This is THE END

Simon Boudvin et Vincent Ganivet, Guillaume Constantin, John Cornu, Vincent Mauger
Exposition
Arts plastiques
Le Parvis Ibos

Vue générale de l'exposition : au premier plan Vincent Mauger, Sans titre, 2012.

Voilà c’est fini ! Après quatre décennies de bons et loyaux services Le Parvis, cet anti white cube né dans la

fièvre des années 70 et implanté dans un supermarché, s’apprête à disparaître pour renaître de ses cendres un

peu plus loin, un peu plus tard selon de nouvelles dispositions. Dans l’attente de la réouverture (novembre 2013)

c’est une période de pleine mutation qui attend le centre d’art, avec notamment l’ouverture prochaine du

chantier de démolition du lieu.

This is the end !, dont le titre annonce bien ce qu’il est censé représenter, est donc la toute dernière exposition

du Parvis dans ses murs. Elle réunit 5 artistes autour de la future disparition du lieu.

Si la figure du chantier est une source d’inspiration pour l’exposition et un inépuisable répertoire de formes,

de techniques et de matériaux pour les artistes, c’est avant tout la confrontation des oeuvres à l’espace , au

contexte de sa disparition et à l’apparition de sa mémoire cachée qui guide le projet. Ainsi, plutôt que de

réagir à une situation donnée, les artistes vont apporter encore plus de sens au lieu ou, comme le dirait Jean-

Marc Huitorel, apporter du contexte au contexte. Ici donc, en marge de la question du chantier, les artistes

vont s’attacher à révéler les fêlures et les forces du lieu, sa mémoire et ses ambivalences entre destruction et

construction, entre vie et mort. Toutes les oeuvres de l’exposition seront créées in situ. Elles fusionneront si bien

avec l’espace et son futur qu’elles disparaîtront également au moment où le centre d’art sera détruit. Ainsi, la

réalité de l’oeuvre n’adviendra qu’à l’instant de sa propre destruction.

On raconte qu’il y a quelques années, un ministre de la culture satisfait de sa visite au Parvis a apposé sa

signature sur un des murs du centre d’art. Soucieux de conserver l’illustre griffe, le directeur de l’époque aurait

alors décidé de la protéger en l’escamotant derrière une cimaise factice. Les oeuvres de John Cornu instaurent

une relation forte avec l’espace qui les informe. Elles interagissent avec leurs alentours et affichent outre

un mélange complexe de romantisme et de modernisme, avec tout ce que cela comporte de ruine et de

destruction, une relation instable avec la réalité et la fiction. Inspiré par cette anecdote légendaire, John Cornu

propose une mise au jour de ce supposé paraphe, mais soumet sa participation à l’exposition à la seule réalité

du graffiti.

La présence fantôme de cet épitaphe évoque également le travail de Guillaume Constantin pour qui la fin

physique du lieu rappelle les « Everyday ghosts », cette série d’images qu’il a commencée en 2008 et qui se

concentre sur des situations imperceptibles du quotidien qu’il fige par la photographie ou par une mise en vue

détachée du contexte originel. Ainsi, en dévoilant les espaces cachés du centre d’art, l’artiste entend manipuler

la mémoire en péril du lieu.

Des oeuvres vont littéralement incarner le contexte qui les a produites. L’abandon et l’oubli, la réaffectation, le

démantèlement et la mutation, bref l’évocation de la très prochaine destruction du centre d’art sont autant de

matières à créer. Simon Boudvin s’intéresse essentiellement aux restaurations, reconversions, mutations et autres

anomalies architecturales. L’artiste met en lumière l’envers du décor et révèle la part cachée des choses. Ses

oeuvres sont des constructions singulières qui revendiquent une esthétique de la ruine, à l’image de Rebuilt,

2008, une cimaise construite, démolie puis reconstruite avec Vincent Ganivet, à son emplacement original.

Pour l’exposition, Simon Boudvin s’est passionné pour les archives photos du Parvis qui témoignent de la vie artistique

foisonnante du lieu depuis les années 70. Gageons que l’artiste saura ouvrir une faille spatio-temporelle

dans le centre d’art en remettant au goût du jour les inventions et muséographies d’une autre époque.

Quant à Vincent Mauger, on le sait amateur de matériaux de construction ordinaires (brique, bois, papier) et

de formes organiques monumentales. L’artiste qui cherche à rapprocher ou mettre en avant des similitudes

entre les systèmes vivants et ceux de construction, crée des oeuvres extrêmement séduisantes.

Néanmoins, selon le critique d’art Gaël Charbau, ses pièces parlent avant tout de l’absence de lois et de

règles manifestant ainsi une volonté farouche d’échapper à toute tentative de représentation. Au Parvis, alors

qu’il utilise une multitude d’étagères et de cornières métalliques type rack de supermarché pour créer un

volume graphique très impressionnant, l’implication physique de l’artiste et la nécessité qu’il ressent à y projeter

son corps sont telles qu’elles ramènent sa pièce à une pure tradition de la sculpture.

Avec cette dernière exposition This is the end ! Le Parvis est donc livré à l’imagination des artistes qui vont inventer,

découvrir, démonter, reconstruire et détruire le centre d’art jusqu’à ce que mort s’en suive !

Commissaires d'exposition

Adresse

Le Parvis Centre commercial Méridien - 1er étage Route de Pau 65421 Ibos France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020