Eternal Echoes #1

Alexandre DUFAYE
Exposition
Photographie
Galerie Catherine Issert Saint-Paul de Vence
Alexandre DUFAYE, Eternal Echoes #1, 2024, Photographie - Encre pigmentaire ultrachromes HDR Tirage réalisé sur papier Hahnemuhle Photo Rag Ultrasmooth 305g Contrecollage sur Dibond, baguette blanc museum, 146,7 x 110 cm

Eternal Echoes #1

Si « un grain de sable contient toute la nature et toute la mer » alors une goutte de sang contient toute l’histoire et toute la vie. Tout a commencé par un rêve dont l’écho résonne comme une injonction mais la question qui suit est quoi en faire ? l’accomplissement formel commence par un prélèvement sanguin volontaire et répété de l’artiste de son propre sang dont le contenu est disposé dans une boîte de Petri circulaire en verre. Puis, suit l’observation de la lente maturation du sang rouge vif jusqu’à sa minéralisation.

Le sang séché devient noir profond. Le fluide contenu en distribution régulière et uniforme, à l’épaisseur constante, symbole de vie et d’énergie, se matérialise sous l’effet de l’entropie en paillettes noir carbone, pouvant d’un souffle s’ordonner en une nouvelle composition.

Comme une offrande, cette boîte de verre semble contenir tout un astre et les autres. Elle symbolise à elle seule le tracé de la vie qui ne pouvait se faire sans la lumière, de celle qui transforma les particules en matière. La minéralisation du sang, et l’ADN qu’il contient, renvoie à la constitution des étoiles et nous relie à notre perspective cosmique. Pourtant, le point de départ pour Alexandre Dufaye est l’intériorisation de son histoire personnelle et la question de la transmission, d’un corps à un autre, d’une âme à une autre. L’expérience de l’épreuve intime, celle de l’hérédité ou de l’atavisme comme de l’héritage familial procède d’un réassemblage, une manière singulière de poser la question de l’identité. Bien des artistes ont travaillé littéralement avec leur sang, dans une dimension qui exprime le profane et le sacré, Eternal Echoes #1, qui comme s’en étonne l’artiste en observant son sang « c’est moi ! », a une saveur spirituelle.

La fascination que génère le processus utilisé par l’artiste procure un certain envoûtement. Il transcende dans un jeu d’échelles à la fois son sujet – de la prise de vue à la dimension du tirage – mais également les marges de la photographie. Car si le sujet est accessible à tous, nous sortons de la dimension photographique et accédons à une compréhension de l’image pourtant non narrative, c’est cela qui captive. Le processus a requis une patience intense pour devenir une expérience performancielle et ainsi celle du temps. Il requiert la patience du spectateur pour entrer avec lenteur dans la composition synthétique des images et y faire ses propres découvertes.
Le grand silence qui émane des photographies fait soudain entendre les battements de notre cœur et son mouvement perpétuel ou presque, du moins jusqu’à notre disparition physiologique. Eternal Echoes #1
est un choix de trois séquences et fonctionne comme une portée musicale synchronisant et harmonisantles différents mouvements de couleurs : les rouges, les noirs et le prisme lumineux, ce dernier telle une évocation du fond diffus de l’univers.
Le rouge renvoie aux traces pariétales de l’ère paléontologique des mains en négatif pulvérisées de pigments rouges. Le vif de la vie qui laisse son empreinte à l’éternité et à l’humanité.

Le noir, dans un travail de superposition, de profondeur et de sédimentation, nous ramène à la beauté de la transformation. C’est, dit AlexandreDufaye « une opération de transition de notre complexité et fragilité vers le mystérieux, comme un récit de l’humain et de notre essence qui se fond dans l’univers (…) il s’agit de repousser les frontières de la perception et de suggérer la puissance de l’acte artistique». Cette série renvoie à une dimension démiurgique car l’artiste transforme un rêve prémonitoire en ouvrage. Il nous renvoie également à nos propres rêves et nous pose la question : mais qu’en faisons-nous ? « Parfois quelque chose, parfois rien » dit-il. L’artiste ici en fait un acte de création dont la représentation, dans un geste de répétition et de fragmentation, réassemble une forme d’exploration de différentes manières de voir et de transmettre.

Nathalie AMAE –  Curator Savage Collective

Artistes

Horaires

Vernissage samedi 17 février à 18h 

Adresse

Galerie Catherine Issert 2 route des Serres 06570 Saint-Paul de Vence France
Dernière mise à jour le 15 février 2024