Entre les lignes

Pour cette exposition Daphné Boussion présente un ensemble d’images hétérogènes, comme à son habitude, numérique côtoie argentique et différents types d’impressions et supports sont soigneusement agencés.

Ces juxtapositions et choix techniques précis sont au service de son propos visant à interroger la capacité d’une image à être objective. À ses yeux toute image est subjective, même quand elle est vraie et elle choisit donc différents moyens de laisser les siennes les plus ouvertes possible, pour que les regardeurs se les approprient. Elle ne cherche en rien à informer, guider, décrire mais au contraire invite à se jouer des images et des mots.

Ainsi Entre les lignes, comme ce qui n’est pas dit, ce qui n’est pas clairement énoncé, ce qui est ouvert à l’interprétation. Et comme ce qui ne suit pas un chemin tracé, la norme; comme décalé, non conforme ou plutôt à côté, ailleurs, pas tout à fait là, difficile à cerner...
Aussi comme non aligné, non coordonné, peut-être a priori désorganisé. Comme un no man’s land littéral ou figuré : les espaces vides ou vidés qu’elle enregistre.

Entre les lignes comme l’espace, celui présent dans les images et entre elles. Aussi de manière plus directe, comme les lignes présentes dans ses photographies. Celles des vues aériennes, nombreuses dans cette exposition et d’autres lignes, géologiques, graphiques; frontières réelles ou imaginaires. Des références invisibles, volontairement non énoncées, souvent littéraires, mais pas seulement. Suivre ou ne pas suivre la ligne, discrètement en marge, entre le clair et le flou, Entre les lignes propose de ne pas choisir.

Et puis aujourd’hui en ligne c’est aussi ce qui est virtuel, sur la toile, ailleurs encore, alors Entre les lignes, ce serait une exposition de photographies concrètes, imprimées, brutes, esquissées ou effacées. Même si elles sont souvent abstraites, ces images aux moults supports, qui parfois les rendent même intangibles (impressions sur verre ou métal), ces images, sont réelles et difficiles à documenter, alors cette exposition est l’occasion de s’y confronter, de les rencontrer.