En quoi demain sera fait ?

Exclus du passé et de l’avenir, ces moitiés de temps, ici comme là-bas nous en sommes tous à un point mort, également déchus de cette naïveté où s’élaborent les divagations du futur. À la longue, la vie sans utopie devient irrespirable. Sous peine de se pétrifier, il faut au monde un délire neuf.
Patrick Deval in Un Monde transparent pour le futur : Acéphale, 1968

Arnaud Maguet, Olivier Millagou et Pascal Pinaud proposent une réflexion à six mains et trois cerveaux sur l’incertitude des lendemains qui chantent et l’éventualité hasardeuse de la bonne fortune, sur la matériologie qui macule les ongles et crotte les bottes, sur les devoirs faits de mémoire et les contingences de la collaboration, sur les victoires passées et les défaites à venir.
On y trouvera si l’on s’y presse des manières de moulins à prières échappés du stock d’une usine de confection liquidées (derniers maigres espoirs ésotérique des ouvrières) ; des coquilles vides et désynchronisées qui entonnent les airs répétitifs de cérémonies d’époques passées, certaines du temps des peaux et du bois, d’autres du métal et de l’électricité ; un chemin de terre foulé par des pas alourdis d’une charge invisible, empreintes d’un effort figé, fossiles d’une histoire de peine perdue. Il y aura enfin un disque qui narrera encore, plus tard et ailleurs, cette aventure collective à ceux qui l’on vécu et aux autres qui ne l’ayant jamais connu, ne peuvent l’oublier.
De façon manifeste, cette longue marche de la Côte d’Azur jusqu’à St-Étienne aura laissé des stigmates dans la matière, sur les corps et les esprits – à chacun son exotisme.
A.M. (2013)