’à la loggia, les oeuvres, dont certaines sont inédites, invitent à redécouvrir le château comme habitat et comme refuge. Ses propositions sont liées à la géographie du lieu, à son architecture et aux personnes qui l’utilisent. Ses sculptures sont des objets à expérimenter physiquement et mentalement, seul ou à plusieurs. Par exemple, le lit-livre, à moins que ce ne soit un livre-lit, est particulièrement à tester. Quant au bélier, inspiré des études de Vitruve, il se trouve enfermé, à vouloir forcer un passage vers l’extérieur. Ludiques et participatives, les oeuvres de Betty Bui offrent de nouveaux points de vue sur le lieu qui les accueille. Comme l’écrivait Léa Gauthier, critique d’art : «exposer c’est alors reconfigurer l’espace, reconstruire des liens, rendre possible de nouvelles interprétations du lieu»2. C’est ainsi que le château des Adhémar devient cabinet de psychanalyste, salon de plaisir, chambre de repos, lieu du non-lieu. Betty Bui transforme, le temps de son exposition, l’ancien palais en architecture utopique.