Etienne au carré

En partenariat avec le Cnap
Exposition
Design graphique
MABA Nogent-sur-Marne

Mets du rouge, mets du bleu
Mets du vert dans tes cheveux
La lumière c’est mieux
La lumière plein les yeux0

Etienne Robial est graphiste autant qu’il est éditeur1, collectionneur2, enseignant3, directeur artistique, ex libraire1, cofondateur du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême… Être un graphiste français qui ne fait pas d’affiche4 ou d’image et travaille pour la télévision5 et traite avec les mass médias6, être un designer qui ne s’est pas formé aux arts décoratifs mais aux beaux-arts puis à l’école des arts et métiers de Vevey suffirait à installer sa singularité. Prolongateurs des maîtres de l’avant-garde et pionnier comme eux, Robial est un compagnon de route du punk français7, et de l’émergence de la contre-culture8 dans le pays. Un parcours – est-ce un paradoxe – qui l’amène à déployer à l’échelle institutionnelle9 son souci du format aux proportions régies par les tracés régulateurs10, la mécanique des formes orthogonales et, composées en accords primaires, des couleurs qui en sont vraiment11, sa détestations des capitales accentuées12 qui dit son goût pour les alphabets qu’il crée ou qu’il exhume à l’envi13. Il faudrait ajouter la connaissance curieuse des techniques d’impression et d’affichage, le travail conjoint de la main et de l’œil qui amène rigueur et précision largement préférables à une perfection transie. Tout, sauf l’anecdotique. Préoccupé par ces considérations d’un monde abstrait qui n’appartiennent qu’à lui, le designer tient son rang de directeur artistique et s’attache à répondre aux problématiques très concrètes de ceux qui l’interrogent et lui passent commande en parfaite ignorance de la chose visuelle. En ressort un travail appliqué dans toute la noblesse du terme, en même temps qu’une écriture que la Maison d’Art Bernard Anthonioz entend explorer et exposer à la rentrée prochaine. Il faudra pour cela observer les effets d’un déplacement de ces objets dans les espaces sans certitude du centre d’art et la rétine du visiteur.

 

0 Christophe, « Plein les yeux », dans Émilie ou la petite sirène, paroles et musique Michel Berger, 1976

1 Florence Cestac et Robial rachètent la librairie Futuropolis en 1972. Elle deviendra en 1974 une exigeante maison d’édition de bande dessinée (Tardi, Baudoin, Swarte, Calvo, Slocombe, Chauzy…) revendue à Gallimard en 1988 avant que Robial ne la quitte en 1994. En 2012, ce sera L’Apocalypse avec Jean-Christophe Menu. Aujourd’hui, en impression Riso, 476 avec Maxime Barbier.

2 Citons les plaques émaillées (c’était avant) les livres de ses héros et les clubs du livre, les verres pressés, les caractères typographiques des confitures Hero à Lenzburg, les porte-mines ou les crayons de couleur.  

3 À Penninghen, l’école supérieure d’arts graphiques.

4 Les affiches des films d’Alain Resnais sont une exception notable.

5 Concepteur du générique des Enfants du rock, il devint directeur artistique de Canal + des débuts de la chaîne en 1984 jusqu’à 2008 tandis que son travail pour la chaine fera l’objet d’une acquisition par le CNAP en 2010. Inventeur du concept et du terme d’habillage pour la télévision, il est intervenu sur l’identité des chaines du groupe en France et à l’étranger aussi bien pour M6, La Sept ou RTL9.

6 Directeur artistique chez Filipacchi à ses débuts, on lui doit plus récemment la précédente formule des Inrockuptibles et l’actuelle de L’Équipe.

7 Après des débuts trop routiniers chez Barclay, celui qui n’écoute que du jazz signera des pochettes pour Starshooter, les Dogs ou Kent tandis que Futuropolis, éditera un délicat album de textes et de dessins d’Elli Medeiros préfacé par Loulou Picasso (membre du collectif Bazooka Productions dont les images astringentes sont partie intégrante de l’aventure Futuro).

8 Il faut parler ici du compagnonnage avec Métal Hurlant dont Robial signe le logo avant de concevoir les couvertures des romans de science-fiction et de littérature américaine édités par les Humanoïdes associés. Il faudrait encore évoquer le magazine (À Suivre) qui lui devait aussi sa formule.

9 Etienne est le point tangent entre le CNC, Unifrance, le PSG (il a lui-même évolué au sein du Harry Mickson Club), les éditions Denoël ou la Fédération française de Billard.

10 Lui qui sait que la croix du drapeau suisse d’apparence si carrée répond pour chacune de ses branches à des proportions de 6/7. Pour sa part, il a imperceptiblement décentré dans le coin supérieur droit le + du logo Canal en passant du 10/12 au 10/11.

11 Parlez-lui d’un rouge orangé : tant que la rose sera une fleur, l’orange restera un fruit, pas une couleur.

12 « Etienne » ou « étienne » mais pas « Étienne » : où et comment trouver la place sur une capitale romaine pour un accent inventé bien après elle ?

13 Au Futura de Renner répond désormais celui qu’il a dessiné pour Canal+.

14 Chez Futuropolis on imprimait en noir et blanc : comprenez que, selon ce qui convient le mieux au trait de l’auteur, le Centaure ivoire d’Arjomari était encré d’un noir plus ou moins soutenu de bleu ou de rouge. Chez Canal+, on travaillait au pixel près mais les titres restaient assemblés à la main à partir d’alphabets imprimés à l’avance afin de tenir à bonne distance les facilités trompeuses de la PAO.

Tarifs :

Entrée libre

Artistes

Adresse

MABA Centre d'art contemporain 16 rue Charles VII 94130 Nogent-sur-Marne France

Comment s'y rendre

À l'occasion du vernissage, une navette gratuite est mise en place : départ de la navette depuis Paris, Place de la Nation à 18h et retour depuis la MABA à 20h30. Sur réservation : maba@fondationdesartistes.fr / RER A : Nogent-sur-Marne puis bus 114 ou 210 - Arrêt Sous-Préfecture / RER E : Nogent-Le Perreux puis direction Tribunal d’instance / Métro ligne 1 : Château de Vincennes puis bus 114 ou 210 - Arrêt Sous-Préfecture
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022