Erik DIETMAN : Rrose rousse c'est la mort rose

Exposition
Arts plastiques
Galerie José Martinez - 69001 Lyon

À Venise il fume un cigare à la fenêtre de son hôtel au bord du Grand Canal. Il dépose un bloc de cendre sur le rebord de la fenêtre, le sculpte minutieusement, longuement, jusqu’à ce que, bientôt, un coup de vent l’emporte. Michel Nuridsany - In Éloge de l’Envie - Château de Tanlay 2001

Complément d'information

Texte d'olivier KAEPPELIN :

Pour Claudine et Erik et leur Tour Rose

Olle Granath raconte qu’Erik Dietman quittant Malmö a souhaité, en pied de nez, qu’une plaque soit apposée sur la façade de sa maison : « Ici vécut, avec force amour de la vie, de 1955 à 1958, Erik Dietman. Il n’a jamais payé son loyer ».



Erik Dietman n’avait pas le goût des loyers parce que chaque jour, à vrai dire, il était en voyage par amour de la vie. Aller le voir, avec Claudine, sa compagne, était prendre la route ensemble pour un moment. Etre avec lui c’est, comme aujourd’hui, être avec ses oeuvres : être là et très loin en même temps, toujours prêt à s’échapper.



En fait son amour de la vie se disait aussi amour de l’art ou encore plus précisément DEP.ART ainsi qu’il intitula une période de son travail, où la dépression, la mélancolie favorisaient la rupture, l’ouverture vers de nouveaux territoires, de nouveaux campements. Etre avec une sculpture, un dessin d’Erik Dietman, parler avec lui, attablé ou marchant, ont été, sans cesse, un tour joué à l’immobilisme ou à tout ce qui se résume en un mot. Il n’y a pas, chez lui, de résumé mais une infinité de vies possibles, de vies nouvelles, sombres ou claires d’un rire moqueur ou encore ivre d’air et d’odeurs. A ce sujet Outil O’Tool, un de ses compagnons de fiction, écrit : « Il m’arrive parfois de regretter les moineaux. C’est que j’éprouve pour eux une certaine amitié. Il y a toujours plus loin d’un tas de crottin à l’autre, il fait toujours plus froid ici bas, parmi ces gaz qui n’ont nullement pour origine une lampée de fourrage convenablement ruminée. Mais, juste maintenant je suis content, pour ne pas dire un peu grisé par les effluves qui m’envahissent. »



Ces effluves nous les sentons et, bien après notre mort, d’autres les sentiront dans l’esprit et les oeuvres d’Erik Dietman, dans son eau de vie, dans cette nourriture mentale qu’il propose, avec un grand rire, entre « astronomie et pâtisserie ». J’étais avec lui en Corée dans la ville de son ami Shin Moon Seup. Il y fit une sculpture de « départ », composée d’une plate-forme face à la mer où une chaise brisée, courbe et contre courbe, laisse s’envoler une présence vers le ciel. Des deux chaises, d’un côté, il n’en reste plus qu’une, de l’autre, solitaire ...



Asseyons-nous, chacun peut voir, sur la mer, l’esprit inquiet, libre et danseur d’Erik avec celui d’autres de ses amis artistes qu’il aimait citer : Eric Satie, Marcel Duchamp, Raymond Roussel, Salvador Dali et peut-être un peu à l’écart, celui d’Arthur Cravan, géant qui disparut dans le golf du Mexique sur une frêle embarcation.



Cette embarcation Erik Dietman nous la fit souvent prendre à Lyon où un de ses rêves aurait pu s’appeler la Tour rose, phallique, féminine, délicieuse et tendre ou bien ailleurs dans des lieux moins protégés, dans une de ses sculptures de verre où grâce à lui le mort revenait à la vie, terriblement présent et avec le courage d’être ce qu’il est, un artiste, une part de l’art (de lard) : un humoristique et magnifique « réveillé » prêt à tout essayer.



Paris le 18 Novembre 2002

Artistes

Adresse

Galerie José Martinez - 69001 28, rue Burdeau 69001 Lyon France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022